Le vrai luxe
Chaque année, Google établit un classement des mots-clés et des recherches les plus courantes effectuées sur internet. Une liste qui reflète les tendances de l’année écoulée. Et qui traduit nos préoccupations les plus secrètes.
En 2012, la question phare était What is love ? (C’est quoi l’amour ?). Et pour 2013, avez-vous une idée de la question qui risque de l’emporter ? Moi j’en ai bien une. Je parierais volontiers sur : Quand fera-t-il enfin beau ? qui exprimerait sans conteste l’une des grandes obsessions de cette année.
Si l’on en croit les prévisionnistes, il faudrait pourtant – plus que probablement – nous habituer aux étés pluvieux, peut-être même pour les dix prochaines années.
Un article récemment paru dans le quotidien britannique The Guardian 1 pose la question : Qu’est-ce que dix ans de pluie vont faire de nous ? Alors autant y faire face avec bravoure et sang-froid. Et analyser la situation.
Bon. Déjà il va y avoir une diminution des amateurs de tentes et de camping. Car sous un St Tropez trempé, même le glamping (entendez glamour et camping, avec une tente équipée comme un 4 étoiles) n’a plus vraiment de charme. Place aux caravanes.
Un autre point qui tombe sous le sens c’est qu’il va falloir tondre la pelouse encore plus souvent, puisque la végétation va pousser plus vite. L’avantage c’est qu’elle sera toujours très verte.
La nouvelle n’est pas spécialement bonne pour les insectes fragiles, amateurs de soleil et de chaleur comme les papillons ou les abeilles (à peine sortis des griffes des néonicotinoïdes) qui détestent la pluie parce qu’elle abîme leurs ailes délicates. Alors on les verra moins souvent.
Les étés pluvieux, c’est la porte ouverte aux maladies des fruits et des légumes, et tout spécialement, au mildiou. Cela fait quelques années que je fais un potager et l’été dernier, j’étais consternée devant les plants de tomate anéantis par l’humidité. Heureusement, certains centres de recherches planchent sur les cultures de plantes plus résistantes aux maladies.
Les taupes, elles, par contre, vont s’amuser, c’est sûr. Et vouloir se gaver de vers de terre. Et montrer leur enthousiasme avec force et fracas en faisant des petites montagnes partout dans le jardin, ça risque !
Un été pluvieux, ça invite à plus de cocooning. Ceci dit, rester confiné dans une maison pendant des jours, cela peut aussi générer de la créativité. Des best-sellers sont nés de cette façon. Les averses, ça stimule aussi l’envie de fréquenter les cinémas et les musées. Par contre, les cafetiers, eux, risquent de boire la tasse.
Et l’air, serait-il plus sain avec de la pluie ? La pollution de l’air en été est causée par des réactions chimiques complexes entre le soleil et les oxydes d’azote qui peuvent entraîner une formation d’ozone. Donc, sans doute que oui, des conditions climatiques plus humides et plus fraîches pourraient alléger la pollution.
Alors adieu sandalettes et barbecues, et bonjour les bottes. De toutes façons, trop de soleil, ça peut être déroutant car nous ne sommes pas adaptés à des étés longs et chauds. Quand nous avons des vagues de chaleur de cinq ou six jours (sans air conditionné et sans faire de sieste), tout le monde (enfin, presque) commence à se plaindre et à mal dormir. Donc, au final, si on n’a que quelques jours ensoleillés, on les savourera encore davantage, non ?
Le seul hic, ce sont les déficiences en Vitamine D, qui ont un impact réel sur la santé des os et sur le système immunitaire, entre autres. C’est vrai qu’il nous faut un minimum d’exposition au soleil pour la fabriquer. Bon, alors, il va falloir aller le chercher ! Qu’à cela ne tienne.
Pour résumer, suivant la psychothérapiste Philippa Perry 2, faire face à dix années d‘étés décevants pourrait être précisément ce dont nous avons besoin pour devenir résilients (c’est-à-dire adaptables, finalement). Si nous n’attendons pas du « beau » temps, alors le soleil inespéré sera une surprise magnifique ! Dans la foulée, on acceptera la pluie : Nous aimons chercher une signification. Cela nous apaise. Si nous sommes capables d’expliquer notre angoisse existentielle face à la météo, cela peut nous remonter le moral !
En attendant, pour nous remonter le moral, pourquoi ne pas succomber à une petite cure de luminothérapie (voir page 52). Et peut-être que les prévisionnistes se trompent, finalement, ce ne serait pas la première fois.
Quant à moi, je me réjouis vraiment de vous retrouver en septembre – ce sera le moment de partir à la cueillette des champignons…
Je vous souhaite un superbe été, quoi qu’il en soit. Prenez bien soin de vous et profitez de ce moment pour partager du temps avec les personnes que vous aimez. Car ça, c’est du grand luxe !
1. 40 conséquences of 10 wet summers : what will a decade of rain do to us ? Homa Khaleeli and Emine Saner, The Guardian, Saterday 22 June 2013.
2. Philippa Perry (née Philippa Fairclough), psychiothérapiste anglaise est l’auteur de la nouvelle graphique Couch Fiction, 2010 et de How to Stay Sane, 2012.






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