Manger bio à prix modéré : où faire ses courses?
Où faite ses courses aujourd'hui en bio ? A priori, on a l’embarras du choix. Et les consommateurs que nous sommes ont eu le temps de faire connaissance avec des produits qui paraissaient étranges il y a peu : l’épeautre, le lait d’amande, la farine de châtaigne, le quinoa ou le tofu.
Les marques distributeurs, moins chères?
Les GMS (grandes et moyennes surfaces) détiennent aujourd’hui près de la moitié du marché bio et se livrent à une concurrence acharnée sur les prix. Nombreuses sont les enseignes à avoir lancé leur propre marque de distributeur (MDD). Carrefour, Auchan, Leclerc, Super U, Leader Price, Dia… À chacune sa gamme « bio », beaucoup moins chère que celle des grandes marques nationales, comme Bjorg, l’une des premières à avoir distribué des produits bio en supermarché (elle est aujourd’hui propriété du géant de l’industrie agroalimentaire Distriborg, tout comme Alter Eco ou Bonneterre).
Le bio de supermarché n'est pas avantageux pour les légumes
Selon une enquête de 60 Millions de consommateurs de janvier 2013 portant sur une liste de quatorze produits de base, (riz, coquillettes, jambon, yaourt, camembert, emmental…), hors fruits et légumes, on s’en sort entre 23 à 25 € en MDD bio, soit 30 % de moins qu’en marques nationales bio (34 €), mais toujours plus de 50 % de plus qu’en MDD non bio (15 € environ). Ainsi, le supermarché semble le lieu où le bio est le moins cher. Mais cela dépend des produits. Et puis, il est heureusement loin d’être le seul circuit de distribution.
La viande bio des marques de grande distribution est souvent bien plus abordable que celle des magasins spécialisés ou des boucheries : 1,79 € les lardons bio (150 g) chez Super U et dans les 5 euros le saumon fumé bio (120 g, 4 tranches) chez Leader Price, contre respectivement 3,75 € et 6,28 € chez Biocoop… En revanche, sur les fruits et légumes, le supermarché est loin d’être le plus concurrentiel. Une enquête de la Confédération du logement et du cadre de vie (CLCV) du Finistère menée en 2014 souligne par exemple qu’« en bio, Biocoop ou le marché de Kérinou, à Brest, sont moins chers que plusieurs grandes surfaces notamment pour les légumes (pommes de terre et carottes) ». Tant mieux car il s'agit souvent de bio importé.
Le bio importé fait toujours débat
Le primeur bio de supermarché est certes labellisé AB, mais vient souvent de très loin. Sur ce point là, les avis divergent, bien qu’en théorie, pour la santé, c’est toujours mieux que rien. Catherine Chalom, créatrice du Retour de la Terre, une Biocoop présente « Rive Gauche » et « Rive Droite » à Paris, recommande même, « si l’on n’a pas d’autres choix », de préférer « le bio importé de supermarché aux produits conventionnels, même locaux, ne serait-ce que parce que les agriculteurs de là-bas n’utilisent pas de produits de synthèse, et donc empoisonnent moins leurs terres et leurs enfants ».
Christian Jacquiau, économiste et auteur notamment des « Coulisses de la grande distribution », est plus radical : « Si l’on accepte le principe de ce bio de grande surface, souvent produit à l’autre bout de la planète, dans des conditions sociales minimales, et de façon industrielle, on concurrence les vrais agriculteurs biologiques et on marche à contre-courant. Ce n’était pas cela, l’objectif de départ ».
Pour du bio éthique, privilégiez les circuits courts
Il est évident que le plus économique pour acheter en bio reste les circuits courts, en lien direct avec les agriculteurs, comme les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), dont beaucoup sont bio ! Les prix varient un peu selon les régions : à Paris, comptez autour de 10 € par semaine pour un panier de fruits et légumes pour une personne seule et de 15 à 25 € pour une famille de trois. Certaines AMAP proposent aussi de la viande, du fromage ou du pain. Autre initiative, « Mes paniers bio », qui emploie des seniors en insertion et propose du bio à petits prix : 25 € les 8 kg de fruits et légumes pour une famille de quatre !
Le bio en vrac contre le gaspillage
Le vrac permet également de réduire le prix du panier familial. Dans les magasins bios, le rayon vrac propose céréales, légumineuses et fruits secs en tout genre. Chez Biocoop, la démarche est même incitative : pour certains produits emballés de chez Markal ou Celnat, par exemple, l’étiquette à côté du prix indique « Existe aussi au rayon vrac ». Attention toutefois : parce que le vrac est tendance, certaines enseignes ont parfois le culot de vendre plus cher au poids qu’en sachet… Bon à savoir : lisez les étiquettes des silos pour connaître la provenance, le fournisseur et le prix au kilo.
L’idéal est de n’acheter que ce dont on a besoin. Le bio, sans pesticides et sans conservateurs, s’accommode moins bien du stockage, et ce qui vaut pour le vrac vaut aussi pour l’emballé, une fois que le sachet est ouvert. Lors de la dernière journée mondiale contre le gaspillage alimentaire, le 16 octobre 2014, il a été souligné que 21 % de ce que nous achetions finissait à la poubelle. Ne cuisinez que ce que vous mangerez et investissez dans des boîtes de conservation qui permettent de faire le vide et peuvent se mettre au frais.
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