Alimentation bio : mieux s’approvisionner à prix modéré

PUBLIÉ LE 05 janvier 2015

CONSOMMATION - L’alimentation biologique est aujourd’hui accessible au travers de nombreux réseaux de distribution. Même les moyennes et grandes surfaces sont entrées dans la partie en lançant leurs propres marques. Bio Info vous propose quelques repères pour vous approvisionner en connaissance de cause et le plus raisonnablement possible pour votre porte-monnaie.

 

Bonne nouvelle : l’alimentation bio devient de plus en plus abordable ! Résultat logique : le nombre de consommateurs d’aliments biologiques augmente d’année en année. Selon le dernier baromètre de l’Agence bio (avril  2014) qui analyse l’attitude consumériste des Français face à l’alimentation bio, « en 2013, 75 % des Français ont consommé bio, dont 49 % au moins une fois par mois. » Soit près d’un Français sur deux. Corollaire logique, toujours selon l’Agence bio, « le nombre de non consommateurs diminue significativement : seulement 25 % des Français ont déclaré ne pas avoir consommé de produits biologiques en 2013 » (alors qu’ils étaient 35 % en 2012 et 46 % en 2003).


Mais où aller faire ses courses ? A priori, on a l’embarras du choix. Et les consommateurs que nous sommes ont eu le temps de faire connaissance avec des produits qui paraissaient étranges il y a peu : l’épeautre, le lait d’amande, la farine de châtaigne, le quinoa ou le tofu.

Les GMS (grandes et moyennes surfaces) détiennent aujourd’hui près de la moitié du marché bio et se livrent à une concurrence acharnée sur les prix. Nombreuses sont les enseignes à avoir lancé leur propre marque de distributeur (MDD). Carrefour, Auchan, Leclerc, Super U, Leader Price, Dia… À chacune sa gamme « bio », beaucoup moins chère que celle des grandes marques nationales, comme Bjorg, l’une des premières à avoir distribué des produits bio en supermarché et aujourd’hui propriété du géant de l’industrie agroalimentaire Distriborg, tout comme Alter Eco ou Bonneterre.

 

Le bio de supermarché moins cher ? Ça dépend !

Selon une enquête de 60 millions de consommateurs de janvier  2013  portant sur une liste de quatorze produits de base, (riz, coquillettes, jambon, yaourt, camembert, emmental…), hors fruits et légumes, on s’en sort entre 23 à 25 € en MDD bio, soit 30 % de moins qu’en marques nationales bio (34 €), mais toujours plus de 50 % de plus qu’en MDD non bio (15 € environ). Ainsi, le supermarché semble le lieu où le bio est le moins cher. Mais cela dépend des produits. Et puis, il est heureusement loin d’être le seul circuit de distribution.


La viande bio des marques de grande distribution est souvent bien plus abordable que celle des magasins spécialisés ou des boucheries : 1,79 € les lardons bio (150 g) chez Super U et dans les 5 euros le saumon fumé bio (120 g, 4 tranches) chez Leader Price, contre respectivement 3,75 € et 6,28 € chez Biocoop… En revanche, sur les fruits et légumes, le supermarché est loin d’être le plus concurrentiel. Une enquête de la Confédération du logement et du cadre de vie (CLCV) du Finistère menée au début de l’année 2014 souligne par exemple qu’« en bio, Biocoop ou le marché de Kérinou, à Brest, sont moins chers que plusieurs grandes surfaces notamment pour les légumes (pommes de terre et carottes) ».


Pour le bio éthique, privilégiez les circuits courts

Quid du bio importé ? Car le primeur bio de supermarché est certes labellisé AB, mais vient souvent de très loin. Sur ce point là, les avis divergent, bien qu’en théorie, pour la santé, c’est toujours mieux que rien. Catherine Chalom, créatrice du Retour de la Terre, une Biocoop présente « Rive Gauche » et « Rive Droite » à Paris, recommande même, « si l’on n’a pas d’autres choix », de préférer « le bio importé de supermarché aux produits conventionnels, même locaux, ne serait-ce que parce que les agriculteurs de là-bas n’utilisent pas de produits de synthèse, et donc empoisonnent moins leurs terres et leurs enfants ». 

