Alimentation animale : quand les animaux se mettent au régime oméga 3
« On a tous le droit de bien manger », martèle Pierre Weil, emblématique coprésident de l’association Bleu-Blanc-Cœur. Il tient une conférence de presse à Chateaugiron (Ille-et-Vilaine) à l’occasion des 5e Journées de la recherche de l’association avec ses partenaires historiques et son organisme de recherche, Valorex. Depuis quinze ans, l’auteur de « Mangez, on s’occupe du reste » défend une agriculture où la santé de la terre et des animaux contribue à la bonne nutrition de l’homme. Entre autres démarches, il préconise la réintroduction de graines oubliées (lupin, féverole, pois, lin) dans les cultures et l’alimentation des bêtes.
Prévenir l'usage du médicament
Riches en oméga 3, ces plantes oléoprotéagineuses sont transformées en protéines alimentaires par un procédé de cuisson unique au monde imaginé par Valorex. « Nous n’avons pas de limite, mais des besoins », explique Stéphane Deleau, directeur général de l’organisme de recherche de Bleu-Blanc-Cœur. Une vraie aubaine pour les agriculteurs qui veulent produire autrement et qui sont soucieux de la diversification de l’environnement. « Nous assurons déjà les débouchés de 400 producteurs », précise le directeur.
Pour convaincre les consommateurs, Bleu-Blanc-Cœur s’appuie sur de nombreuses études scientifiques. Elle en a déjà publié 175 dans la presse scientifique internationale et française et continue de le faire. Dernier exemple : l’analyse de la viande bovine sur animaux par infrarouge permettra d’évaluer sa qualité nutritionnelle et de contrôler la santé de nos vaches. Si besoin, ces recherches confirment l’idée de Pierre Weill de promouvoir une « agriculture santé », qui « prévient l’usage du médicament ».
Elles vont se poursuivre dans les prochaines années par de nouvelles études sur beaucoup d’autres micronutriments indispensables à notre organisme : les fibres, les antioxydants, les polyphénols, le sélénium, les vitamines et autres caroténoïdes. Reconnue par les autorités européennes et par le ministère de l’Agriculture, de la santé et de l’écologie, la marque fait un bond dans le cœur des Français et des Françaises. Plus d’un foyer sur deux, soit près de 35 millions, consomme aujourd’hui les 750 produits estampillés Bleu-Blanc-Cœur.
Sans label, mais bio ?
Mais qu’en pensent les spécialistes du « bien manger » ? Médecin et coprésident de Bleu-Blanc-Cœur, Bernard Schmitt défend bec et ongles les produits de sa filière, parfois contre les tenants des autres labels. « Il ne s’agit pas d’exclure une labellisation par rapport à une autre. Il s’agit de concilier les besoins et les exigences des producteurs par rapport à leur mode de production. » Pour lui, bio et filière Nutrition ne sont pas contradictoires, bien au contraire. « Beaucoup de nos producteurs réduisent de manière drastique les intrants dans l’alimentation animale et font du biologique sans le savoir. Mais pour des questions de coût, ils ne demandent pas le label bio. » L’argument est classique. Et compréhensible en ce qui concerne la viande, qui reste chère à produire. Toutefois, les producteurs et les éleveurs font le choix bio quand les marques distributrices le demandent à Bleu-Blanc-Cœur.
Catherine Chalom, responsable des deux magasins Biocoop parisiens (Le Retour à la Terre), est plus mitigée. « Bleu-Blanc-Cœur ? C’est du bon sens paysan. Cette filière donne aux animaux des aliments naturels riches en oméga 3. Mais ce n’est pas bio ! Rien ne garantit l’absence de pesticides ou d’herbicides dans les champs des agriculteurs… » Elle n’a donc jamais vendu de produits à la fois bio et Bleu-Blanc-Cœur. Cette militante de la première heure reconnaît tout de même à la filière Nutrition une certaine valeur. « Ce n’est pas le nec plus ultra, mais c’est un retour vers le traditionnel et une étape supplémentaire vers le meilleur. »
À lire sur notre site : La Fondation Nicolas Hulot récompense Bleu-Blanc-Cœur
Pierre Weill, fondateur et president de Bleu Blanc Coeur.