Offrez des fleurs éthiques et bio !
OFFRIR - Des fleurs, oui, mais sans pesticides ! Car notre bouquet coloré a son pendant noir : la culture des fleurs, intensive, se fait à 80 % dans l’hémisphère sud, là où nos pesticides interdits sont autorisés… Petit guide pour dénicher des fleurs éthiques.
Une étude parue en avril 2015 dans Nature révèle que les abeilles et les bourdons adorent butiner les fleurs traitées aux néonicotinoïdes, des insecticides qui non seulement ne les repoussent pas, mais les tuent. Même si très peu d’études ont été menées sur les pesticides des plantes ornementales, une étude de Greenpeace menée en 2014 dans dix pays d’Europe a révélé que 79 % des fleurs vendues en jardinerie, supermarché et fleuristes étaient contaminées par ces produits.
Pesticides en ville et lac asséché au Kenya
Au Canada, un rapport des Amis de la Terre dénonce leur présence dans 51 % des plantes de jardin pourtant labellisées comme « respectueuses des abeilles »… Choisir un bouquet n’est donc pas un acte anodin. Car les fleurs toxiques pour les abeilles exposent aussi nos fleuristes à des maladies professionnelles. Elles constituent même la principale source d’exposition aux pesticides en ville ! Par exemple, les roses, qui représentent près de
50 % des ventes en Europe, proviennent à 85 % des pays du Sud (Afrique, Inde et Amérique latine).
Au Kenya, elles sont responsables d’une catastrophe écologique : le lac Naivasha, qui sert à irriguer les cultures, s’assèche ; il est aussi contaminé par les produits phytosanitaires, tout comme les ouvriers agricoles (en majorité des femmes) de ces exploitations industrielles aux conditions de travail souvent épouvantables. Pour autant, la solution n’est pas dans le boycott de la rose, ressource économique indispensable sur place. Les fleurs issues du commerce équitable sont donc un moindre mal. Mais les fleurs locales, c’est mieux, surtout si elles sont bio !
Des labels de traçabilité
Contrairement à l’alimentation, les fleurs ne sont soumises à aucune obligation de traçabilité. Impossible de connaître leur provenance à moins d’un étiquetage spécifique : c’est l’objet du label « Fleurs de France », lancé par le ministre de l’Agriculture début 2015. Pour autant, ce label, délivré par Val’hor, l’Interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, n’offre aucune garantie sur le mode de production, simplement respectueux de la législation française en vigueur.
Un autre label, créé en 2011 et également attribué par Val’hor, est plus exigeant, garantissant des conditions de culture conformes à la charte du Grenelle de l’environnement. Mais il reste peu diffusé : sur 4 154 horticulteurs, seuls 150 producteurs dont trois de fleurs coupées sont certifiés « Plante bleue ».
Des labels (vraiment ?) bio
Et du côté de la bio ? La labellisation AB existe pour les fleurs, mais les producteurs ne sont pas identifiables, noyés au sein des 297 producteurs de cultures florales et ornementales certifiées AB que recense l’annuaire de l’Agence bio, la plupart produisant surtout des semences ou des plantes en pot. Ne se distinguent que ceux qui ont fait récemment parler d’eux, tels Christelle Marquer de La vie rêvée des fleurs ou encore le réseau Fleurs de Cocagne, affilié aux Jardins de Cocagne, entreprise d’insertion sociale et de maraîchage bio.
Son directeur technique, François Bataillard, assure même être le seul en France à cultiver des roses bio et éthiques : depuis 2014, une dizaine de femmes en difficulté apprennent la floriculture biologique auprès des 18 000 rosiers et des nombreuses fleurs annuelles que compte l’exploitation, installée sur 8 000 m2 en région parisienne. De quoi agrémenter, pour l’instant du moins, les paniers des adhérents au réseau, et peut-être même, demain, certains magasins bio.
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