Biodimestica : des fruits et légumes sans frontières

Mais où sont passés les fruits et légumes d’antan ? Des centaines de variétés locales ne subsistent que quelques rares fruits et légumes uniformes vendus toute l’année ! Pourtant ce patrimoine végétal n’a pas encore complètement disparu. Il survit chez quelques semenciers, jardiniers et au sein des instituts de conservation publics. En Belgique, le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) de Gembloux gère depuis trente ans une des collections de variétés d’arbres fruitiers parmi les plus riches d’Europe. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le Centre régional de ressources génétiques (CRRG), s’investit quant à lui depuis 1985 dans la conservation et la valorisation des variétés de légumes régionaux. Plus de 150 variétés ou sélections locales ont déjà été identifiées et sauvegardées par celui-ci.

Anciennes variétés : le retour

En 2008, ces deux organismes ont décidé de s’unir afin de valoriser ce patrimoine. Associés au Centre Technique Horticole (CTH) de Gembloux au sein du programme européen Interreg IV Biodimestica, ils coopèrent pour collecter, caractériser et conserver des variétés anciennes de légumes ou de fraisiers du Nord-Pas-de-Calais et de Wallonie. Nous avions chacun développé des compétences particulières mais complémentaires dans la préservation des anciennes variétés de fruits et légumes. Les associer nous a permis d’être plus dynamiques et de développer de nouvelles idées et programmes, explique Marc Lateur, coordinateur de l’Unité Amélioration des Espèces & Biodiversité au CRA-W. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le travail du CRRG en lien avec ses partenaires belges, a déjà abouti à la reconnaissance de plusieurs variétés traditionnelles : laitue de Lille, carotte géante de Tilques à pétioles verts, flageolet du Nord dit chevrier. D’autres démarches de valorisation sont engagées comme pour l’échalote Ardente, originaire de Quarouble, dont l’inscription et la multiplication sont en cours.

Recherche légumes désespérément !

Mais alors que certaines variétés locales sont aujourd’hui sauvées de l’oubli, d’autres ne sont pas encore identifiées ou n’ont pas été retrouvées comme l’asperge de Gand, le chou de Béthune ou le radis rave d’Amiens. C’est donc un véritable avis de recherche à destination des particuliers qui a été lancé dans le cadre projet Biodimestica. Le patrimoine que nous tentons de préserver est extrêmement fragile. Si on ne le recueille pas auprès des personnes qui cultivent ces variétés parfois depuis des générations, celui-ci est perdu. C’est un véritable travail d’ethno-botanisme !, ajoute Marc Lateur. Un appel qui a déjà porté ses fruits. Depuis le début du programme, une septantaine de variétés de fraisiers et une vingtaine de variétés de légumes ont pu être recueillies des deux côtés de la frontière ! Avis aux jardiniers amateurs.

Mise à disposition du public

Le sort de tous ces fruits et légumes n’est pas de rester confinés dans des champs expérimentaux, que du contraire : Une des richesses du projet est qu’il se fait grâce au grand public mais aussi pour le grand public. Une partie de ces variétés sont déjà mises à disposition des particuliers. Du moins les plus intéressantes pour une culture d’amateur, c’est-à-dire des plantes qui ne doivent pas être traitées. À terme, certaines variétés pourraient aussi être proposées aux maraîchers belges et français. Des essais de créations de nouvelles variétés de poires à partir de croisements issus de variétés oubliées sont aussi en cours en Belgique et en France. Et les premiers résultats gustatifs sont enthousiasmants ! Prévu pour s’arrêter fin de cette année, le projet Biodimestica va finalement pouvoir être prolongé jusqu’en décembre 2013. Un autre projet pourrait ensuite prendre le relais. Il continuera le travail accompli et cernera les variétés fruitières qui pourraient être utilisées par les fruiticulteurs bio du groupement franco-belge Transbiofruits. 

Infos

CRRG
Tél. : (+33) 03 20 67 03 51
www.enrx.fr
CRA-W
(+ 32)081/62 03 14
www.cra.wallonie.be