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La philothérapie pour sortir des souffrances affectives

La philothérapie pour sortir des souffrances affectives

En couple avec Mathias, Léa se sent prisonnière d’une relation destructrice, malgré leur amour. Avec cette impression de répéter à l’infini le même scénario, quel que soit son partenaire. Elle rêve d’une relation apaisée, confiante, pourtant elle fait tout pour parvenir au contraire : jalouse et possessive à l’extrême, elle envenime chaque discussion intime du couple… et obtient ce qu’elle craint : le repli de Mathias, de plus en plus renfermé et lointain. Tel est le genre de problématique que se propose d’accompagner la philothérapie. Car cette approche fondée sur la sagesse et les grilles de lecture des philosophes ne se cantonne pas au plan intellectuel. Elle délivre des pistes pratiques pour vivre mieux, sur tous les plans.

Un penseur si contemporain

C’est à la conception de l’homme et du monde selon Spinoza, le célèbre philosophe néerlandais, que fait appel Cécile Balligand, philothérapeute et licenciée en philosophie, lors de ses consultations de philothérapie 1. « Il a vécu au XVIIe siècle, mais c’est un précurseur de génie ! Toute sa philosophie est fondée sur une conception où corps et esprit sont unis au sein de la Nature. Ce qui se passe dans notre corps se passe simultanément dans notre esprit ; un phénomène physique a son pendant mental, psychologique, affectif. Une vision confirmée par les découvertes les plus récentes en neurobiologie. Tout travail sur soi se doit donc d’intervenir sur les deux plans », partage Cécile Balligand.

Cette dernière rappelle au passage que nombre de pratiques psychothérapeutiques ont des sources dans la philosophie, notamment celle de Spinoza 2.

Nous sommes des êtres d’affects

L’un des piliers de la pensée de Baruch Spinoza est que nous sommes des êtres affectifs, mus par des sentiments tels que l’amour, la haine, l’orgueil ou la jalousie. Dès lors, la philothérapie, ainsi que la pratique Cécile Balligand, propose de remettre de l’ordre dans la vie affective au sens large, pour passer de la tristesse à la joie. De la passivité à l’action juste. De la confusion à la connaissance. De la dépendance à la reprise en main de sa vie. « La clé est de comprendre : pourquoi on choisit tel ou tel partenaire, pourquoi on ressent telle ou telle chose, on entretient telle ou telle idée… Comprendre sa tristesse, c’est savoir comment en sortir. Comprendre sa joie, c’est savoir comment la garder et la faire grandir », précise la philothérapeute.

La philosophie permet de prendre de la hauteur, de sortir de sa bulle égocentrique et de mettre en perspective les événements dans un ensemble plus vaste.

Pour expliquer comment elle opère concrètement, revenons au cas de Léa, qui souffre de la relation toxique avec son compa­gnon.

L’écueil est bien souvent d’accuser systématiquement le comportement de l’autre pour justifier et entretenir son propre mode de fonctionnement. D’où une spirale sans fin. « S’il n’était pas aussi secret, j’aurais moins de craintes », dit Léa ; ce à quoi Mathias répond : « Si Léa était plus confiante, je ne me barricaderais pas autant »

Renouer avec sa propre puissance

Dans le travail de philothérapie, Cécile Balligand, s’appuyant sur Spinoza, propose un « renversement : il faut casser cet engrenage. Une chose – une personne, une fixation, un travail, un objet… – est désirable parce que je la désire. Dès lors, la philothérapie ne met pas l’accent sur l’objet, mais bien sûr le sujet ». En séance, on revient donc sur le sujet et ses désirables, eux-mêmes influencés par le modèle familial ou social.

En cas de tristesse persistante – qui peut être signe que l’on se trompe de voie, il s’agit de réaliser si l’on s’est trompé ou pas de désirable (dans le cas de Léa, de partenaire)… En séance, la philothérapie invite à repérer le processus : pourquoi, où, quand, comment, mon désir s’est-il fixé sur tel partenaire, tel métier, telle façon de vivre ? Alors, plutôt que de dépendre ou de faire porter la faute à l’extérieur, on revient à soi. « L’enjeu est de renouer avec sa propre puissance, pour ensuite poser des actes concrets et aller vers les choses qui nous conviennent. »

Du concret

Ce mécanisme de réappropriation de soi peut être encore accru en agissant de manière complémentaire sur le plan corporel : sport, relaxation, respiration consciente, marche en pleine nature… À l’issue d’une séance de philothérapie, la personne venue consulter repart avec des moyens pour vivre mieux.

Et cela peut passer par du très concret. Ainsi, par exemple, Léa pourra-t-elle tester le truc de la médaille, suggéré par Cécile Balligand, pour contrer son comportement destructeur : à chaque fois qu’elle sent la jalousie bouillonner, elle est invitée à retourner symboliquement la médaille et revenir à ce qu’elle désire profondément : vivre une relation apaisée. De quoi couper l’herbe sous le pied au mécanisme habituel.

Après chaque consultation, Cécile Balligand réalise un rapport détaillé (envoyé dans les 8 à 10 jours) qui remet de l’ordre, par thématique, dans ce qui a été dit en séance et distille des pistes pour avancer entre deux rendez-vous. Et ainsi permettre à la personne de se prendre en main. 

 

1. Cécile Balligand, consultations de philothérapie. Thérapie brève, généralement de 4 à 10 séances (1 h 30 par séance), suivies d’un rapport de consultation. Séances à Arlon, aux confins de la Belgique, de la France et du Luxembourg, et à Bruxelles.

2. « Spinoza et la psychanalyse », sous la direction d’André Martins et Pascal Sévérac. Éd. Hermann, 2012.

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