Huile d’olive : un mythe s’effondre ?
(Mise à jour : 18 janvier 2016.)
On l'oublie souvent, la promotion de l’huile d’olive a été associée à celle du régime méditerranéen, et même plus spécifiquement du régime adopté en Crête, dont les habitants ont l’une des plus grandes espérances de vie au monde. Or dans ce régime, on intègre, avec l’huile d’olive, beaucoup de poissons, source des oméga 3 de type DHA qui manquent cruellement à nos régimes alimentaires.
Une huile neutre…
Précision d'autant plus importante que « l’huile d’olive, en tant que telle, n’est pas spécialement un aliment santé : principalement composée de graisses mono-insaturées (plus de 70 %), en majorité des oméga 9, elle n’est ni bonne, ni mauvaise : c’est une huile neutre », comme le confirme le médecin nutritionniste Dr Jean-Michel Cohen. On n’y trouve aucun oméga-3 !
Ses bienfaits « si particuliers » relèvent surtout du marketing tapageur associé au Programme européen de promotion des huiles d’olive. Depuis 2008, ce programme financé par la Commission européenne a pour objectifs de faire connaître les multiples usages des huiles d’olive au quotidien et de favoriser sa consommation en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Hollande et en Espagne, afin de soutenir les producteurs grecs, italiens et espagnols.
… à réserver à l’assaisonnement
Certes, l’huile d’olive contient des polyphénols, protecteurs des artères et anticancéreux. Mais à quelle dose ? Or, la teneur en polyphénols des huiles est très variable, en moyenne de 50 à 1 000 mg par litre selon les variétés, les terroirs et l’ensoleillement. Par exemple, l’un de ces polyphénols, l’hydroxytyrosol a des effets protecteurs reconnus sur les lipides sanguins, mais à des taux difficiles à atteindre en cuisine : un litre d’huile en contient en moyenne environ 70 mg/ kg. L’allégation santé de l’huile d’olive, agréée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) concerne un apport d’au moins 5 mg par jour, soit une dose correspondant à l’ingestion d’un décilitre entier d’huile d’olive extra-vierge ! C’est sans doute pour cela que vous n’avez jamais vu la mention « bonne pour vos artères » sur un flacon d’huile d’olive ! Si l’huile d’olive « vaut » évidemment mieux que les huiles saturées comme l’huile de palme ou de coco, elle vaut en tout cas moins que les huiles polyinsaturées comme le colza qui, lui, est riche en oméga-3.
Son principal intérêt reste son bon goût, à réserver plutôt comme huile d’assaisonnement si elle est extra-vierge. Pour la cuisson, vous pouvez préférer une autre huile comme le tournesol. Les fameux polyphénols qui font la gloire de l’huile d’olive ne tiennent pas les températures de cuisine !
Pour la sélectionner
Pour s'assurer de se qualités, choisissez là exclusivement biologique et extra-vierge. L’huile d’olive vierge est qualifiée d’« extra » si l’échauffement thermique dû à la pression n’a en rien altéré l’huile, mais surtout si les olives pressées étaient parfaitement saines au départ. Cela se mesure par l’acidité libre oléique, le taux d’acides dégradés présents dans le mélange, qui doit être de 0,8 % maximum. Rappelons que les olivaies conventionnelles sont de plus en plus gagnées par la maladie de la mouche de l’olivier, qui entraîne un usage intensif des pesticides : d’où l’intérêt évident de les prendre exclusivement en « bio », provenant d’huiliers à la renommée bien établie (Emile Noël, Vigean, Huiloreine, Bjorg, Huilerie Moog). Les fraudes à l’huile d’olive sont très nombreuses !
Arnaque
L’olivier perd son latin
Comme toutes les huiles, la composition de l’huile d’olive varie selon les terroirs, les saisons, les années… Mais aussi les mafias locales : en effet, l’huile d’olive, en particulier en Italie, fait l’objet de fraudes très régulièrement. Preuve en est qu’il se vend deux fois plus d’huile d’olive d’Italie que les Italiens n’en produisent ! Leur astuce ? Incorporer d’autres huiles de moindre qualité et réajuster les goûts avec des produits chimiques.
Chaque année en France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) confirme que seule un peu plus de la moitié des huiles d’olive contrôlées sont conformes aux normes de commercialisation établies par les instances européennes en 2005 pour garantir qualité et appellation d’origine : fausses indications d’origine, de variété des olives et surtout coupage avec parfois plus de 50 % d’huile de tournesol ! Ces circuits frauduleux ne concernent pas les huiles labellisées bio, dont les fabricants, parfois huiliers eux-mêmes, nous assurent l’origine et la qualité.
Un pari malgré tout difficile puisque même l’huile vierge extra douce de Bioplanète, une entreprise renommée dont une autre référence a reçu une mention Meilleur produit Bio 2015, a été déclassée en huile vierge simple en juin 2015 par Que Choisir : le mensuel avait mesuré une acidité libre supérieure à celle tolérable pour prétendre à cette appellation. L’huile d’olive vierge (ou non raffinée) est obtenue uniquement à partir de procédés mécaniques, à partir des olives fraîchement cueillies. Dans la première pression à froid, l’huile a été obtenue avec des presses mécaniques en dessous de 27 °C.
C. D.
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