Commerce équitable : où en est-on en France ?
Le principe fondamental du commerce équitable est résumé dans le slogan « Trade, not aid ! » (« Du commerce, pas de l’aide ! »). S’il n’existe pas de définition officielle au niveau international, la France donne au concept une définition légale dans la loi du 2 août 2005 sur les Petites et moyennes entreprises (PME). Son article 60 précise : «Le commerce équitable s’inscrit dans la stratégie nationale de développement durable. Au sein des activités du commerce, de l’artisanat et des services, le commerce équitable organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés situés dans des pays en développement…»
En France, un commerce encore marginal
Plus concrètement, la relation commerciale est basée sur un certain nombre d’engagements. Parmi eux : les acheteurs paient un prix rémunérateur aux producteurs, prenant en compte notamment les coûts de production et d’exploitation et leur octroient une prime destinée au financement de projets collectifs d’ordre économiques ou sociaux. Les producteurs quant à eux se structurent en organisations collectives transparentes et démocratiques (souvent des coopératives) et assurent des conditions de travail décentes au sein de l’organisation.
Au-delà de ce partenariat commercial, l’objectif à plus long terme est de changer les règles et les pratiques du commerce international conventionnel. Pour ce faire, la sensibilisation des consommateurs est essentielle et encore nécessaire. En effet, en France, l’achat de produits issus du commerce équitable reste marginal par rapport à des pays comme la Suisse ou la Grande-Bretagne. Il concerne en majorité des produits alimentaires (café, chocolat, thé, sucre, riz, banane…), suivis par le textile, l’artisanat et les cosmétiques.
Artisans du Monde, pionnier français
L’histoire du commerce équitable dans notre pays commence avec Artisans du Monde. Cette association née suite à l’appel de l’Abbé Pierre pour venir en aide au Bangladesh, touché par la famine et la guerre civile, ouvre en 1974 une première boutique à Paris pour vendre des produits artisanaux fabriqués par les populations locales. Dans les années 1980, Artisans du Monde devient une fédération de plusieurs associations locales et se dote d’une société d’importation et de distribution, Solidar’monde (à l’époque nommée Fam’Import). On parle de filière dite « intégrée » ou « spécialisée » : l’activité principale du producteur, de l’importateur et du distributeur est liée au commerce équitable. Tous les trois sont garants du respect des principes et des critères du commerce équitable sur l’ensemble de la filière, du champ au consommateur.
Aujourd’hui, Artisans du Monde travaille avec 107 organisations de producteurs dans 44 pays du Sud (Afrique, Asie, Amérique latine). Et propose une large gamme de produits : de l’artisanat (maison, arts de la table, bijoux…), de l’alimentaire (café, chocolat, thé, épices, céréales…) dont une partie sous la marque Artisans du Monde, ainsi que la gamme de cosmétiques Natyr, vendue en ligne, dans la centaine de magasins Artisans du Monde et dans le réseau Biocoop. À noter : d’autres acteurs comme Andines, Artisanat SEL, Altermundi ou encore la société Guayapi, spécialiste des plantes tropicales (stévia, warana…), ont eux aussi adopté cette démarche.
Max Havelaar, une filière labellisée
Max Havelaar n’apparaît qu’au début des années 1990 en France. Créé en 1988 par deux Néerlandais, le label Max Havelaar permet à une communauté d’Indiens de vendre au prix juste leur production de café à des torréfacteurs et des distributeurs européens. Si la tâche a été rude à l’époque, elle a abouti à la création de l’UCIRI (Union de comunidades indigenas de la region del Istmo), première coopérative labellisée Max Havelaar. Celle-ci compte aujourd’hui près de 3 000 membres.
L’association Max Havelaar France est aujourd’hui chargée de gérer et de promouvoir le label FairTrade Max Havelaar, un système de garantie privé qui concerne des produits issus de l’agriculture (café, cacao, thé, fruits, céréales, coton, karité…) et achetés selon les critères de commerce équitable. Près de 3 500 produits labellisés Fairtrade Max Havelaar sont aujourd’hui commercialisés par près de 200 marques françaises. Le torréfacteur breton Lobodis, créé en 1988 par Olivier Bernadas, a été le premier labellisé. L’entreprise travaille aujourd’hui avec 30 coopératives de producteurs en Bolivie, au Mexique, au Guatemala, au Pérou ou encore en Éthiopie. En plus d’être labellisés FairTrade/Max Havelaar, les cafés Lobodis sont certifiés biologiques. Une association évidente.
Le commerce équitable en chiffresEn 2014, près de 500 millions d’euros (contre 94 millions en 2004) de chiffre d’affaires sont générés par la vente de produits issus du commerce équitable. |
Pour en savoir plus sur le commerce équitable :
www.jeconsommeequitable.fr
www.commercequitable.org
www.mouvement-equitable.org
À lire :
Revue Alter Mondes, www.altermondes.org
« La face cachée du commerce équitable : comment le business fait main basse sur une idée généreuse » de Frédéric Karpyta (Bourin Éditeur, 2009).
À lire sur notre site :
Commerce équitable et produits bio, une association évidente
L’équitable « nord-nord », un axe pour redévelopper le local