Wallonie : des « étoiles » pour le tourisme durable
Comment comptez-vous développer le tourisme durable au niveau wallon ?
Nous avons initié une démarche qualité au niveau sectoriel grâce à un plan baptisé Destination 2015. Ce plan est le résultat d’une concertation que j’ai organisée en 2010 avec l’ensemble du secteur. Trois priorités de développement ont pu être mises en avant à cette occasion par le secteur : le tourisme d’affaires, le tourisme des villes d’art et de culture et enfin, le tourisme vert. Le plan Destination 2015 regroupe toutes ces priorités au travers d’une démarche de qualité. Il faut partir en effet du principe que la Wallonie n’est pas la Costa Brava, ni les Alpes. Nous avons certains atouts comme notre positionnement géographique, comme la densité des villes, le tourisme vert, mais elle n’est pas encore une destination touristique reconnue au niveau européen, ni même chez nous. Un exemple, le touriste belge dépense en moyenne 2 500 euros par an et par ménage. C’est un des budgets les plus importants au niveau européen. Mais ce même touriste dépense à peine 10 % de ce chiffre dans son propre pays ! C’est un triste record européen. Un des positionnements que l’on doit avoir, ce n’est pas le seul, est donc le développement d’un tourisme de qualité qui peut attirer le touriste d’ici et d’ailleurs. Pour ça, nous avons développé un label de qualité, en nous inspirant de ce qu’a fait la Suisse. Son avantage est d’être une démarche bottom-up, qui donne des indicateurs de qualité à chacun des opérateurs, notamment en matière de tourisme durable.
Certains labels existent pourtant déjà en matière d’écotourisme, de tourisme durable : Clé Verte, Éco-gîtes, Gîtes Panda etc. Pourquoi créer une autre forme de labellisation ?
D’abord parce qu’il est difficile d’avoir un label unique quand on voit la diversité du secteur. Cela va de la multinationale au micro-opérateur local. Ensuite, nous avons réalisé l’inventaire de toutes les démarches qualité, et notamment les démarches durables, qui existent. Mais elles sont à ce point contraignantes que peu d’opérateurs les suivent. Certains abandonnent la démarche à un moment donné, d’autres perdent parfois leur label suite au non-respect d’un seul critère. Pour ces opérateurs, cela équivaut à la perte d’une étoile pour un hôtel. Nous avons donc préféré cette démarche suisse, qui est aussi utilisée en Alsace ou au Luxembourg. Elle s’avère au départ moins contraignante, mais elle permet surtout aux opérateurs de se former petit à petit au processus de qualité, entre autres en matière de tourisme durable. La qualité, ça ne se décrète pas, ça se construit ! Notre démarche est d’instituer d’abord un inventaire de l’état de qualité dans laquelle l’opérateur touristique se trouve : niveau 1, niveau 2, etc., jusque 4. Ensuite, nous voulons lui donner les outils pour passer au niveau supérieur. Mais il ne sert pas à grand-chose de viser directement le niveau 5. C’est trop contraignant et cela demande sans doute trop d’investissement pour l’opérateur touristique. La démarche que j’ai instituée est vraiment une démarche qui permet de gravir pas à pas le processus de qualité, pour arriver le plus loin possible, en tout cas là où l’opérateur le souhaite par rapport à sa clientèle, mais aussi à la taille de son activité.
Que ferez-vous pour les labels ou les initiatives déjà existantes en matière d’écotourisme ? Comptez-vous les promouvoir aussi ?
Ces initiatives sont louables et ont le mérite d’exister. Et on pourrait envisager de promouvoir ceux qui s’engagent dans cette voie, par exemple. Mais je ne peux pas soutenir spécifiquement chacun des labels. Cela nécessiterait pour moi des moyens financiers et humains trop importants. De plus, ces démarches n’intéressent finalement qu’une minorité des opérateurs, convaincus, voire militants. Mais ce n’est pas le cas de la majorité des autres opérateurs touristiques. Ce n’est pas non plus ce que la majorité des consommateurs demandent. C’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix, après étude, de soutenir ce label de qualité suisse.
Concrètement quels critères seront utilisés dans le plan Destination 2015 en matière de tourisme durable ?
Ça peut-être des critères sur la consommation d’électricité, le niveau d’isolation des chambres s’il s’agit d’un hôtel, ou l’analyse de la qualité de l’eau, s’il s’agit d’un site de baignade comme les Lacs de l’Eau d’Heure. Est-ce qu’une analyse est prévue ou pas, vous place par exemple dans un niveau de qualité différent. La démarche permet aussi de travailler sur les flux et notamment toute la question des déplacements, de la mobilité.
Il y a par exemple toutes les synergies par rapport aux transports en commun, existantes ou à créer.
Vous comptez prendre d’autres initiatives en matière de tourisme durable ?
Oui, il y a le Projet EDEN de la Commission européenne, lui aussi prévu dans le Plan Destination 2015. C’est un projet qui met en lumière les meilleurs exemples de développement touristique durable en Wallonie. Depuis 2011, nous avons également rejoint le réseau EDEN + qui a pour but de promouvoir les lauréats des années précédentes et d’augmenter la visibilité de l’initiative dans sa globalité. Nous avons aussi entamé une revalorisation du tourisme de proximité. Ce tourisme de proximité constitue une part très importante du marché touristique en Wallonie et certainement une forme importante de tourisme durable. Il est nécessaire de conforter et de renforcer cette tendance. Enfin, je compte aussi encourager des mesures visant à favoriser les économies d’énergie dans les hébergements touristiques. J’ai demandé à mon administration de se concentrer sur la mise en œuvre d’une fiche dans le plan Destination 2015 dont le double objectif est de réduire l’impact de la consommation d’énergie dans les hébergements et de sensibiliser les exploitants et les usagers aux économies d’énergie.
Réduire l’empreinte écologique Clé Verte : le plein de nouveaux labellisés ! Clé Verte (ou Green Key, en anglais) est un écolabel international, décerné annuellement, qui distingue les lieux d’accueil pour leurs démarches et leurs performances en matière d’environnement. Concrètement, les établissements labellisés Clé Verte ont réduit leur empreinte écologique en limitant leur consommation d’énergie et d’eau, ainsi que leur production de déchets, en utilisant des produits de nettoyage plus respectueux de l’environnement, en proposant des produits alimentaires bio, locaux, équitables, etc. Et ce, sans que l’expérience ou le confort de leurs clients, hôtes ou visiteurs en soit affecté ! Fin 2012, ce prestigieux label a été décerné à plusieurs nouveaux hébergements wallons et/ou bruxellois, et la plupart des labellisés de l’année 2011 ont renouvelé leur labellisation. À Bruxelles, par exemple, treize nouveaux lauréats ont reçu leur certificat : six hôtels, dont un cinq étoiles (Le Stanhope), deux Bed and Breakfast, deux auberges de jeunesse, et enfin, et pour la première fois, trois salles de spectacles ! |