Concours Fermes d'avenir : un coup de projecteur sur les fermes de demain
Matthieu Dunand, Jérôme Dethes et Gwenaël Chardon, maraîchers en Haute-Savoie, veulent créer des outils agricoles en open source pour faciliter la vie des paysans. Dans le Morbihan, Pierre Tranchant, paysan boulanger bio, et sa compagne, qui élève des chèvres, vont investir dans un micro-méthaniseur pour faire fonctionner leur ferme à l’énergie renouvelable. Dans l’Eure-et-Loir, les frères Pelletier, paysans, meuniers et boulangers, travaillent en rotation culturale agroécologique, avec une meule de pierre et un four à biomasse. Ils souhaitent expérimenter l’agroforesterie. La ferme du Petit Changeons, dans le Pays d’Avranches en Basse-Normandie (photo), intègre un élevage de races locales de vaches et de chèvres.
Tous font partie des lauréats du concours lancé au printemps 2015 par l’association Fermes d’Avenir et La Ruche qui dit Oui. Le principe : récompenser des fermes porteuses de projets innovants favorisant la commercialisation locale, la vie des sols et la biodiversité. Autrement dit, donner un coup de pouce aux initiatives qui construisent un modèle agricole responsable et durable.
Tripler la dotation
Chacun des treize lauréats a d’ores et déjà gagné une dotation de 10 000 euros, financée par les partenaires de l’opération : le groupe Clarins, la Fondation Lemarchand (Nature & Découvertes) et BNP Paribas. Fin septembre, une campagne de financement participatif sur la plateforme spécialisée dans l’agriculture durable, Blue Bees, vise à compléter cet apport d’un montant pouvant atteindre jusqu’à 20 000 euros supplémentaires par projet.
« L’objectif est de tripler la dotation initiale pour permettre aux lauréats d’aller au bout de leur initiative. Au-delà, le financement participatif est aussi une façon d’impliquer les citoyens dans les projets », explique Maxime de Rostolan, fondateur de l’association Fermes d’Avenir et créateur de la plateforme Blue Bees. Tout un chacun peut ainsi participer au financement et bénéficier en retour d’intéressantes contreparties, comme une initiation à la permaculture, par exemple.
Départager les candidats parmi plus de deux cents postulants n’a pas été facile. Les onze membres du jury, parmi lesquels Nicolas Hulot, ambassadeur de France pour le climat, André Bergot, administrateur du mouvement interrégional des Amap, ou encore Claire Uzan, fondatrice d’Horizon Permaculture, ont eu la lourde tâche de sélectionner une candidature par région (sur la base de la nouvelle carte territoriale). Avec parfois plus de trente propositions pour un même territoire ! « Nous voulions montrer que des initiatives émergent partout en France, d’où ce choix d’un projet par région », explique Maxime de Rostolan. Les candidats devaient avoir au moins deux ans d’existence pour encourager « des producteurs ayant certes la tête dans les étoiles, mais aussi les pieds dans la terre ».
Celui qui a imaginé le concours avec son compère, Guilhem Chéron, fondateur de la Ruche qui dit Oui, expérimente lui-même depuis deux ans une micro-ferme en Touraine, au domaine de La Bourdaisière. Son objectif : montrer que l’agroécologie peut être plus rentable que l’agriculture conventionnelle, en faisant suivre son projet par Kevin Morel, doctorant à AgroParisTech/Inra, qui travaille à la viabilité économique des micro-fermes périurbaines. Le concours s’inscrit dans le droit fil de cette expérience. Les Fermes d’Avenir n’en sont qu’à leur début.
Calendrier
Fin septembre : Lancement d’une campagne de financement participatif pour soutenir les projets, qui pourront ainsi obtenir jusqu’à 30 000 €.
Décembre : Remise officielle des prix à l’Unesco à tous les lauréats.
Janvier 2016 : Lancement d’un webdocumentaire suivant les projets.
Juin 2016 : Portes ouvertes
des fermes lauréates.
Tous les lauréats sur blog.laruchequiditoui.fr