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Acheter bio en grande surface, premier pas ou un faux pas?

Acheter bio en grande surface, premier pas ou un faux pas?

Si pour certains, se fournir en bio dans les grandes surfaces est un moindre mal, selon Christian Jacquiau, économiste et auteur des « Coulisses de la grande distribution », c'est acheter du bio « souvent produit à l’autre bout de la planète, dans des conditions sociales minimales, et de façon industrielle », qui « concurrence les vrais agriculteurs biologiques ». 

Se pose aussi la qualité de ce bio-là : prenons le bio chinois par exemple, qui inonde les rayons de la « grande distrib’ » d’ail et de haricots verts. « Un reportage récemment diffusé sur Arte a montré une exploitation de bio chinois où se trouvaient des bidons avec des têtes de mort trahissant l’usage de pesticides de synthèse, rappelle Christian Jacquiau. On peut se poser la question de l’efficacité des contrôles, qu’Écocert fait réaliser par des inspecteurs chinois formés à ses critères, mais totalement autonomes du fait de la barrière de la langue ! ».

L'éthique n'est pas sur l'étiquette

Sans compter, comme on le voit depuis des années, que la grande distribution n’est nullement à l’abri des scandales et que le bio ne change rien à la donne : en 2012, un trafic de faux bio destiné aux supermarchés européens a été saisi en Italie. Des fruits secs et des céréales, non bio, achetés en Roumanie, étaient certifiés en Italie, avec l’aide de la mafia, comme issus de l’agriculture biologique !

Enfin, il y a l’éthique de la marge : « Aujourd’hui, il est fréquent de constater que le lait bio est acheté moins cher au producteur que le lait des exploitations conventionnelles ! », affirme Christian Jacquiau. Or qui a vu cette différence de prix se répercuter en supermarché ? Le lait bio, même s’il est devenu très abordable, reste toujours plus cher de quelques centimes que le non bio ! « Preuve que ce bio de supermarché ne vise pas à être accessible à tous, mais reste destiné au marché d’une clientèle qui a les moyens et est prête à mettre un peu plus cher pour sa santé », poursuit-il.

Catherine Chalom, créatrice des deux Biocoop parisiennes Le Retour à la Terre, affirme de son côté « être imbattable sur les pommes » tout simplement parce qu’elle souhaite « rendre ce produit, local et de base, abordable pour le plus grand nombre » et a réduit sa marge en conséquence. Même si, pour elle, il est toujours mieux d'acheter des produits certifiés de supermarché, exempts de pesticides... que du local conventionnel.

Pour Caplat, le bio lointain, c'est toujours plus écolo 

C'est aussi l'avis de l'agronome Jacques Caplat : « Lorsqu’un agriculteur épand 100 kg d’azote chimique sur 1 hectare (fourchette basse en agriculture conventionnelle, puisque la limite autorisée est de 170 kg, ndlr), il contribue autant à l’effet de serre qu’une voiture moyenne parcourant 10 000 km ». Ainsi, du bio, même celui qui vient de loin, contribue moins à l’effet de serre que l’agriculture conventionnelle. Même si l’idéal reste le bio et local, comme le proclame la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Car qui dit local ne dit pas sans pesticides : même le petit maraîcher qui vend ses produits sur le marché peut utiliser du Roundup !

 

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