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La césarienne, un progrès devenu dangereux

La césarienne, un progrès  devenu dangereux

Rendons à César ce qui est à César, depuis qu’elle est maîtrisée, la césarienne sauve d’innombrables femmes et enfants lorsque l’accouchement par la voie naturelle se révèle impossible, du fait, entre autres, d’un bassin trop étroit, d’une mauvaise position du fœtus, d’un placenta praevia, d’une pathologie maternelle, d’une grossesse multiple…

L’OMS établit un taux optimal de césariennes entre 5 et 15 %. Au-delà de 15 %, le recours à cette pratique est jugé abusif et aurait plus de conséquences négatives que de positives si l’on tient compte des risques liés à l’opération. Or, en France, ce taux approche les 20 %. Tandis qu’au Brésil, la césarienne fait désormais partie du life style moderne, avec un taux qui avoisine les 80 %.

Forte augmentation

Des chiffres qui nous disent qu’il serait peut-être sage de revaloriser la césarienne dans sa fonction de sortie de secours, durement acquise au cours des siècles passés par nos grands-mères et le corps médical [voir encadré]. Depuis vingt ans, le taux de césariennes augmente ainsi dans la majorité des pays industrialisés. En cause, l’application, par les obstétriciens, du principe de précaution, guidé par la peur du procès.

Autre raison : la césarienne permet une gestion plus simple des locaux et des équipes, un gain de temps, voire un gain financier pour certaines cliniques, une césarienne étant facturée plus cher à la Sécurité sociale qu’un accouchement par voie basse. Enfin, de nombreux gynécologues refusent d’être soumis aux aléas de la grossesse et organisent leur temps de travail en programmant les accouchements.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à décider d’accoucher par césarienne. Certaines afin de mieux gérer leur agenda, il s’agit là d’une démarche qui s’inscrit dans l’ère du temps où chaque minute est précieuse.

D’autres souhaitent vivre pleinement leur maternité tout en préservant leur sphère génitale et en refusant de souffrir. Ou ne veulent pas mélanger sexualité et maternité. Ainsi, les femmes profitent des avancées médicales pour contrôler la douleur, comme si elles voulaient échapper à leur condition féminine, à tout ce que leurs grands-mères ont dû subir… mais aussi peut-être en mémoire de celles-ci.

La césarienne, pas si confortable

Si, pour le bébé, la naissance par césarienne est moins risquée que par la voie naturelle, pour la maman, la césarienne peut en revanche comporter des complications et des douleurs plus importantes et plus durables qu’un accouchement par voie basse. Les complications possibles sont les infections, phlébites, thromboses, embolies pulmonaires, hémorragies, sans compter les risques liés à l’anesthésie. Par la suite, un accouchement par voie vaginale sera par ailleurs devenu plus risqué.

Or celui-ci est du plus grand bénéfice également pour la santé de l’enfant. Avant que le bébé sorte du corps maternel, son tube digestif et ses muqueuses sont stériles. Quelques heures plus tard, il aura des milliards de germes dans le nez, la bouche et les intestins.

Entrée dans le monde des bactéries

Le mammifère humain a été programmé pour venir au monde par un orifice situé à proximité de l’anus maternel afin d’être contaminé par une grande variété de germes amicaux portés par sa mère. D’un point de vue bactériologique, le nouveau-né doit être « ensemencé » par le contact immédiat avec sa mère et seulement avec elle. En cas de césarienne, il naît dans l’environnement stérile d’une salle d’opération. Les premiers microbes qu’il rencontre sont ceux qui se trouvent dans l’air d’un centre hospitalier. Ces derniers sont étrangers et potentiellement dangereux pour lui, à l’inverse de ceux auxquels il a été habitué dans le ventre maternel et contre lesquels il a également reçu les anticorps nécessaires, via le placenta.

L’accouchement par césarienne compromet également la qualité de l’allaitement. Après une césarienne, la maman a besoin de plus de temps pour récupérer, ce qui peut retarder la montée de lait. D’autre part, les contractions de l’utérus pendant un accouchement par voie vaginale conduisent à la libération de l’hormone ocytocine nécessaire à l’initiation de la lactation. Les scientifiques ont également mis en évidence que la quantité d’endorphines dans le lait est plus élevée chez les mères ayant accouché dans des conditions physiologiques. Or ce sont ces endorphines qui induisent une dépendance du bébé au sein et au lait maternel. Plus cette dépendance est forte et plus longue sera la durée de l’allaitement.

Pour ces deux raisons, la flore intestinale d’un bébé né par césarienne sera moins équilibrée que celle d’un bébé né pas voie basse. Et donc son système immunitaire fragilisé dès les premiers mois, avec un risque accru, entre autres, d’allergies.

Il ne s’agit pas de faire peur, mais de mesurer le prix du confort et de la surmédicalisation de l’accouchement. Pour celles qui ont du mal à faire le choix, on ne peut que conseiller la lecture de l’excellent ouvrage du docteur Michel Odent, « Césariennes : questions, effets, enjeux. Alerte face à la banalisation » (éd. Le Souffle d’Or, 2005).  

Histoire

Une technique maîtrisée à l’âge d’or de la médecine

La césarienne est l’une des plus anciennes interventions réalisées par l’homme. Pendant plusieurs siècles, elle fut pratiquée sur la femme tout juste décédée. À Rome, la Lex Regia (loi royale) interdisait l’inhumation d’une femme enceinte avant que son enfant n’eût été extrait de son ventre. Plus tard, l’Église catholique autorisera la césarienne post mortem, uniquement pour permettre le baptême de l’enfant mort-né. C’est au XIVe siècle qu’apparaît la notion de sauvetage de l’enfant, toujours par césarienne post mortem. À partir de la Renaissance, la césarienne est pratiquée dans l’objectif d’assurer la survie de l’enfant et de la mère. Mais pendant les cinq siècles suivants, l’opération est meurtrière : cinq opérées sur six y laissaient la vie, généralement pour cause de péritonite ou d’hémorragie. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la césarienne fut maîtrisée grâce aux progrès de la pratique médicale, à l’asepsie, à l’anesthésie et aux antibiotiques.


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