Biodyvin : 90 ans en biodynamie
(Mise à jour : 9 février 2016.)
L'histoire de la viticulture biodynamique est un peu plus récente que celle de la biodynamie elle-même. En France, c’est principalement grâce à des pionniers comme François Bouchet et Nicolas Joly, du prestigieux domaine de la Coulée de Serrant (Loire), que la méthode s’est développée, dès le milieu des années quatre-vingt.
Depuis, des viticulteurs de plus en plus nombreux se sont convertis à cette forme de viticulture qui, pour faire du bon vin, soigne d’abord la terre et la vigne et s’inspire des influences astrales. Selon le journaliste spécialisé Monty Waldin (« Biodynamic Wines », éd. Mitchell Beazley, 2004), plus de 10 % des vignobles bio à l’échelle du globe seraient aujourd’hui conduits selon les préceptes biodynamiques. La France en totalise quelque 300. Parmi eux, plus d’un grand nom, comme le Château Pontet-Canet (Pauillac), le Domaine Zind-Humbrecht en Alsace, ou encore la célèbre Maison Chapoutier, qui annonce 200 hectares en biodynamie, dans la vallée du Rhône.
Demeter, le plus ancien label
Les vins en biodynamie ont aussi leurs labels et leurs cahiers des charges, en plus du cahier des charges bio auquel ils sont tenus de se conformer.
Demeter est historiquement le plus ancien. Mais il n’est pas réservé aux seuls viticulteurs. Né en 1995, Biodyvin est, lui, une émanation du Syndicat international des vignerons en culture biodynamique (SIVCBD), qui ne regroupe que des vignerons. Il totalise aujourd’hui quatre-vingt-dix adhérents, dont un en Allemagne. « Biodyvin est né du besoin des viticulteurs en biodynamie de se retrouver entre eux pour échanger sur leurs méthodes de culture et progresser dans leurs pratiques. Notre but n’était pas seulement de faire de la biodynamie, mais d’arriver à produire du vin de qualité », souligne Christine Saurel, propriétaire avec son mari du Domaine Montirius (AOC Vacqueyras Gigondas et Côtes du Rhône), reconverti en biodynamie depuis 1996.
Ne reçoit pas le label Biodyvin qui veut. Un contrôle indépendant a été mis en place par le SIVCBD. Certaines pratiques œnologiques sont ainsi interdites ou réglementées selon un objectif que l’on pourrait résumer par : aucun ajout, aucun retrait, aucune modification. Du moins est-ce l’idéal que chaque membre s’efforce d’atteindre.
Une transformation personnelle
Plus encore, seuls sont acceptés les domaines entièrement cultivés en biodynamie, ou ceux qui s’engagent à une reconversion totale au terme de trois ans. Il faut ajouter une procédure avec visites sur place et dégustations préalables à tout agrément.
Sévère, le label Biodyvin ? Christine Saurel acquiesce mais explique : « On ne vient pas chez Biodyvin par opportunisme, mais par conviction. Faire du vin en biodynamie, c’est d’abord un cheminement personnel, une transformation intérieure, qui s’applique ensuite à la vigne et au vin. Le vivant du vin se révèle petit à petit, mais cela ne se fait pas en une année. Il faut du temps pour que la terre, la vigne et les raisins s’éveillent à leur tour.»
Les vins biodynamiques sont aujourd’hui encensés par certains dégustateurs aussi réputés que Robert Parker et son fameux guide. « Avant, certains grands domaines faisaient de la biodynamie, sans en parler. Ce n’était pas bien vu. S’ils en faisaient, c’est parce que la biodynamie leur avait permis de retrouver l’authenticité de leur terroir. Aujourd’hui, on le revendique tous, parce que ça fonctionne. Il y a quelque chose qui se passe et les gens aussi en sont convaincus. La biodynamie, c’est une vraie méthode de culture qui apporte quelque chose au raisin et dans le verre. Beaucoup de vignerons en biodynamie sont des personnes qui ont les pieds sur terre. Ils ont une régularité dans leurs produits, des vignes en bonne santé. Tout ça montre que la pratique est bonne » !
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