Christian Jacquiau, économiste et auteur notamment des « Coulisses de la grande distribution », est plus radical : « Si l’on accepte le principe de ce bio de grande surface, souvent produit à l’autre bout de la planète, dans des conditions sociales minimales, et de façon industrielle, on concurrence les vrais agriculteurs biologiques et on marche à contre-courant. Ce n’était pas cela, l’objectif de départ ».

Il est évident que le plus économique pour acheter en bio reste les circuits courts, en lien direct avec les agriculteurs, comme les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), dont beaucoup sont bio ! Les prix varient un peu selon les régions : à Paris, comptez autour de 10 € par semaine pour un panier de fruits et légumes pour une personne seule et de 15 à 25 € pour une famille de trois. Certaines AMAP proposent aussi de la viande, du fromage ou du pain. Autre initiative, « Mes paniers bio », qui emploie des seniors en insertion et propose du bio à petits prix : 25 € les 8 kg de fruits et légumes pour une famille de quatre !


Le bio en vrac contre le gaspillage

Plutôt que d’essayer de convertir votre panier conventionnel en bio, réaménagez plutôt votre alimentation ! Commencez par réapprendre à cuisiner (consultez les recettes bio de Valérie Cupillard, simples et délicieuses). Pensez également au vrac, c’est moins cher. Dans les magasins bios, le rayon vrac propose céréales, légumineuses et fruits secs en tout genre. Chez Biocoop, la démarche est même incitative : pour certains produits emballés de chez Markal ou Celnat, par exemple, l’étiquette à côté du prix indique « Existe aussi au rayon vrac ». Attention toutefois : parce que le vrac est tendance, certaines enseignes ont parfois le culot de vendre plus cher au poids qu’en sachet… Bon à savoir : lisez les étiquettes des silos pour connaître la provenance, le fournisseur et le prix au kilo.

L’idéal est de n’acheter que ce dont on a besoin. Le bio, sans pesticides et sans conservateurs, s’accommode moins bien du stockage, et ce qui vaut pour le vrac vaut aussi pour l’emballé, une fois que le sachet est ouvert. Lors de la dernière journée mondiale contre le gaspillage alimentaire, le 16 octobre dernier, il a été souligné que 21 % de ce que nous achetions finissait à la poubelle. Ne cuisinez que ce que vous mangerez et investissez dans des boîtes de conservation qui permettent de faire le vide et peuvent se mettre au frais.

Du bio pour tous ? Signez la pétition de l’association ! Consom’acteurs Info : www.labiopourtous.info

Le bio AB, peut (beaucoup) mieux faire

En 1964, l’agriculture biologique avait été définie par la charte des pionniers de Nature et Progrès comme une équation tripartite : maintien de la fertilité des sols (pas de pesticides de synthèse, rotation des cultures, pas de cultures intensives), autonomie des paysans et alimentation saine pour tous. L’élevage animal faisait l’objet d’exigences très strictes. Pour que le bio se démocratise, il a fallu en faciliter la production, et donc en abaisser les normes… Aujourd’hui, seuls les labels Nature & Progrès et Déméter, qui qualifie l’agriculture dite biodynamique (en accord avec la lune et les saisons) ont maintenu ces exigences d’origine. Le label AB, créé en 1985 puis aligné, en 2009, sur le label européen (Eurofeuille), a limité l’agriculture biologique à sa seule dimension technique (absence de pesticides), autorisant monoculture et hors-sol. Quant à l’élevage, ils affichent aussi beaucoup moins d’exigences sur le bien-être, les traitements, les surfaces d’exercice et l’âge d’abattage des bêtes…

Clara Delpas

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