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Roundup : à peine dilué

Roundup : à peine dilué

C’était en 2008. La journaliste et militante écologiste Marie-Monique Robin sortait un documentaire qui allait faire grand bruit et réveiller les consciences de nos concitoyens (et de nos dirigeants). « Le monde selon Monsanto ». Tout un programme… Déjà à l’époque, la multinationale américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles était pointée du doigt par la réalisatrice et quelques autres associations écologistes pour ses produits néfastes et ses méthodes peu éthiques. Et pour son herbicide phare, le Roundup, qu’elle commercialisait depuis… 1975. Un produit violemment décrié pour ses effets délétères sur la santé des agriculteurs, témoignages à l’appui.

Au-delà des partis écologistes, s’en est suivie une vague européenne anti-Monsanto. Nous voulions que soient bannis ses produits de nos étals. Il aura pourtant fallu attendre sept ans pour que le Roundup et sa substance active, le glyphosate, soient reconnus comme « probablement cancérigènes » par l’OMS. Ce fut au mois de mars. Et pour que nos instances dirigeantes se décident enfin à les interdire. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a en effet déclaré le mois dernier qu’elle entendait déposer un amendement à la loi sur la transition énergétique afin que cette interdiction prenne effet le 1er janvier 2016. Doit-on se réjouir ? Sans doute, mais modérons tout de même notre enthousiasme.

D’abord, parce que le plan Ecophyto, lancé pour réduire progressivement l’utilisation des produits phytosanitaires, et la loi Labbé, qui vise à éradiquer les pesticides des espaces verts, prévoient déjà cette interdiction. Les deux lois doivent entrer en vigueur respectivement en 2018 et 2020. Ensuite, parce que l’amendement tel que proposé par notre ministre ne concernera que les jardiniers amateurs et les jardins publics. Une aberration. Quid des agriculteurs, en première ligne depuis des décennies et exposés eux-mêmes à des risques de cancers et de maladies neurodégénératives accrus ? Ont-ils entre-temps développé une résistance immunitaire qui les protège de ces poisons ? Rappelons aussi que le Roundup destiné aux particuliers représente moins de 10 % du Roundup vendu en France…

Ainsi font les marionnettes...

Effet d’annonce il y a eu, joli coup de com' également. Mais l’opinion publique et les observateurs de tout bord ne sont pas dupes. Ces mesurettes n’ont rien d’une révolution, à peine peuvent-elles être qualifiées d’évolution.
Comme nous le savons enfin, et pour nous, c’est là le pire, l’essentiel de nos lois est aujourd’hui édicté à Bruxelles. Vous nous direz, cela laisse tout le loisir à notre représentation nationale de soigner son jeu sur une scène devenue plus théâtrale que véritablement politique, au sens du bien de la cité. Vous vous souvenez de la chanson « Ainsi font les marionnettes » ? C'est pathétique, mais cet air arrive spontanément dans la tête lorsqu'on se rapproche de la scène. Il suffit d'aller visiter les sites officiels de l'Assemblée, du Sénat et des ministères...

En septembre 2013, le journaliste Hervé Kempf, auteur de « Comment les riches détruisent la planète », « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » et « Fin de l’Occident, naissance du monde », quittait la rédaction du Monde après un échange avec le directeur adjoint de la rédaction, Didier Pourquery, qui lui refusait la couverture du dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les articles déjà publiés par Hervé Kempf avaient-ils déplu à François Hollande, tandis que trois éditoriaux du quotidien avalisaient le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG, signé en 2012) ? Hervé Kemps s’étonnait auprès de son supérieur des « vues très tranchées » de son « camarade assurant la chronique Europe », en « (restant) à ces exemples ». Nous aussi. Lorsque l’écologie sera vraiment au menu dans notre pays, nous reparlerons de Monsanto. Next round.

 

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