Le marathon contribue au bien vieillir
Le 24 février 2013, à Hong kong, le Britannique Fauja Singh, d’origine indienne, a participé à sa dernière course à pied. Ce jour-là, il a parcouru 10 km en 1 heure 32 minutes et 28 secondes. Rien d’exceptionnel, direz-vous, sauf que le brave homme est âgé de… 101 ans !
Surnommé la tornade au turban, il a connu la célébrité mondiale en octobre 2011, en devenant le premier centenaire à avoir couru un marathon complet. L’exploit a eu lieu à Toronto, où il a certes terminé bon dernier, 3 849e pour être précis, mais où il a surtout achevé l’épreuve en 8 heures, 25 minutes et 17 secondes.
Chétif mais doté d’une santé de fer, le marathonien centenaire a commencé à courir à 89 ans après le décès de son épouse et de l’un de ses fils, pour éviter la dépression dit-il. Il a, depuis, participé à une dizaine de marathons et réalisé son meilleur chrono à Toronto, en 2003 : 5 heures, 40 minutes et 4 secondes pour couvrir la fameuse distance de 42,195 km.
Limites repoussées
Quelle belle leçon de vie ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour bien faire… D’ailleurs, les seniors ne cessent de repousser leurs limites. Selon une étude menée par des chercheurs français de l’Inserm, les meilleurs marathoniens de plus de 65 ans et les marathoniennes de plus de 45 ans ne cessent d’améliorer leurs performances 1.
Pour parvenir à cette conclusion, Romuald Lepers et Thomas Cattagni ont analysé les performances chronométriques des concurrents du marathon de New York selon l’âge (de 20 à 80 ans) et le sexe, entre 1980 et 2009.
Alors que la moyenne des temps réalisés par les dix meilleurs athlètes des catégories d’âge inférieures à 60-64 ans n’a pas changé au cours des trente années retenues, les temps ont nettement diminué pour les plus âgés : les hommes de 65-69 ans ont gagné 8 minutes entre les décennies 1980-1989 et 1990-1999, et 7 minutes entre les décennies 1990-1999 et 2000-2009. De même, pour les femmes, la moyenne des temps a baissé chez les plus de 45-49 ans.
Parallèlement, une forte augmentation de la participation des athlètes de plus de 40 ans à ce marathon a été observée. Ce sont des résultats assez inattendus.
Moins d’infarctus
Les marathoniens seniors sont donc aujourd’hui plus rapides que ceux d’il y a trente ans et l’étude sur les coureurs à New York suggère que ces athlètes n’ont pas atteint le maximum de leurs performances à 40 ou même 50 ans et qu’ils continuent de s’améliorer jusqu’à un âge très avancé.
Autre bonne nouvelle, tirée d’une autre étude scientifique, conduite par le Dr Aaron Baggish et son équipe du Massachusetts General Hospital 2. Après avoir analysé les infarctus survenus parmi 10,9 millions de marathoniens et de semi-marathoniens entre 2000 et 2010, les chercheurs ont conclu que le fait de courir un marathon ou un semi-marathon ne conduit pas à un risque accru d’attaque cardiaque. Selon eux, ce risque est, au contraire, bas et même inférieur à celui encouru en participant à un triathlon ou en faisant un jogging.
Sur toute la période retenue, 59 marathoniens ont subi un arrêt cardiaque pendant et une heure après la course ; 42 en sont morts. Ce qui donne un taux de mortalité de 1 sur 259 000 contre 1 sur 52 630 chez les triathlètes.
La différence entre le nombre d’attaques et le nombre de décès s’explique par la présence de personnels médicaux capables d’intervenir rapidement tout au long et à l’arrivée du parcours. En clair : on a plus de chances de réchapper à un infarctus pendant un marathon que chez soi.
Bienfaits démontrés
Ces données sont importantes pour dissiper les doutes semés par certains accidents tragiques, parfois relayés par les caméras de télévision. Car s’il est vrai qu’il arrive parfois de voir un marathonien s’écrouler en plein effort ou juste après, cela ne doit pas faire croire que ce type d’activité est particulièrement dangereux.
La course à pied, y compris sur de longues distances, n’augmente pas le risque d’infarctus chez une personne en bonne santé, qui, bien sûr, avant de se lancer, prendra la précaution de procéder à un bilan cardiaque et de bien s’entraîner. Au contraire, de très nombreuses études démontrent sans contestation possible ses bienfaits sur à peu près toutes les pathologies liées au vieillissement.