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Mer de plastique : des dangers bien vivants

Mer de plastique : des dangers bien vivants

On estime qu’entre 200 et 400 milliards de tonnes de plastique circulent autour du monde. Or un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement signale la responsabilité de ces déchets sur la mortalité de plus de 267 espèces, de la microfaune océanique aux grands mammifères. Par étranglement, ingestion accidentelle de morceaux, gêne de mouvements migratoires... Une multitude d’animaux marins subissent cette invasion. À l’instar des 28 000 petits canards en plastique libérés en 1992 par un cargo qui voyageait de Hong Kong aux États-Unis, certains de ces déchets correspondent à des pertes des cargos ou des bateaux de pêche récréative. Mais 80 % viennent des continents : bouteilles, sacs, récipients ou briquets abandonnés près des côtes et alimentant cette soupe de déchets. La corrélation est marquée entre densité de population côtière et volume de résidus. Et les chercheurs rapportent des découvertes farfelues dans leurs campagnes maritimes : lits, portes, réfrigérateurs et même conteneurs entiers.

Intox dans la chaîne alimentaire

« Ces matériaux ne sont pas biodégradables », rappelle Svenja Mintenig, une chercheuse de l’Institut Alfred Wegener (Allemagne), qui les a étudiés dans la mer du Nord. Ceci explique pourquoi les petits canards voyagent intacts depuis plus d’une vingtaine d’années... Mais avec le temps, certains objets finissent par se photodégrader à cause de la lumière, créant des micro plastiques. Or « plus les fragments sont petits, plus ces débris sont facilement pris pour de la nourriture par des micro organismes comme le zooplancton », explique la chercheuse. « Certains animaux sont adaptés à l’ingestion de bouts de sable, mais pas de plastique, qui provoque des irritations de leur tractus digestif ». Les animaux plus volumineux comme les poissons n’ont pas la vie plus facile : « ceux qui mangent des bouts plus grandsont des problèmes de blocage intestinal ».

Difficile d’établir des chiffres sur le taux de plastique qu’ils transportent. « Le principal problème est celui des substances chimiques absorbées, pour les- quelles on n’a pas encore de données précises », signale-t-elle. Alors que ces substances rentrent dans la chaîne alimentaire, leurs effets sur la santé humaine deviennent une préoccupation légitime. Côté solutions, une équipe sud-coréenne d’architectes a dessiné le Seawer, un « gratteciel » marin géant qui patrouillerait les océans en drainant en spirale les déchets plastiques pour les recycler sur place et produire de l’énergie au passage.

Une machine à nettoyer les océans ?

Autre solution qui fait parler d’elle depuis juin 2014 : les bouées du jeune Néerlandais Boyan Slat et de son Ocean Cleanup Foundation. Installées dans les gyres océaniques, gigantesques tourbillons d’eau formés d’un ensemble de courants marins où la pollution plastique est concentrée, elles capteraient et ramèneraient passivement les déchets vers une plate-forme qui les recyclerait, tout en permettant à la faune marine d’y échapper.

Les ONG tendent pourtant à se méfier de ce type de concepts, prônant plutôt des solutions à la racine du problème : Life Out Of Plastic propose des matériaux alternatifs pour les objets de tous les jours. Plastic Pollution Coalition et Greenpeace s’adressent aux producteurs et demandent aux gouvernements d’installer des protocoles de retour de récipients comme en Allemagne, où le consommateur récupère une petite partie du prix d’achat au retour de sa bouteille en supermarché. Cela ferait quelques récipients en moins flottant sur l’océan comme des croûtons dans la soupe. Une soupe dont on ne voit en réalité que le quart à la surface des eaux...

 

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