« Mon potager maison, naturellement bio ? »
Le jardinage serait le deuxième loisir préféré des Français. « Après le bricolage » (on veut bien le croire, mais où sont passées les 3 h 47 quotidiennes passées par foyer devant la télévision ?).
Le jardin n'est d'ailleurs jamais trop petit. Parfois, il suffit d'un cerisier sous lequel disputer quelques fruits aux oiseaux. D'une seule rose épanouie sur un balcon rikiki de centre-ville. Les livres et les sites consacrés aux balcons et aux terrasses sont légion, des sociétés proposent désormais leurs services paysagers à l'échelle de ces minuscules espaces, on nous apprend à jardiner dans des sacs, sur les toits... et il n'y a rien de plus branché aujourd'hui que d'élever des poules en ville !
Les perspectives thérapeutiques du jardin font aussi l'objet d'une bénéfique redécouverte en matière de santé publique, à l'image des «jardins des simples » qui permettaient aux hospices d'autrefois de disposer de plantes médicinales. La qualité de ce que l'on mange valant désormais plus que la quantité, on aime aussi de plus en plus se nourrir de ce que l'ona cultivé. Enfin, tout dépend de la manière dont on l'a cultivé. Sur cette question, il faut redresser un peu le tuteur. « C'est cultivé dans mon potager, c'est donc bio. » Rien n'est moins sûr !Cet argument, très utilisé par les bio-sceptiques, va à l'encontre de navrantes réalités.
D'abord, à l'hectare, les jardiniers amateurs sont de bien pires pollueurs que les agriculteurs. Ces derniers, mieux formés à utiliser les produits phytosanitaires, en connaissent les plus dangereux et savent les doser, alors que les « jardiniers du samedi » déversent désherbants, insecticides et prophylactiques à coups de seaux et de pschitts prolongés. À des doses beaucoup plus concentrées que dans les champs. Et à multiplier par nos12 millions de jardins.
Les rayons des jardineries sont à l'image de ceux des super-marchés : truffés de produits nocifs que 20 % des 17 millions de jardiniers amateurs français considèrent encore comme sans danger (ADEME). Dommage ! Car il est plus facile de s'en passer dans nos espaces privés propices à la rotation des sols et que chevauchement des cultures. Est-ce une fierté d'avoir la plus belle pelouse du quartier grâce aux litres de désherbant qu'elle a nécessité ?
En matière de consommation d'eau, les records sont là aussi. Un jardin consomme « 15 à 20 litres par m2 » soit « environ20 000 litres par an pour 100 m2 », apprend-on sur le site Conso-Globe. Enfin, dans nos jardins on cultive très peu de variétés. Ce qui ne nous aide ni à varier notre alimentation ni à obtenir les services des insectes censés remplacer certains produits phy-tosanitaires.
Les adeptes du jardinage bio ont donc toute latitude aujourd'hui pour nous apprendre la biodiversité, le paillage, l'utilisation des insectes, la récupération de l'eau de pluie, le recyclage des déchets organiques, l'emploi du purin d'ortie et des tisanes contre les maladies... La parution du « Guide du potager bio dans le Nord », dont l'auteur nous dit quelques mots dans ces pages, est là aussi pour nous rappeler que jardiner bio, c'est jardiner en fonction du climatlocal. C'est aussi découvrir des variétés anciennes comme celles vendues par l'association Kokopelli.
Enfin, c'est partager, comme en témoignent les sites de troc de plantes et, plus récemment, des sites comme pantezcheznous.com ou pretersonjardin.com qui mettent en relation les propriétaires d'espaces verts non entretenus avec des voisins à la main verte (voir page é).Que de belles initiatives ! Que de modes, peut-être. Comme celle des coccinelles ou des composteurs. Bio-Info soutient ces modes.