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« Quelque chose qui est novel food ne peut qu’éveiller les soupçons »

« Quelque chose qui est novel food ne peut qu’éveiller les soupçons »

Que pensez-vous de ce règlement ?

Pour moi, c’est un vrai scandale. On refait ce qui avait été fait sous Pétain avec l’interdiction du métier d’herboriste en 1942. Avec les novel food, c’est pareil, c’est une tromperie pour le consommateur. Ce règlement a été introduit parce que de grandes multinationales veulent se rendre propriétaires des plantes. De plus, les produits naturels qui sont autorisés n’ont souvent rien de nouveau ! C’est l’inverse : ce sont nos molécules isolées et nos médicaments qui sont nouveaux ! Un exemple : le germanium et le sélénium sont de très bons antioxydants, mais ce sont des molécules isolées pour lesquelles nous n’avons que cent ans de recul, pas plus. Rien à voir avec ce que nous appelons le totum, c’est-à-dire l’ensemble de la plante, qui fait bénéficier de toute sa synergie naturelle. Les novel food sont une véritable poubelle où se mêlent des aliments, des plantes, des molécules extraites, des OGM…

Vous ne cherchez donc pas à faire ce type de demandes d’autorisation pour vos produits ?

Nous nous y opposons formellement. D’abord il faut être citoyen et ne pas se soumettre à un règlement qui sert principalement des lobbies. Ensuite, cela revient, comme pour le stévia, à mettre un produit dans une nomenclature qui ne lui correspond pas. Pour le jus de noni, il ne fallait pas le demander ! Pour moi, quelque chose qui est novel food ne peut qu’éveiller les soupçons. Au contraire de ça, je me bats depuis des années avec d’autres pour que soient reconnus les super-aliments, que j’appelle aussi des aliments plus. Là, ce serait être clair avec le consommateur, qui, aujourd’hui ne peut plus rien comprendre. Les produits qui sont véritablement bénéfiques n’ont pas le droit d’afficher leurs vertus, ici nous renvoyons donc les clients vers notre site internet, où tout est expliqué…

Ce règlement est-il contraignant pour ceux qui ne le suivent pas, et qui vendent des produits qui auraient pu faire l’objet d’une autorisation ?

Non, c’est tellement compliqué et opaque… Les procédures durent un temps fou. Je pense même que tout le monde est convaincu de cette aberration. D’ailleurs nous espérons que les choses vont évoluer. De nombreux produits ont été introduits par nous dans les années 1980. Exemple : le warana, que j’ai mis sur le marché en 1987, déjà après avoir rempli une quarantaine de pages pour l’administration. L’urucum, lui, est connu en Europe depuis le XIXe siècle ! Pour ces produits, le problème ne se pose pas. Les autres ne rentrent pas dans la catégorie des novel food et encore une fois s’ils pouvaient y entrer, nous nous y opposerions. Certaines sociétés contournent le problème en vendant leurs plantes sous la dénomination de cosmétiques naturels, mais il s’agit selon moi d’une autre forme de fraude, en tout cas d’une autre tromperie pour les consommateurs. Il reste enfin certains produits pour lesquels des boutiques sont verbalisées et sommées de retirer leur stock. La DGCCRF cherche le stévia, par exemple, nous le savons… Ce produit, que nous voulions voir reconnu comme plante au pouvoir sucrant n’a pas été autorisé en tant que tel. Ce qui est vendu en magasin, c’est du rébaudioside A* donc seulement une partie de la plante, injustement appelée stévia.  

* Autorisé par un arrêté en 2009 en vertu du règlement n° 1333 du Parlement européen sur les additifs alimentaires (2008).

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