Énergies d’avenir

PUBLIÉ LE 08 décembre 2014

 

Voir la « Vague » d’Hokusai, en vrai, c’est déjà impressionnant. Après la catastrophe de Fukushima, ça l’est encore plus. L’expositionconsacrée à Paris au célèbre illustrateur ne fut pas la seule à mettre le Japon à l’honneuren 2014. Le pays du Soleil Levant a marqué la mode, les arts, lacuisine… Il marque à présent ce dernier numéro de l’année, grâce à un voyage de Clara Delpas sur le lieu de la catastrophe,trois ans et demi après (à lire en page 6).

« La Vague de Kanagawa », sous son verre de protection dansune salle sombre du Grand Palais, m’a rappelé la crainte queconnaissent depuis toujours les habitants de ce pays insulaire,soumis aux caprices de la nature, et à présent à ceux de leurlobby nucléaire. À la gestion kamikaze de leur État, noyautécomme le nôtre par les tenants du nucléaire. Car la vague de Fukushima est bien arrivée jusqu’à nous – via la contaminationdes océans et des denrées qui en sont issues.

Une catastrophe comme celle-ci aurait dû non seulementraviver les craintes, dont la violence de certaines manifestations est le reflet maladroit, mais aussi aider nos gouvernants à leverl’omerta qui règne sur notre politique nucléaire à nous, uniqueau monde. Il n’en est rien. Les « nucléocrates », comme les appellel’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage (à lire enpage 60), se comportent avec la sécurité de nos centrales commeles dignes successeurs des Pierre Pellerin et autres professeursau CV long comme le bras, souvent proches d’EDF, qui ont cachéaux Français les conséquences de Tchernobyl.

Chez EDF, noyau dur du lobby chargé de défendre les enjeuxfinanciers de cette industrie, la retraite à 60 ans, on n’en veutpas… sauf pour les centrales ! À tout prix. Sur la sécurité, lagestion des déchets ou la santé des personnes habitant près desinstallations, la transparence attendra.

A-t-on des projets dans les énergies renouvelables ? Oui, maison comprend que la manne n’est pas immédiatement prête à retomber. Il y a pourtant des intérêts à développer, des recherches à mener, des expériences à faire, et pas seulement à perte, commeessaient de nous le faire croire les tenants du tout nucléaire. Mais les énergies renouvelables ne s’accomoderont pas de la gestionétatique et centralisée de l’énergie que nous avons connue.

Les énergies renouvelables sont un avenir tout à fait acceptable,comme l’affirment de plus en plus d’experts, mais pas surun ancien mode. Ce seraittrop facile. Au lieu de fairede la science-fiction enimaginant des parcs géantsd’éoliennes ou des usines àpanneaux solaires chargéesde produire de l’électricitépour des régions entières,écoutons plutôt JeremyRifkin. L’énergie de l’avenirpassera par une relocalisationet une gestion « intelligente »des installations grâce au numérique.En clair aussi, par la fin des monopoles. Plus tard, dans lesmanuels d’histoire, je suis convaincue qu’on apprendra que Rifkinaura été l’un des premiers penseurs de ce siècle à voir les signesde cette « troisième révolution industrielle » qui nous attend, enmême temps qu’à initier une réflexion valable pour mener à biencette transformation. On n’a pas vraiment à être d’accord ou pas,en réalité. Il est évident que nous allons laisser derrière nous lafourniture d’énergie nucléaire. Passera-t-elle par les éoliennes ?La méthanisation ? Les biocarburants ? Le solaire ? Concernant lespremières, elles sont tellement laides dans le paysage que j’ai dumal à croire en leur avenir. Mais là n’est pas la question.

Pendant qu’EDF fait barrage, et on le comprend, commençonspar regarder les énergies du futur sous le bon angle.

Isabelle Petiot

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