Huîtres d’été : gare aux triploïdes!
Sur la côte, les mois « sans r » à la fin, traditionnellement impropres à la consommation d’huîtres, sont aussi ceux des touristes. Un marché juteux. L’Ifremer a ainsi commercialisé dès l’an 2000 une huître stérile, sans laitance car triploïde, avec un chromosome en trop par paire, consommable toute l’année. On pourrait écrire trisomique, mais un terme plus attrayant commercialement a été retenu : quatre-saisons. La triploïde n’est donc pas un organisme transgénique, car sans apport de gènes extérieurs. Néanmoins, elle possède plusieurs caractéristiques des OGM : elle est bien sûr stérile, ce qui implique que les jeunes huîtres doivent être achetées, rendant l’ostréiculteur dépendant du fournisseur. L’élevage en pleine mer ne pose pas pour l’instant de problème de dissémination, à moins que les sacs ne s’ouvrent et que les triploïdes passent en phase reproductive. Avoir « des huîtres toute l’année » est à ce prix.
Car la triploïde a ses avantages : pas de laitance et une croissance plus rapide, soit deux années au lieu de trois, car elles ne perdent pas d’énergie à se reproduire. Leur consommation ne semble pas avoir entraîné d’effets nuisibles chez le consommateur, mais aucune étude sanitaire n’existe sur le sujet. Elles représenteraient la moitié des 102 200 tonnes d’huîtres produites en France chaque année.
Problème : leur signalement n’est pas obligatoire sur l’étalage du poissonnier, ni au restaurant. Pour choisir une non-triploïde, optez pour une huître bio, une laiteuse ou une garantie « née en mer » (donc pas en labo) des « ostréiculteurs traditionnels ».