Profession : cyclo-coursier !
Bruxelles vit sous le règne d’un embouteillage quasi permanent ! Quelques rares quartiers et heures de la journée échappent encore à la congestion et à la pollution généralisée. Comme la majorité des Bruxellois, Damien Lesca n’en peut plus de cette situation. Moi qui aime beaucoup Bruxelles, je suis consterné de voir qu’on ne peut pas y circuler tranquillement en famille à cause du trafic. On est perpétuellement stressé, à cause du bruit, du danger et de la pollution Damien Lesca est tout particulièrement révolté par la façon dont on envisage aujourd’hui le transport de colis en ville : On fait circuler deux tonnes de métal, mus par 50 litres de pétrole, pour transporter un petit paquet de la rue de la Loi à la rue Wiertz ! C’est un non-sens. C’est du gaspillage de ressources et des nuisances pour tout le monde. Ce constat a poussé Damien à réfléchir : ne peut-on pas faire mieux et surtout plus simple ? Notre homme aime beaucoup faire du vélo, par plaisir et comme mode de transport alternatif. Dans un projet associatif dont il fait partie, il a déjà eu l’occasion de tester des vélos-charrettes pour transporter du matériel d’animation. Parallèlement, son métier de programmeur ne lui procurait guère de plaisir. Je me suis donc un peu renseigné sur ce qui se faisait et j’ai constaté que partout en Europe, il existait des solutions pour transporter des marchandises en vélo, et parfois énormément. Mais quasi rien chez nous ! Par défi, autant pour montrer que c’est possible, que par envie de changer de vie, Damien lance en 2009 un service de livraison à bicyclette. Il choisit pour l’occasion un nom sympathique et évocateur : Dioxyde de gambettes ! Le CO2 100 % d’origine musculaire.
Des colis jusqu’à cent kilos !
Ses débuts sont évidemment très modestes. Damien commence tout seul avec un vélo léger et maniable, spécialement adapté à la jungle urbaine bruxelloise, où le moins qu’on puisse dire est que les pistes cyclables n’abondent pas – même si quelques aménagements routiers ont été réalisés ces dernières années. Très vite, la demande explose et le voilà depuis rejoint par deux autres livreurs. Leur terrain d’exercice : les dix-neuf communes de l’agglomération bruxelloise. Leur clientèle : toute personne ou entreprise qui désire faire livrer un courrier ou un paquet. Cela va des plis, enveloppes, dossiers ou pochettes, en passant par les fruits et légumes et les volumes plus gros tels de petits meubles, de l’électroménager, des outils, des compostières… Nous ne faisons pas de livraisons express, mais certains de mes collègues le font. Le but est de montrer que l’on peut livrer du poids et du volume à vélo et à la seule force des muscles. Nous livrons d’ailleurs jusqu’à cent kilos à la fois ! De juillet 2009 à fin 2011, c’est plus de 28 tonnes de colis et enveloppes qui ont déjà été transportées par Dioxyde de gambettes. Et ce sont 30 500 km de trajets qui ont échappé à la voiture, soit 5,2 tonnes de CO2 économisés. Son premier client, Damien s’en souvient très bien : C’était un agenda culturel qu’il fallait livrer dans toutes les bibliothèques de Bruxelles. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup avec les magasins bio, les snacks et les sandwicheries. Eux n’ont pas besoin de services express. Ils ont besoin que leurs produits soient livrés à temps. À Bruxelles, une voiture peut effectuer une livraison en vingt minutes quand tout va bien, mais mettra deux heures une fois sur deux, à cause des embouteillages. C’est là qu’on se rend compte qu’il y a un vrai marché pour les services de livraison à vélo qui sont beaucoup plus réguliers en matière d’horaires. Notre temps de parcours est à peu près toujours le même quoi qu’il arrive, et sur certains types de course, nous sommes moins chers que la voiture !
Des clients enthousiastes
Et les clients de Dioxyde de gambettes, comment voient-ils ce recours pour le moins original au vélo-porteur ? Avec enthousiasme apparemment, bien que les motivations des uns et des autres puissent varier. Certains comme les magasins bio, aiment la cohérence qui existe entre leurs produits et le vélo. Beaucoup veulent aussi contribuer à désengorger la ville ou lutter contre la pollution. Pour d’autres encore, c’est la rapidité de la livraison à vélo qui prime, ou le tarif, ou encore l’image sympa que ce mode de transport véhicule. Certaines entreprises sont même depuis lors passées au vélo pour une partie de leurs activités ! Si les clients sont enchantés, le regard extérieur sur le métier de cyclo-coursier est parfois plus mitigé. Les livreurs à bicyclette sont ainsi quelquefois victimes d’une image rétrograde. Damien Lesca lui s’insurge : Je ne suis pas un passéiste. Je ne cherche pas à montrer que c’était mieux avant. Je n’ai d’ailleurs rien contre les nouvelles technologies. Mon défi, c’est de montrer qu’en ville, le vélo mu par la seule force humaine est plus efficace, plus économique et plus écologique dans la plupart des cas. Le passage au vélo à assistance électrique, on ne l’envisage d’ailleurs pas vraiment chez Dioxyde de gambettes : trop contraignant en matière de poids, d’autonomie et de coût. Pourquoi serait-ce plus moderne, s’exclame aussi Damien. Le vélo classique est tout aussi efficace !
L’idée de Damien Lesca fait en tout cas des émules. À Bruxelles par exemple, un électricien intervient chez tous ses clients à bicyclette ! Et s’il a des objets pesant à transporter, c’est à Dioxyde de gambettes qu’il fait appel. Décidément, la petite reine n’a jamais aussi bien porté son nom.
Plus d'infos
0487/38.87.70
www.dioxyde-de-gambettes.com