Acouphènes, troubles de l'audition : comment s'en protéger ?
OUÏE - Les problèmes d'audition touchent de plus en plus de Français, quel que soit leur âge. Comment prévenir ces phénomènes invalidants ? Et comment, si possible, y remédier ? Réponses et conseils avec des experts, réunis le 15 mars pour la campagne de la Journée nationale de l'audition.
Passés 45 ans, 28 % des Français sont touchés par des troubles auditifs. Et un tiers des seniors de 65 à 74 ans se plaignent d'une baisse de leur capacité auditive, accompagnée ou non d'acouphènes. Un phénomène inéluctable, étant donné le vieillissement programmé de l'organisme. Sauf que ces symptômes affectent désormais de plus en plus de jeunes. Ainsi, trois études ont révélé que le nombre de jeunes de 14-15 ans qui souffrent de troubles de l'audition a été multiplié par 4 durant les dix dernières années. Selon l'association France Acouphènes, entre 2 et 2,5 millions de Français de tous âges seraient acouphéniques. Mais 6 à 8 millions en souffriraient en silence.
Le responsable ? L'hyper-exposition sonore depuis l'arrivée des mp3 et la généralisation du téléchargement. La musique adoucit peut-être les mœurs, mais elle devient aussi nocive au-delà du seuil de 85 décibels. Or une enquête réalisée en 2012 pour la Journée nationale de l'audition (JNA) indique qu'un adolescent sur trois écoute son baladeur jusqu'à 5 heures par jour, et au-dessus de ce seuil fatidique. Ce surdosage musical hypothèque l’avenir auditif tout en exposant à des difficultés d'apprentissage et à des risques d'isolement.
Concert et baladeurs, le trop-plein de décibels
Nous disposons au départ d'un capital de 15000 cils par oreille. Avec l'âge, ces cils s'usent et transmettent de moins en moins le message sonore au nerf auditif. L'exposition prolongée à un bruit supérieur ou égal à 85 décibels (dB) accélère ce vieillissement, un bruit fort et soudain pouvant même les détruire. Pour écouter de la musique, choisissez toujours un casque de qualité. Mais attention, les baladeurs numériques sont limités à 100 dB alors que le seuil de dangerosité pour le système auditif est fixé à 85 dB. Ne poussez pas le bouton à fond. Limitez votre écoute musicale à une heure par jour, à moins de 80 dB. Lors d'un concert de rock qui atteint souvent 120 décibels, la perte auditive commence après 7,5 minutes d'écoute.
Ces phénomènes peuvent être associés à de l'hyperacousie, une sensibilité excessive aux bruits de la vie courante qui deviennent insupportables. L'origine de ces troubles ? Pathologique, parfois : ils peuvent ainsi révéler une otite séreuse (un bouchon de cérumen dans l'oreille) ou une hypertension. Des médicaments peuvent aussi en être la cause. Les acouphènes peuvent encore apparaître après un choc émotionnel ou lors d'un stress important.
La sophrologie contre les acouphènes
Dans 80 % des cas, cependant, ces bruits de fond sont liés à une perte d'audition. Le hic, c'est qu'il n'existe pas de pilule miracle pour s'en débarrasser. « Il faut mettre en place un processus d'habituation qui permettra d'intégrer les acouphènes, voire de ne plus les entendre », explique Géraldine Haegeli, sophrologue membre de l'Observatoire national de sophrologie et de l'Afrépa (Association française des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie). On peut faire appel à des thérapies complémentaires comme l'ostéopathie quand les acouphènes relèvent d'un déséquilibre du squelette, à des techniques cognitives et comportementales (TCC) après un choc affectif ou encore à la thérapie par le bruit (TRT). Celle-ci consiste à écouter des bruits masquants qui éloignent les bruits parasites et traitent l'hyperacousie.
« La sophrologie se révèle très efficace notamment chez les sujets anxieux. Une pré-étude scientifique a permis de constater 70 % d'amélioration chez 83 acouphéniques qui pratiquent la sophrologie quotidiennement. », affirme Géraldine Haegeli. En attendant qu'une étude plus vaste soit lancée, trente-sept équipes hospitalières françaises dirigées chacune par un médecin ORL proposent désormais des traitements alternatifs. La sophrologie en fait partie.









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