Le retour de l'or noir
Pétrole. Vous avez entendu comme moi. Le pétrole de schiste coule à flots ! On nous disait cette énergie fossile polluante en pleine raréfaction : voilà que le sous-sol, depuis trois ans, nous en redonne plus qu’il n’en faut…
Pétrole. Vous avez entendu comme moi. Le pétrole de schiste coule à flots ! On nous disait cette énergie fossile polluante en pleine raréfaction : voilà que le sous-sol, depuis trois ans, nous en redonne plus qu’il n’en faut… On imaginait les citoyens du monde rouler aux agrocarburants d’ici à 2020. Mais voilà que des experts annoncent le pétrole à moitié prix d’ici trois ans seulement et l’Arabie saoudite détrônée par la production pétrolière américaine dès l’année prochaine !
C’est une révolution, titrent les médias. Pas la révolution verte. La « révolution du pétrole de schiste ».
Rangez vos sacs en amidon de maïs et vos chargeurs solaires. Le gazier Gazprom prévoit d’extraire 300 millions de tonnes de ce nouvel or noir d’ici à 2020. Notamment en Russie qui disposerait des plus grandes réserves au monde.
La question de l’énergie, entre les impératifs économiques et l’urgence de mettre fin au saccage de notre environnement, a toujours été difficile à trancher. Mais cette fois, l’obstacle est de taille sur la route des énergies renouvelables… L’industrie pétrochimique que l’on croyait morte revient en embuscade. Que faire aujourd’hui ? Laisser couler le pétrole ou laisser fuir les emplois, l’industrie ? Si tout le monde s’accorde sur l’idée d’une « transition » énergétique, encore faut-il savoir vers quoi… là, maintenant (parce que le changement…).
Options : le nucléaire, fleuron de notre indépendance économique et militaire (et de la menace qui pèse sur les générations futures), le gaz (et le pétrole) russe que Poutine rêve de nous vendre… et les énergies renouvelables, pour lesquelles le gros de l’investissement et de la recherche est encore devant nous.
Croire en la recherche pour l’avenir est une chose. Savoir que le litre d’essence pourrait passer à 1 € dès demain, surtout si on est chômeur en France, en est une autre. Et la nécessité économique risque de barrer la route à des programmes de recherche déjà difficiles à obtenir pour rendre les énergies vertes plus efficaces.
Face à cette nécessité d’« adapter l’énergie de l’humanité à la finitude du monde », selon le mot d’Hervé Kempf, les discours vont du vert le plus radical au plus libéralo-mondialiste. Sur le volet gaz de schiste et sa version liquide, il y a ceux qui disent « non ! » (et puis c’est tout), ceux qui avancent que c’est une piste à étudier, même si on sait que de l’exploration naîtra facilement l’exploitation, et enfin ceux qui ne pensent que rentabilité économique et baisse de la facture des ménages… une réalité qui pourrait malheureusement donner raison à ces derniers.
La transition écologique fera-t-elle pschitt en Europe ? Peut-être bien, vu, en plus de tout, la difficulté de prendre des décisions à 28 membres dans une Commission censée représenter 500 millions d’habitants. Comme le rappellent des élus centristes, « les États membres qui décident d’exploiter le gaz de schiste devraient respecter des règles précises et ne devraient pas prendre le risque de le faire au mépris des citoyens, de l’eau, de l’environnement et du climat. » Le partenariat transatlantique étant en passe d’être renforcé entre l’Europe et les États-Unis, la suite est bien utopique : « L’Union européenne devrait jouer pleinement son rôle protecteur en définissant dès aujourd’hui des normes strictes et non de simples recommandations. »
Tandis que les éoliennes s’essoufflent et que le secteur photovoltaïque se fait griller, aucune énergie renouvelable ne semble pouvoir jouer le rôle du messie face aux options pétrole-uranium. L’or noir va-t-il couler nos belles résolutions d’avenir ?









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