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Négligence parentale : invisible et pourtant dévastatrice

Négligence parentale : invisible et pourtant dévastatrice

Lorsqu’elle a affirmé que le nouveau-né ne se réduisait pas à un tube digestif, mais qu’il était une Personne, Françoise Dolto a été l’une des premières à attirer l’attention sur les besoins du tout-petit : besoin d’amour, d’affection, d’attention, de douceur, de soins, d’éducation, de paroles, de regards, de communication, d’écoute, de parole vraie. Depuis, de nombreux parents se sont attachés à répondre à ces besoins indispensables qu’ont leurs bébés. Et pourtant il aura fallu plusieurs décennies pour que l’on s’intéresse à une autre maltraitance : des enfants non pas frappés, battus, abusés, mais des enfants tout simplement négligés, sur lesquels pas un regard ne se pose, pour lesquels il n’y a ni attention, ni intérêt, ni sollicitude, ni inquiétude, ni empathie… comme si, malgré le fait d’être nés, ils n’existaient pas en tant qu’êtres.

Un syndrome psychosocial

Aujourd’hui pourtant, la négligence est considérée comme un syndrome psychosocial bien identifié dans le registre des mauvais traitements. Insidieuse, la négligence est aussi peu visible parce qu’elle laisse peu de traces et qu’elle est plus difficile à diagnostiquer que les sévices physiques. Les informations sur ce sujet sont moins documentées que celles qui concernent les abus physiques ou sexuels. Les médias véhiculent plus directement la problématique des maltraitances physiques et des agressions sexuelles, plus porteuses de sensations fortes et exigeant une mobilisation plus remarquée des intervenants. (1)

Encore trop souvent ignorées, les différentes formes de négligence connaissent pourtant une recrudescence dans notre société dite évoluée.

Différentes formes de négligence

Ce type de négligence peut se retrouver dans toutes les couches de la population. Elle touche en général tous les aspects de la vie du petit, tous ses besoins primaires : manger, boire, dormir, être stimulé, éduqué, aimé, protégé, dorloté, câliné…

Cette négligence affective se traduit chez les parents par une distance, une absence d’écoute, d’attention, de paroles, de communication, de disponibilité émotionnelle et psychique, un trouble de l’empathie ou une absence d’empathie, de l’indifférence, du désintérêt envers ce que fait l’enfant, ce qu’il vit et ressent, un manque ou une absence d’attention aux besoins de l’enfant. L’enfant n’expérimente pas la présence d’un adulte disponible, fiable et continu lorsqu’il est en détresse.(2)

La négligence parentale a des conséquences désastreuses sur le développement des petits, plus particulièrement sur leur développement cérébral. Nous en parlerons dans notre prochain numéro.

Maltraitance sournoise

Négligence de la vie actuelle

Cette forme de maltraitance se développe de plus en plus en Occident. Et les parents n’en sont pas toujours conscients. Elle consiste par exemple à poser son enfant – ou son bébé – devant la télévision et à ne plus lui parler, autrement dit à l’abandonner au flux – incohérent pour lui – des sons et des images comme à le priver de toute interaction humaine soutenue qui, seule, permet un réel partage des sensations et des émotions. De cette négligence affective, on ne parle jamais. On peut la résumer ainsi : on ne s’occupe pas de l’enfant, on ne le structure plus, on le nourrit, on le loge, on le met devant la télé et on s’en va… Pour moi, la négligence affective est sûrement la forme de maltraitance majeure, la plus abondante et celle qui provoque le plus de dégâts, y compris cérébraux. Et c’est celle qui est le moins mise en avant car la moins crédible. Comment le fait d’asseoir un enfant dans un fauteuil confortable pourrait-il être une forme de maltraitance ? Les dégâts biologiques sont pourtant indéniables. Les enfants d’aujourd’hui. Quoi de neuf chez les 0 – 7 ans, Boris Cyrulnik, 2010. 

 

Sources

1. « Regard pluriel sur la maltraitance des enfants », Yves-Hiram Haesevoets

2. www.yapaka.be

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