Indignons-nous

PUBLIÉ LE 05 mars 2013

 

Au secours… ! On trouve de la viande chevaline dans tout !

Après les burgers et les lasagnes, voilà qu’on en a trouvé aussi dans les boulettes de viande Ikea, sans parler des cannellonis farcis espagnols, etc. tout ça dans des préparations censées être pur bœuf. Il y a de quoi en avoir l’estomac retourné. C’est bien simple, une étude de Nielsen vient de révéler que les ventes de plats surgelés cuisinés à base de bœuf ont chuté de 45 % en France dans les grandes surfaces, la semaine qui a suivi la révélation du scandale. Et on comprend !

J’imagine (je suis végétarienne) la sensation d’écœurement qu’ont pu ressentir des millions d’êtres humains dans le monde lorsqu’ils ont réalisé qu’ils avaient très certainement ingéré quelque chose qu’ils n’avaient jamais choisi de manger, quelque chose de répulsif. Trop simple de parler de tabous alimentaires, dans ce cas. Qui sait vraiment ce qui se passe avec les chevaux volés, malades ou morts ? On peut imaginer toutes les situations, puisque suite à un accord tripartite idiot, les chevaux peuvent être transportés en toute liberté, entre la France, l’Angleterre, et l’Irlande, sans qu’aucun contrôle sanitaire réel ne soit effectué. Qui sait d’où ils sont venus, comment et de quoi ils sont morts ou pendant combien de temps ils ont été écrasés dans le camion qui les menait à un abattoir macabre, avant de disparaître dans une lasagne ?

Voilà le type de nouvelles qui suscite un sérieux questionnement sur l’origine de notre alimentation (que mangeons-nous vraiment ?) et qui ne peut que nous plonger dans un climat de défiance, si ce n’était déjà le cas. D’autant plus que cette situation de substitution alimentaire n’a sans doute rien d’inhabituel.

Si l’on regarde du côté de la chaîne mondiale d’approvisionnement des produits de la mer, la situation n’est pas non plus très reluisante. Ce jeudi vingt et un février, une étude publiée par l’ONG américaine Océana, aux États-Unis, révélait qu’un tiers des poissons consommés n’appartiennent pas à l’espèce que les clients avaient cru acheter. Des poissons d’élevage sont vendus pour des poissons sauvages, beaucoup plus coûteux (comme du pangasius vendu pour de la sole ou de la morue). A noter que dans cette enquête, les restaurants de sushis ont obtenu le taux d’erreurs le plus élevé sur leur carte (74 %). Une situation fallacieuse dans laquelle une fois de plus c’est le client qui trinque, puisqu’il paie plus cher que la valeur du produit acheté, sans parler du fait que cette duperie peut clairement affecter sa santé.

De là à imaginer qu’une situation similaire existe très probablement en Europe, où la traçabilité est aussi questionnable, il n’y a qu’un pas. Une enquête publiée dans la revue Fish and Fisheries, en 2011 (2) avait révélé des dysfonctionnements d’étiquettes. Le cabillaud vendu en Irlande et au Royaume-Uni étant remplacé par d’autres poissons moins chers, comme le merlan ou le colin.

Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg.

Car dans ce contexte de forte suspicion alimentaire, se retrouver confronté au retour des farines animales, n’a vraiment rien de rassurant. Triste souvenir que celui de la vache folle… et pourtant le législateur semble l’avoir totalement oublié. La Commission européenne vient de donner son feu vert : les poissons d’élevage pourront bientôt être nourris de nouveau avec les farines de porc et de volailles, interdites pourtant depuis 2001 – ces poissons vont-ils eux aussi être nourris avec du cheval ? Si l’on en juge la qualité des contrôles effectués en matière d’alimentation, on peut s’attendre au pire… De quoi s’inquiéter, en tous les cas.

Ces nouveaux scandales que nous connaissons aujourd’hui vont-ils avoir l’impact qu’ils méritent sur la chaîne alimentaire ? C’est ce que nous voulons, évidemment, même si on imagine bien la contre-offensive que vont déployer les lobbies agro-alimentaires pour rassurer les consommateurs.

Quoi qu’il en soit, l’alimentation bio, elle, a une traçabilité irréprochable et la certification garantit l’origine d’un produit. C’est là qu’on se dit qu’on a de la chance de se trouver côté bio.

"Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir." Albert Einstein.  

1. Etats-Unis : un tiers des pissons vendus avec une étiquette frauduleuse, Le Monde, 23 février 2013

2. Fish and Fisheries, Cod Mislabelling Disguises Cheaper Fish Products, 13 th July 2011


Anne Gillet

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