Des hôtels plus bio ?
Le défi du bio pourrait peut-être bientôt s’imposer à un nouveau secteur : l'hôtellerie. Car les voyageurs et habitués des classes affaires l'auront remarqué, les hôtels constituent un chantier presque vierge en matière de développement durable et de matériaux sains. Climatisation et baies vitrées fermées, produits de toilette aux parabènes, similicuir et textiles synthétiques sont aujourd'hui le lot de la majorité des établissements, jusqu'aux 5 étoiles. Habitude a été prise aussi, en France, de changer le linge de lit chaque jour, même si cela n'est pas nécessaire, ou encore de mettre à la carte du room service des sucreries au détriment d’une offre de produits sains.
Une chambre d'hôtel économe, biosourcée et ressourcante
Ancien cadre du groupe Accor et aujourd’hui consultant pour l’hôtellerie de luxe, Laurent Delporte présentera en novembre, à l'occasion du salon Equip'Hotel, un prototype de chambre écologique et durable qu’il est en train de ficeler avec son agence. Une chambre et une salle de bain « économes en énergie, biosourcées et ressourcantes » telles qu’on pourrait les trouver à l’horizon 2020, intégrant de vrais critères de développement durable.
Les axes qu’il défend pour cette chambre, baptisée Origine : remettre l’homme au cœur du service, notamment en privilégiant les matières non nocives pour sa santé, mais aussi favoriser l'économie circulaire, le recyclage et les partenariats locaux. Points sur lesquels le secteur de l’hôtellerie est « très en retard, tout particulièrement dans les hôtels indépendants », en témoigne pour cet expert le succès de sites comme Expedia, AirBnB ou Trip Advisor, un gros du booking en ligne qui « lui, met le développement durable en avant ».
L'hôtel a pris la vague du spa
L’hôtellerie, en plus de devoir être opérationnelle 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, a fait les frais d’une standardisation qui a fixé jusque-là d’autres priorités. « Dans les années 1990, les hôtels ont mis l'accent sur la cuisine et les chefs; dans les années 2000, ils ont ils ont aménagé des spas dans les hôtels 4 et 5 étoiles, ensuite les hôtels ont du beaucoup investir dans l’équipement filaires pour internet puis des réseaux wifi, et aujourd’hui une partie de leur investissement partent dans la distribution de leur hôtel sur internet », résume Laurent Delporte. Les hôtels auraient-ils maintenant un créneau pour le développement durable ? C'est ce que pense ce spécialiste, passé par le service développement durable d'Accor puis par la marque Sofitel du groupe. Car « à part les actions de la réutilisation des serviettes et du changement des ampoules, le développement durable n’est pas encore une priorité pour l’hôtellerie en général ».
La literie écologique pourrait y trouver un nouveau débouché comme les matériaux de rénovation tels que peintures, bois et tissus naturels - et bien sûr les cosmétiques certifiés, dont les clients sont pourtant de plus en plus demandeurs.
« Le Spa, c'est bien, mais un client qui arrive à l'hôtel à d'abord besoin de dormir et de bien dormir. C'est là-dessus que l'hôtellerie doit mettre l'accent.» Or comment bien dormir dans des odeurs de plastique ou le bruit d'une climatisation qui tourne à plein régime toute la nuit ? Côté textiles, le lin et le chanvre devraient avoir une place dans le secteur hôtelier, de même que les matériaux de construction biosourcés et les systèmes qui permettent d’augmenter la qualité de l’eau. Le modèle, encore en recherche de partenaires, est ambitieux, mais « défendable ». Comme le souligne Laurent Delporte, « un groupe hôtelier possède une puissance de frappe pour commander des matériaux, d'autant que la forte demande de la clientèle permet d'envisager que les prix baissent ».
Assumer les spécialités locales
La restauration semble plus compliquée à remettre en question du fait des différences d'appétences et d'habitudes d'une culture à l'autre, mais Laurent Delporte pense déjà mettre l'accent sur la localité de l’offre en chambres. Après tout, c'est ce que cherche le voyageur : découvrir les spécialités et la manière de vivre dans le pays où il se trouve.
L'art de vivre à la française, qui place la personne et ses besoins particuliers au centre du service, est d'ailleurs l’un des axes du projet de la chambre Origine qui sera présentée en novembre. Elle pourrait servir de modèle aux établissements en construction et guider les autres vers des changements progressifs.
(Photo : le Six Senses Samui de Choeng Mon Beach, en Thaïlande.)
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