Qui est mon aromathérapeute ?
Officiellement, seuls les médecins sont habilités à établir un diagnostic et à prescrire des huiles essentielles. Les pharmaciens peuvent pour leur part prodiguer des conseils quant à leur usage médical. Problème : pendant leur cursus de formation, les médecins ne reçoivent aucun enseignement relatif à l’aromathérapie. Quant aux pharmaciens, s’ils abordent le sujet durant leur quatrième année de formation, l’étude des sciences appliquées au médicament prédomine.
« Dans les années 70-80, l’enseignement de cette discipline était encore informel et se déroulait sous forme de compagnonnage », explique Jean-Michel Morel, médecin généraliste spécialisé en phytothérapie et aromathérapie, installé à Besançon. Il s’est ainsi formé au contact du Dr Jean Valnet, chirurgien des armées, l’un des pères de l’aromathérapie française. Aujourd’hui, malgré le succès de la discipline, il n’existe toujours pas de diplôme national reconnu par l’État. Plusieurs facultés de pharmacie telles que Montpellier, Tours, Besançon ou Paris proposent toutefois des diplômes universitaires (DU) ou interuniversitaires (DIU).
Un nouveau DU
Ces formations de troisième cycle sont en général réservées aux préparateurs en pharmacie, pharmaciens, médecins, chirurgiens-dentistes et autres professionnels de santé. La plupart abordent essentiellement la phytothérapie et quelques heures sont consacrées à l’aromathérapie… Or Loïc Bureau, docteur en pharmacie et enseignant à l’université de Rennes Ie confirme, l’aromathérapie « est une vraie spécialité complexe que peu de personnes maîtrisent. Elle a ses propres principes et mécanismes d’action à la fois pharmacologiques et psychosensoriels ». Bonne nouvelle dans ce contexte insuffisant, un DU uniquement dédié à l’aromathérapie a été récemment créé à l’université Rennes I.
Cette formation continue destinée à l’ensemble des professionnels de santé se veut exhaustive en abordant 180 huiles essentielles, alors qu’une soixantaine seulement est couramment utilisée. Reste que l’aromathérapie n’étant pas reconnue par le conseil national de l’Ordre des médecins, ces derniers ne peuvent pas mentionner cette spécialité sur leur plaque professionnelle. Conscient de ce peu de visibilité, Jean-Michel Morel a créé il y a deux ans avec des confrères et des pharmaciens le Syndicat national de la phyto-aromathérapie. Cette association souhaite notamment « favoriser l’identification, la mise en réseau et la coopération entre les médecins prescripteurs et les pharmaciens dispensateurs ». Ce qui sera du plus grand secours pour les consommateurs, encore contraints d'interroger les médecins sur leur cursus…
Écoles privées
Des écoles privées, émanant souvent de laboratoires fournisseurs d’huiles essentielles, proposent aussi des formations en aromathérapie aux professionnels de santé et aux particuliers. Parmi les plus connues, le Collège international d’aromathérapie, créé à l’initiative de Dominique Baudoux, pharmacien et dirigeant de la société Pranarôm. Aromathérapeute installée en région parisienne, Aude Maillard a suivi une formation dans cette école, située en Belgique, après des études de pharmacie. Autre école très reconnue, l’École de plantes médicinales et des savoirs naturels de Lyon attire en majorité des particuliers, même si elle est accessible aux professionnels de santé.
En résumé, si l’on souhaite se soigner avec des huiles essentielles, l’automédication requiert de la prudence, notamment pour les enfants et les femmes enceintes. Le diagnostic d’un médecin reste indispensable pour le choix d’un traitement aux huiles essentielles avant de recueillir les conseils d’un aromathérapeute formé et aguerri.
* Direction générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes.
Pour en savoir plus :
Syndicat national de la phyto-aromathérapie : www.syndicat-phytoaroma.org.