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La crise bretonne sonne l’heure de la 3e révolution industrielle

La crise bretonne sonne l’heure de la 3e révolution industrielle

Quand la Bretagne tousse, la France s’enrhume ? Blague à part, la jacquerie armoricaine du mois dernier montre deux choses : d’abord à quel point notre système mondialisé est à bout. Un  fait dont on souffre à l’Ouest comme ailleurs, même si la Bretagne gagne toujours au jeu de « bâbord qui crie le plus fort »… Ensuite que le changement ne va pas de soi. L’écologie et la relocalisation de l’économie ne sont pas aisées à mettre en œuvre.

Pourtant, si l’on en croit l’analyse du penseur américain Jeremy Rifkin, c’est par elles que passe la troisième révolution industrielle. Tous les changements économiques de l’histoire, souligne cet essayiste, ont eu lieu grâce à l’apparition convergente d’un nouveau mode de communication et de nouvelles ressources en énergie. Internet et les énergies renouvelables jouent aujourd’hui le rôle attribué jadis au charbon et au chemin de fer, puis au pétrole et au téléphone.

Jeremy Rifkin, ne se contente pas de penser la troisième révolution industrielle. Il offre son conseil, à la manière d’un service, aux villes et régions qui souhaitent y entrer plus avant et soutenir le mouvement de l’histoire. En France, la région Nord-Pas-de-Calais, après San Antonio, au Texas, Rome, Monaco et la province d’Utrecht, aux Pays-Bas, vient ainsi d’inviter l’Américain à repenser son avenir, créant une collaboration novatrice qui a fait l’objet d’un rapport présenté le 25 octobre dernier à Lille. La région veut promouvoir les conditions de cette révolution : bâtiments intelligents, moyens de transport propres, véhicules hybrides, production et stockage d’énergie in situ… Des moyens relocalisés, décentralisés, correspondant à des besoins plus réels et précis et que les individus pourront partager intelligemment.

La différence avec la précédente mutation industrielle se situe précisément dans cette décentralisation. Pour Rifkin, elle signe la fin du travail de masse et de l’économie mondialisée. Paradoxalement, à l’heure où les distances n’ont jamais été aussi réduites grâce aux nouvelles technologies de l’information, le progrès se recentre autour de besoins plus particuliers, à des échelles plus locales. L’information et l’économie ne sont plus globalisées, mais partagées. La production d’électricité à échelle domestique et le partage permis par internet dessinent un avenir collaboratif, plus « solidaire ».

En prônant la relocalisation des cultures et de la consommation, le bio s’inscrit dans cette tendance : à chaque territoire sa culture, sa terre et sa production. La troisième révolution industrielle, si on la soutient dans ce sens, peut être l’ère de la biodiversité et de la souveraineté alimentaire retrouvées. Un progrès qui pourrait mettre fin aussi au brevetage du vivant et à l’appropriation du génome par des grandes multinationales.

Mais il y a une condition : accompagner l’histoire dans ce sens-là. Car si l’histoire semble avoir retrouvé confiance dans l’individu, l’individu, selon les thèses de Rifkin, n’est pas plus naturellement voué à l’empathie et au bien que l’économie ne fonctionne d’elle-même sous la baguette d’une main invisible. La Bretagne comme le Nord-Pas-de-Calais sont amenés à se libérer d’un système productiviste en passe de devenir obsolète.  À eux de décider dans quel sens.

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