Dépollutionn un programme inédit
À Halluin, nous sommes volontaires pour cette expérimentation alors que nous avons subi les conséquences économiques énormes de la pollution aux dioxines avec la fermeture d’exploitations agricoles », explique Jean-Luc Deroo, maire de la commune et président de l’association Halluin 3R (recherche, réseau, requalification).
Depuis 1968, la commune rurale a disposé d’incinérateurs qui ont provoqué cette pollution. Ils ont été remplacés par un centre de valorisation énergétique dont les rejets sont désormais surveillés en continu.
Le projet, qui est mené par des chercheurs universitaires de Dunkerque et Calais et par des unités de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) d’Arras et d’Orléans, consiste à accélérer l’action de dépollution de champignons microscopiques naturellement présents dans le sol d’une ancienne ferme locale.
Les champignons dits telluriques saprotrophes devraient accélérer la dégradation des dioxines – qui prend normalement des centaines d’années – avec l’adjonction d’amidons modifiés. Ceux dits arbusculaires mycorhiziens devraient en outre améliorer les défenses des plantes contre la toxicité des polluants.
Le budget de départ, 600 000 € financés en majorité par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), la région Nord - Pas-de-Calais et la communauté urbaine de Lille, devrait être rapidement augmenté par cette dernière et des fonds européens, en fonction des premiers résultats.
Une autre partie des recherches portera sur les légumes : selon Halluin 3R, il s’agit de vérifier scientifiquement que les dioxines ne sont pas présentes dans les légumes et ainsi rassurer les populations locales. La pollution par les dioxines – qui entrent dans la chaîne alimentaire et peuvent avoir des conséquences sanitaires sérieuses – reste un problème en France même si les émissions ont été divisées par vingt depuis vingt ans. Aucune réglementation n’existe concernant la contamination des sols, dont la détection est onéreuse.
Source : AFP