Ces marques pionnières
qui ont dessiné le bio
Celnat : un moulin qui est allé très vite
Tout part des recherches de Robert Celle. Ce meunier, héritier d’une tradition familiale remontant au XIXe siècle, a cherché dès 1978 à s’écarter du productivisme qui domine dans l’agriculture et la boulangerie. Après quelques recherches, il fonde Celnat en 1979. Claude Aubert, ami de la famille, apporte ses conseils.
En 1980, les premières installations, aménagées dans les anciennes écuries de la minoterie familiale, sont submergées par une crue centennale de la Loire. Un an plus tard, la société emménage dans des locaux neufs à Saint-Germain-Laprade. Depuis lors, l’entreprise familiale n’a cessé de s’agrandir, possédant ses propres silos, ses entrepôts, fabriquant des produits transformés tels que les flocons et le müesli. Dans les années 2000, la jeune génération prend le relais. Une nouvelle usine a ouvert en 2013.
Les Markarian, pionniers du boulgour
Markal a été fondée dès 1936 par l’Arménien Georges Markarian, ce qui fait de la marque l’un des pionniers du bio français. Spécialisée à l’origine dans la transformation de céréales et plus particulièrement du blé dur, elle façonne rapidement la réputation du boulgour, son produit phare. En 1966, le fils de Georges, Jacques Markarian, s’oriente vers les premiers produits diététiques à base de blé complet non traité. Acteur important de l’agriculture biologique, il est l’un des premiers à signer la charte de l’agriculture et à s’engager avec Écocert. Les fils de Jacques (photo : Olivier Markarian) ont depuis repris l’entreprise, qui totalise désormais pas moins de 700 références en produits d’épicerie sur des marques propres telles que Markal, La Bio Idea, Apéri Bio, GrandOlio ou encore Grazie pour les produits d'hygiène en papier recyclé.
Des marques issues de la pharmacie
Pharmaciens et hygiénistes ont joué un rôle en faveur du développement de produits de santé tels que les céréales complètes ou le chocolat de régime. L’acception de magasin diététique est d’ailleurs courante pour définir les magasins bio, même si les deux tendent à se séparer. Plusieurs enseignes représentatives de ce courant, dont une partie a rejoint plus tard les rangs du bio, y sont présentes. Le chocolatier Dardenne, avec ses tablettes sans gluten aux laits végétaux, existe depuis 1897 grâce au pharmacien Ludovic Dardenne. C’est aussi un pharmacien, Joseph Favrichon, qui est à l’origine de la marque Favrichon, suivant la méthode d’un abbé allemand, Kneipp, basée sur la médecine douce et une alimentation à base de céréales complètes. Il achète les bâtiments d’une ancienne boulangerie pour y fabriquer des farines de céréales, selon les recettes élaborées par Kneipp, et fonde le « Comptoir général des produits français de la méthode Kneipp » en 1895. En 1938, Joseph Favrichon met au point une nouvelle méthode de préparation du grain d’avoine pour améliorer sa digestibilité. La marque sera aussi à l’origine des boissons Nectad’or, Malt soluble et Matimalt, à base d’orge.
Lemaire, ferment du bio français
Raoul Lemaire (1884-1972) est issu d’une famille d’épiciers, de meuniers et de négociants en grain. Reprenant l’affaire familiale en 1909, il fonde en 1931 l’une des premières entreprises consacrées à la vente de produits naturels. Grâce à un réseau d’une centaine de boulangeries à Paris, il distribue le pain Lemaire, auquel ses amis prêtent des vertus régénératrices. En 1934, il tombe malade et se rétablit grâce aux conseils de Paul Carton, un naturopathe hygiéniste qui aura une grande influence sur lui. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut un proche de Pierre Poujade et de son Union de défense des commerçants et artisans, au point de devenir président de l’Union de défense des agriculteurs de France (UDAF), le mouvement agricole poujadiste. Il se présente sous ces couleurs aux élections législatives de 1956 et de 1958. Sa personnalité contrastée est emblématique du parcours intellectuel du bio français, à la fois décrié pour son manque de rationalisme et ses accointances agrariennes et admiré pour son courage à défendre une qualité radicale. Raoul Lemaire fut, avec Jean Boucher, l’un des acteurs principaux du bio d’après-guerre, autour de la méthode de fertilisation au lithothamne. Cependant, aujourd’hui encore, le pain Lemaire reste une référence historique du bio. En savoir plus sur le site de la mairie d'Angers (photo : La caravane Lemaire sur une foire en 1972, Crédit : Archives. municipales d'Angers).
Les Côteaux Nantais se sont lancés dans la culture biodynamique dès 1970, au prix d’une récolte perdue. Quant Jean Hervé, il a lancé son entreprise en 1976 afin de nourrir sa famille selon les principes végétariens. Pour en savoir plus sur l'histoire de Jean Hervé, Naturgie, Les Côteaux Nantais : notre dossier Philosophie et histoire du bio.
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