Bruxelles-Astana en vélo solaire, le fabuleux défi de Guillaume Bruyr

PUBLIÉ LE 21 août 2013
 

Ingénieur industriel en construction, passionné d’aventures et de voyages, Guillaume Bruyr s’est lancé l’incroyable défi de parcourir quelque 10 000 kilomètres en vélo solaire électrique. Il a quitté Bruxelles ce 26 juin en fin d’après-midi et il a mis le cap sur Astana, la capitale du Kazakhstan, qu’il espère rejoindre le 7 octobre, jour de son anniversaire.

 

Guillaume Bruyr, un Dionais (entendez de Dion-Valmont) de 23 ans, est parti en expédition, du nom de code Kazakh Trike, aux commandes d’un trike solaire avec remorque, qu’il a conçu de A à Z. Une éco-aventure inédite, un défi personnel peu commun, à la fois technologique et sportif.

Six semaines avant son départ, il nous a longuement parlé de sa future expédition, avec le soleil comme copilote. Dans ses yeux brille la volonté de toujours en faire plus, d’aller au bout de ses rêves.

Commençons par l’aspect matériel. En quoi consiste un trike solaire ?

C’est un vélo électrique à trois roues, deux à l’avant et une à l’arrière, assez bas et aérodynamique, avec lequel je pédale en position couchée sur un siège, ce qui est très luxueux pour mon postérieur. J’ai mis une année pour le fabriquer dans mon garage et je l’ai notamment testé au Mont Ventoux.

Ce vélo tracte une remorque nécessaire pour les 30 kg de bagages. Le trike comme la remorque sont surmontés d’une structure en aluminium qui sert à accueillir des panneaux photovoltaïques semi-flexibles, légers et placés horizontalement pour obtenir la meilleure efficacité en été vu que le soleil est haut. Les panneaux servent à recharger deux batteries qui alimentent un moteur électrique situé dans la roue arrière du trike.

Cet équipement est destiné à me faciliter le pédalage dans les montées. Les batteries me permettent aussi de stoker l’énergie solaire non utilisée et de la restituer au moment voulu. Mais la force de mes mollets reste nécessaire. On peut dire que le véhicule fonctionne avec 50 % d’énergie solaire et 50 % d’énergie musculaire. C’est un véritable confort pour les 100 à 150 km que je vais parcourir tous les jours.

Un point sensible c’est toujours le budget. Qu’en est-il ?

Pour la préparation du projet, à savoir le prix du trike, de tout l’équipement et du matériel, ce qui comprend notamment les sacoches de vélo, la tente, le réchaud, une caméra, un appareil photo, un GPS, un ordinateur… j’ai compté qu’il me fallait environ 9 000 € pour y arriver. À ce montant, viennent s’ajouter les frais pendant l’aventure, mes dépenses quotidiennes, le passeport et les visas, ainsi que le trajet de retour avec le rapatriement du trike.

J’ai plusieurs partenaires qui me soutiennent dans l’aventure, en échange de stickers sur le véhicule et d’une visibilité dans les médias. L’an dernier, à l’issue de mes études, tout en réalisant une année de gestion supplémentaire, j’ai aussi travaillé pendant six mois.

Parlons du périple. En quoi consiste le parcours ?

 Je vais d’abord me diriger vers l’Est, puis passer par les Balkans, le long de l’ancien rideau de fer où une sorte de Ravel a été aménagé, et atteindre Istanbul. Après avoir traversé la Turquie, en longeant la mer Noire, puis la Géorgie et l’Azerbaïdjan, j’arriverai à Bakou. 

De là, je franchirai la mer Caspienne pour rejoindre l’ancienne route de la soie et parcourir les steppes mystérieuses d’Asie centrale, en passant par l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, et donc aussi par la mer d’Aral et le centre spatial de Baïkonour. Astana sera le terme de mon périple. J’ai hâte de découvrir toutes ces contrées et d’aller à la rencontre de leurs populations.

Quelle a été votre préparation et quel régime alimentaire avez-vous prévu ?

Ma sœur, qui est kiné, et mon frère, qui est un ancien champion de VTT, m’ont donné tous les conseils sportifs dont j’avais besoin. J’ai fait beaucoup de vélo, quasiment tous les jours, et de la course à pied, mon sport de prédilection, avec une participation aux 20 km de Bruxelles.

J’ai aussi travaillé le mental. Je sais que certaines personnes s’inquiètent pour moi, me disent que c’est dangereux. J’ai connu des moments d’incertitude. Mais j’ai la volonté d’aller jusqu’au bout et c’est une expédition bien préparée. J’ai bien expliqué mon projet à ma famille. Mes proches et mes amis me soutiennent.

En ce qui concerne le régime alimentaire, j’emporte un réchaud et je compte manger un maximum local pour ne pas me charger inutilement. J’ai aussi les nouvelles barres énergétiques 100 % bio d’un de mes sponsors, Freja Food, et des flocons d’avoine pour le déjeuner.

Je vais aussi devoir bien gérer la question de l’eau. C’est important de boire beaucoup et de manière régulière. Durant la première partie du périple, en Europe, je pourrai facilement m’approvisionner. 

Par la suite, dans les zones désertiques, ce sera nettement moins évident, raison pour laquelle, là-bas, je vais surtout rouler le matin et le soir. J’ai aussi un tableau de l’US army pour bien évaluer les quantités que je dois absorber et un petit filtre avec une commande pour pomper l’eau d’une flaque par exemple.

Comment en arrive-t-on à mettre sur pied un tel projet et quelles sont vos motivations ?

J'aime beaucoup voyager et je suis curieux de découvrir le monde qui m’entoure. Pendant mes études, j’ai déjà réalisé deux grands projets. Je suis parti au Kenya comme volontaire pour y planter des arbres Papaye avec une équipe internationale mais aussi pour y réaliser l’ascension du mont Kenya. J’ai également participé, avec un équipier, au 4L Trophy en 2011, un raid à travers le Sahara et l’Atlas marocain dans une vieille Renault 4L que nous avions entièrement restaurée. Deux expériences inoubliables !

Cette fois, j’ai opté pour un périple humain, à la découverte d’autres cultures et d’autres langues, sans pare-brise qui me sépare des populations locales. C’est d’abord le goût de l’aventure, mon côté globe-trotteur, qui me motive et le fait de pouvoir démontrer qu’il est possible de voyager autrement. Bien sûr, il s’agit aussi d’une expédition sportive et d’un projet respectueux de l’environnement. D’où d’ailleurs cette idée de me déplacer en trike solaire.  

 

Cette formidable aventure est à suivre sur :

• le site web de Guillaume Bruyr: kazaktrike.tk
• sa page Facebook : www.facebook.com/kazak.trike
 

Propos recueillis par Luc Ruidant

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