Agropellets : le chauffage de l’avenir ?
Pratiques, performants, économiques à l’usage, les granulés de bois ont tout pour plaire. Ce que l’on ignore souvent, c’est que l’on peut fabriquer des pellets avec toutes sortes de végétaux. Depuis quelques années, un nouveau type de granulés a d’ailleurs fait son apparition, ce sont les agropellets. Comme leur nom l’indique, ils sont fabriqués à partir de matières premières d’origine agricole, le plus souvent, des céréales déclassées. Ils peuvent aussi être produits à partir de pailles diverses, de tourteaux, voire, selon les pays, de grignons d’olives, de coquilles et noyaux de fruits, de pépins de raisin et même de sous-produits de brasserie ! Il en existe aussi fabriqués au départ de cultures dites « dédiées » ou cultures à finalité énergétique, comme le miscanthus. En réalité, à peu près toute production agricole peut être transformée en pellets, dans la mesure où elle a été préalablement séchée et broyée.
Un déchet qui rapporte
On voit tout de suite les avantages d’une telle source d’énergie, à la fois abondante, renouvelable et produite localement. À cela s’ajoute un prix souvent très bas. Bien des matières premières qui servent à la fabrication d’agropellets sont en effet peu ou pas valorisées. Elles sont parfois même considérées comme des déchets ! Le prix d’une tonne d’agropellets se négocierait ainsi à environ 160 € (contre 200 € pour les granulés de bois classiques), voire moins encore (110 €) lorsqu’il s’agit d’agropellets à destination industrielle.
À côté de cela, ces granulés d’origine agricole voient leur intérêt handicapé par un certain nombre de problèmes : mâchefers, taux élevé de cendres, formation d’acides entraînant des risques de corrosion. Le principal écueil reste cependant celui des cendres. Quand un pellet de bois donne un maximum de 0,5 à 1 % de cendres, un granulé de céréales en produit entre 2 et 3 % et un à base de paille jusqu’à 7 %. C’est beaucoup. Plus il y a de cendres, plus souvent il faudra, manuellement, nettoyer la chaudière. Pour améliorer cela, on procède parfois à des mélanges de céréales et de sciure de bois, ce qui permet d’abaisser le taux de cendres à moins de 4 %. C’est ce même problème qui explique que les agropellets ont d’abord été utilisés dans des chaudières industrielles et des chaufferies collectives, équipées d’un dispositif automatique d’évacuation des cendres.
Nouveau : des poêles à agropellets !
Mais dans ce domaine les choses changent très vite. Prévoyant une hausse possible du combustible bois, plusieurs fabricants proposent désormais des chaudières domestiques avec un cendrier adapté aussi bien à la combustion des pellets classiques qu’à celle des agropellets. Elles sont cependant un peu plus coûteuses et donc un peu plus longues à amortir. Mieux, des poêles mixtes pellets/agropellets ont été mis au point.
Enfin, des recherches sont menées pour améliorer les qualités de combustion des agropellets. Ainsi, la société française RAGT a initié un programme d’étude qui a déjà abouti à la création d’un cahier des charges baptisé CALYS. Celui-ci précise les lignes directrices qui permettent d’obtenir, dans une région donnée, à partir des ressources végétales locales non valorisées, un mélange végétal susceptible de déboucher sur un granulé combustible, présentant des qualités constantes et dépourvues des défauts habituels des agropellets. Et toujours à un prix inférieur aux pellets de bois. Selon RAGT, cette technique pourrait s’appliquer un peu partout. Des analyses permettraient de choisir les matières végétales les plus adaptées selon la région, les défauts de combustion pouvant alors être corrigés par certains additifs. Bref, les agropellets n’ont pas fini de faire parler d’eux.
En savoir plus
• www.valbiom.be
• www.ragt.fr
• Agropellets : état de lieux, Matthieu Campargue,
R.A.G.T., Énergie, mars 2011.