Deux pommiers qui résistent au froid et aux maladies
La pomme est le premier fruit consommé en Belgique. Environ 7 000 hectares sont consacrés à sa culture. La plupart des variétés cultivées, chez nous ou à l’étranger d’ailleurs, sont sensibles à de nombreuses maladies : la tavelure, l’oïdium et le chancre principalement. Pour contrôler ces maladies, les arboriculteurs sont obligés d’avoir un recours massif aux pesticides : environ vingt-cinq traitements par an pour une pomme standard. En culture raisonnée, même si on minimise leur usage, on ne parvient à les réduire qu’à environ une quinzaine. Heureusement, de plus en plus d’experts s’émeuvent de tant de pesticides utilisés, tant pour la santé que pour la protection de l’environnement. La solution idéale étant finalement de pouvoir se procurer des pommiers naturellement résistants aux maladies si on veut en cultiver dans son jardin.
Évidemment, l’obtention de telles variétés nécessite un programme de recherche ambitieux de croisements et de sélections, afin de créer de nouvelles variétés de pommes qui aient à la fois une résistance ou une tolérance aux principales maladies, tout en conservant par ailleurs un maximum de qualités de goût, de couleur, de conservation, d’arôme, etc.
Un programme de ce type existe en Lettonie, un pays dont le climat est similaire à celui de la Belgique en bonne saison, mais aux hivers beaucoup plus froids. Deux variétés de table aux performances uniques en sont issues : EDITE (Récolte fin septembre à 500 m d’altitude – conservation 5 à 6 mois – fruit de bonne taille, régulier et uniforme, oblong, rouge sur jaune, très parfumé – chair ferme, juteuse, sub-acide, bonne. Arbre de taille moyenne, fructifie tôt et régulièrement. Résistant au chancre, à la tavelure (Vf), à l’oïdium, au froid (≤ -30 °C) et à la pourriture du fruit. Convient pour la culture en basse et haute tige. Groupe de floraison 3-4 en haute Ardenne) et LIGITA (Récolte mi-octobre à 500 m – conservation 6 à 7 mois – fruit plutôt petit (comme la « Cox »), régulier et uniforme, jaune avec des bandes oranges, légèrement parfumé – chair ferme, juteuse, aromatique, bonne à très bonne. Arbre de vigueur moyenne, facile à conduire, fructifie tôt et abondamment. Résistance polygénique à la tavelure, résistance au chancre, au froid (≤ -30 °C) et à la pourriture du fruit, tolérant à l’oïdium. Groupe de floraison 4 (Reine des reinettes) en haute Ardenne. Très fertile, éclaircissage nécessaire. Convient uniquement pour la culture en basse tige). Sans aucun traitement, elles sont testées avec succès depuis 6 ans à Manhay (Belgique) à 500 mètres d’altitude, là où les autres variétés de table, envahies de tavelure et rongées par le chancre, dépérissent.
La culture de variétés de pommes de table sur le plateau ardennais, qui était difficile ou impossible auparavant en raison de la pression exercée par le chancre (Nectria galligena), peut donc maintenant être envisagée avec ces variétés, qui lui résistent. Bien qu’il y ait encore peu de recul en la matière, la pollinisation ne pose pas de problèmes, vu que les périodes de floraisons sont moyennes ; la Reine des reinettes est un bon pollinisateur, mais les deux variétés peuvent probablement se polliniser l’une l’autre.
Pour ce qui concerne l’impact sur la biodiversité, on se situe ici dans sa partie englobant le vivant cultivé : le pommier domestique, comme la plupart des autres plantes cultivées, n’est pas indigène en Belgique, mais est en fait issu du Kazakhstan et de ce point de vue, introduire un génotype résistant aux principales maladies accroît sa diversité génétique (la variabilité des gènes au sein de l’espèce pommier domestique), qui est le premier niveau de la biodiversité.
Puisque c’est le moment de planter vos arbres fruitiers, pensez à ces deux toutes nouvelles variétés maintenant disponibles en Wallonie, Flandre et à Bruxelles dans certaines pépinières et jardineries. (Pépinières Godefroid à Francorchamp, Monfort à Malempré, de Louveignée, Larsy à Lesdain, De Raeve à Wetteren, etc.). Vous pouvez aussi trouver ces deux pommiers en version basse-tige pour les petits jardins.
Pour info La résistance aux maladies dans les plantes cultivées provient, soit de croisements classiques effectués avec des espèces sauvages proches – dans ce cas d’autres espèces de pommiers, comme le pommier décoratif Malus floribunda – ou avec des pommiers domestiques présentant les résistances désirées (c’est bien sûr le cas ici avec ces deux variétés de pommes lettones), soit d’inclusion de gènes étrangers (transgénèse) via l’engineering génétique qui aboutit à des OGM, dont on connaît désormais les conséquences désastreuses. Il est donc fondamental de vérifier soigneusement le programme à l’origine de la résistance d’un arbre fruitier que vous souhaitez planter. |