Biocoop, grandir sans perdre son identité

PUBLIÉ LE 05 novembre 2012

Début septembre, le gérant de deux magasins Biocoop a claqué la porte du groupe coopératif, n’étant plus en phase avec certaines de ses règles. Il n’empêche, le premier réseau indépendant de la distribution de produits bio en France entend poursuivre son développement. En restant au plus de près de ses convictions : exigence, militantisme et coopération.

 

 

Avec 330 magasins dans toute la France, le réseau Biocoop s’est fortement développé ces dernières années et vise les 500 magasins d’ici à 2015. L’association, créée en 1986 par des producteurs et des consommateurs, est devenue aujourd’hui un groupe coopératif, leader de la distribution de produits bio devant La Vie claire, son challenger avec plus de 210 magasins. Depuis 2008, en moyenne, une vingtaine de magasins ouvre chaque année, soit par le biais de nouveaux porteurs de projet, soit par l’essaimage (un adhérent, déjà gérant d’un magasin, en ouvre un second). Mais, si le réseau grandit, son président ne souhaite pas pour autant perdre de vue les fondements de la coopérative. « Les sociétaires adhèrent à un projet : développer une agriculture biologique en France et rendre le bio accessible au plus grand nombre. Ils ne sont pas là que pour le tiroir caisse », insiste Claude Gruffat, président de Biocoop. L’enseigne a d’ailleurs récemment réaffirmé ses convictions sur un « marché de la distribution bio qui voit les profils opportunistes et mercantiles se multiplier »

Producteurs, salariés, gérants et consommateurs, véritables acteurs du réseau, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ceux qui choisissent de rejoindre Biocoop doivent également être en phase avec la charte du groupe qui stipule par exemple que le réseau, « en partenariat avec les groupements de producteurs, crée des filières équitables fondées sur le respect de critères sociaux et écologiques exigeants et s’engage sur la transparence de ses activités et la traçabilité de ses approvisionnements ». « L’érosion du nombre des sociétaires [NDLR : adhérents de la coopérative] n’est pas un phénomène nouveau. Chaque année, une quinzaine de magasins quittent le réseau. Certains ferment, sont exclus ou démissionnent », constate Claude Gruffat.

Trop de règles ? 

Début septembre, c’est Jérôme Bernard, gérant de deux magasins en banlieue toulousaine, qui a quitté le bateau. Après douze ans dans la grande distribution, cet ingénieur agronome, qui s’est intéressé à la biodynamie, avait décidé en 2007 d’adhérer avec sa femme au réseau Biocoop. « Fin 2008, avec l’arrivée de la crise financière, l’enseigne s’est recroquevillée sur elle-même en nous demandant de nous approvisionner davantage auprès de sa centrale d’achat. Cette règle m’a surpris. Pour moi, le réseau a choisi de mauvaises solutions pour un vrai problème », raconte-t-il. Des divergences de point de vue qui n’ont pas empêché Jérôme Bernard d’ouvrir un second magasin en 2011. Mais le gérant ne semble désormais plus en phase avec le réseau auquel il reproche un excès de règles et de contraintes, toujours croissant. 

Didier Chia, gérant depuis vingt ans d’un magasin Biocoop en Haute-Garonne, ne partage pas cet avis. « Il y a plus de règles et de contraintes parce que nous le voulons bien : nous les votons à la majorité. Dans un système coopératif, une personne équivaut à une voix », constate-t-il. Et quand Jérôme Bernard dénonce par exemple un choix arbitraire des fournisseurs, Claude Gruffat rappelle que les sociétaires n’ont aucune obligation en termes d’achats. Ils ont accès à un catalogue et bénéficient de mesures incitatives en fonction du taux d’achats à la centrale et aux producteurs locaux, situés à 150 km maximum du magasin. Cette dernière règle semble toutefois poser question à certains sociétaires et producteurs. Pourquoi un producteur ne serait plus considéré comme local quand il est situé à plus de 150 km ? Un collectif devrait se créer prochainement pour y réfléchir. 

Partenariats, des vues sur l’Europe

Biocoop pourrait prochainement se développer au-delà des frontières françaises. Des porteurs de projet suisses, belges, et italiens ont déjà pris contact avec l’enseigne. « Nous n’avons pas de plan offensif mais nous sommes plus structurés pour y répondre ponctuellement », précise Claude Gruffat, président de Biocoop.


Mairie Lepesant

1 commentaire

Connectez-vous ou inscrivez-vous dès maintenant pour publier un commentaire !
Sabine
06 janv. , 2013, 00:43
Signalez un abus

Article intéressant il en faudrait beaucoup plus. Je suis cliente d'une Ex Biocoop ayant quitté le réseau il y à quelques années dont je connaissais un responsable.

Ce Mr Bernard a raison sur toute la ligne, bravo à lui de balancer la vérité.

A ce jour les magasins bafouent les valeurs et ne sont plus indépendants, ils sont incités à travailler exclusivement avec la centrale pour avoir la plus belle remise en fin d'année, la carotte est bonne? allez-vous acceptez ça longtemps? 52 est un signe de rupture,non?

"Claude Gruffat rappelle que les sociétaires n’ont aucune obligation en termes d’achats. "

Les magasins ne doivent-ils pas obligatoirement référencer les produits du tronc commun en fonction de leur CA?

"Didier Chia, gérant depuis vingt ans d’un magasin Biocoop en Haute-Garonne, ne partage pas cet avis. « Il y a plus de règles et de contraintes parce que nous le voulons bien : nous les votons à la majorité"

52% des magasins ont imposé la nouvelle grille tarifaire aux autres, l'écart se réduit, comment ça va finir? Pour moi des magasins Biocoop ayant tous les mêmes produits ne peuvent se revendiquer être des indépendants et aujourd'hui la majorité ne font que leurs achats par le biais de leur centrale, plus de référencement en direct ce qui signifie la mort des petits fournisseurs au détriment des gros, dont on peut pour certains les retrouver en gms. Sabine une ex-cliente déçue.


Répondre

Retour en haut