Portrait : Claudie Ravel, fondatrice de Guayapi
Le teint abricot, Claudie Ravel est à peine fatiguée des heures qu’elle vient de passer à l’Exposition universelle de Milan. Élégante, la fondatrice de Guayapi, fondée il y a vingt-cinq ans, tient sûrement cette classe naturelle des douze années passées à travailler dans la mode chez Daniel Hechter. Au départ, elle avait étudié le droit des sociétés, des licences, des franchises et des marques. L’idée de commercialiser des produits à bases de plantes traditionnelles ne lui est venue qu’à 36 ans, en 1987, alors qu’elle était enceinte. « J’ai eu envie de créer ma propre structure pour m’occuper de mon bout de chou et revenir à mon éducation et à mes premières amours », raconte-t-elle.
Claudie Ravel a en effet grandi entourée de plantes, à Morsang-sur-Orge dans l’Essonne. « Avec mes trois sœurs, nous avons été élevées à base de médecines alternatives, de fruits et de plantes du jardin, détaille-t-elle. C’était une vraie petite jungle ! » Les sœurs évoluent les mains dans la terre. Elles sont aussi responsabilisées sur leur santé. « Ma mère nous expliquait que, dans la médecine chinoise, le médecin était payé quand on était en bonne santé. Nous trouvions cela logique et cohérent ! » C’est donc de cette enfance que Guayapi tire ses racines. L’opportunité de travailler avec des peuples d’Amazonie, puis plus tard du Sri Lanka, lui est offerte grâce à des rencontres et à ces multiples voyages, une vraie passion pour elle.
Jusqu’au-boutiste
Claudie Ravel s’est alors lancée pendant trois ans dans une bataille juridico-réglementaire pour créer un statut à ces produits, définis finalement comme compléments alimentaires, même si le terme ne la satisfait pas. Elle est aidée notamment par Bernard Touati, un ami docteur qui a joué le rôle de conseiller nutritionniste et de formulateur de produits naturels, mais aussi de Laerte Coaracy, chimiste botaniste spécialiste des plantes amazoniennes.
Malgré les innombrables échanges avec les administrations de la santé et de la répression des fraudes, son caractère jusqu’au-boutiste lui permet de mettre les produits Guayapi sur le marché en 1990. L’engagement de sa société est également humain. Au début des années 1990, elle entre en contact avec les Indiens Sateré Mawé par le biais d’une anthropologue brésilienne. Le projet Warana monté par Guayapi avec ces Indiens consiste à établir une relation de commerce équitable pour proposer la plante qui porte ce nom à la consommation en Europe. La valorisation des produits sri-lankais s’est faite plus tard, par le biais du premier employé de Guayapi, Shelley Abeyagoonesekera, lui-même Sri-Lankais. Une société est créée en parallèle pour commercialiser ces produits dans une même démarche d’équité et de défense de la biodiversité. Claudie Ravel en est le managing director.
Malgré les embûches qu’elle continue de rencontrer, la fondatrice compte bien continuer à défendre les valeurs de sa société. « On m’interroge sur la retraite, mais je pense que je mourrai sur un bateau ! Je passe six mois par an à voyager. Quand je suis de longues heures sur l’Amazone, ce sont de vrais moments de paix. » À l’avenir, elle souhaite poursuivre le développement de Guayapi en Europe et en Asie, et solidifier sa base, en France. Et puis continuer de voyager. Deux semaines après être rentée de Milan, elle s’apprête déjà à repartir pour le Sri Lanka…
Engagée
Militante sur tous les fronts
« Tout seul, on ne peut rien dire, soutient Claudie Ravel. J’aime participer à des groupes de décisions et me fédérer avec d’autres pour discuter des lois. » Guayapi est pour cette raison membre et administrateur de la plate-forme pour le commerce équitable et de l’IFOAM, fédération internationale des mouvements de la bio. La société est aussi membre de l’IAFN (International Analog Forestry Network), de Cosmebio et s’est engagée auprès de Forest Garden Product. À titre personnel, Claudie Ravel est membre de Slow food.
Claudie Ravel, fondatrice de Guayapi en Amazonie, avec les Indiens Satéré Mawé.
À lire sur notre site :
Le Warana, histoire d’un sauvetage chez les Indiens Sateré Mawé