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La psycho-décoration, pour un aménagement conscient

La psycho-décoration, pour un aménagement conscient

Sans la maison, l’homme serait un être dispersé. Elle maintient l’homme à travers les orages du ciel et les orages de la vie. Elle est corps et âme », écrivait le philosophe Gaston Bachelard ( « La poétique de l'espace », Puf, 2001). Dans ce lien intime qui s’instaure, la maison cocon reflète subtilement l’univers psychique, émotionnel de ses habitants.

Depuis plus d’une quinzaine d’années, Alexandra Viragh se passionne pour ce lien plein de sens qui unit l’être et son habitation. Pionnière, elle a lancé le feng shui occidental dans les pays francophones et s’est spécialisée en architecture sacrée indienne. Dans la foulée, elle est devenue le premier auteur francophone expert en Vastu Shastra, un yoga de l’habitation, veillant à un aménagement raisonné et harmonieux de la maison, porteur de sérénité. Nourrie de toutes ces années de recherches et d’expertises, Alexandra Viragh a ouvert ces approches orientales à une nouvelle dimension, en créant le concept de psycho-décoration, en résonance avec les attentes du monde occidental. L’art d’aménager l’espace devient ainsi un outil de connaissance de soi. Une voie d’évolution.

L’habitat sur le divan

Regardons nos murs… Que peuvent bien dire de nous ce tableau abstrait aux éclaboussures rouge sang, ce mur peint en noir, cette photo d’iceberg, ou encore cet intérieur zen, absolument nu ? « Notre habitation est pareille au vêtement : un second corps superposé au nôtre. Comme l’habit, elle en dit long sur son propriétaire », explique Alexandra Viragh, qui a sorti en octobre un nouvel ouvrage consacré à la psycho-décoration (voir encadré). Si notre maison abrite notre corps, elle accueille aussi notre personnalité, nos besoins affectifs, notre vie psychique. « Plus qu’une simple coque protectrice, notre demeure héberge notre âme », précise Alexandra Viragh, qui revendique un intérêt profond pour l’approche psychanalytique de l’habitat, qu’elle a explorée via des auteurs tels que Patrick Estrade («La maison sur le divan ») ou Alberto Eiguer (« L’inconscient de la maison », Dunod, 2004). Qui a dit que la décoration était superficielle ?

Dialogue symbolique

Le poète Alphonse de Lamartine s’interrogeait : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? ». À tout le moins, ils révèlent la nôtre. Comme nos émotions sont volatiles et nos humeurs fugitives, la décoration intérieure a pour effet de les incarner, de les cristalliser entre nos murs. « La matière relaie notre psyché et catalyse nos émotions dans un va-et-vient perpétuel : de l’intérieur vers l’extérieur et réciproquement », fait remarquer Alexandra Viragh. La psycho-décoration met en lumière ce double mouvement de projection et d’introjection. Par le phénomène de projection, nous avons tendance à extérioriser dans notre environnement le climat psychique qui nous habite ; nous ne choisirons sans doute pas le même tableau en période de deuil ou après la naissance d’un enfant… Via l’introjection, les objets, les couleurs, les images, les symboles qui habitent notre maison chuchotent à notre esprit leurs messages subliminaux. La décoration influe donc aussi sur notre psyché, fonctionnant souvent comme un disque rayé autour de nos schémas récurrents.

Un processus créatif

L’idée centrale de la psycho- décoration est de « regarder les symboliques qui nous entourent », partage Alexandra Viragh. On peut ainsi décoder ce que nous avons projeté entre nos murs. « C’est fou ce qu’une image, un objet dispensent comme informations quand on prend le temps de les regarder ! Cela permet à la personne de dialoguer avec son monde intime. Le but n’est donc pas de créer un environnement parfait, mais d’élargir la conscience. » D’aller à la rencontre de soi-même et de chercher une harmonie… intérieure ! Lors d’une expertise en psycho- décoration, Alexandra Viragh, en se promenant à travers la maison avec ses habitants, ouvre la porte aux prises de conscience (souvent instantanées chez la personne concernée) et le travail intérieur amorcé se poursuit bien au-delà, menant parfois à des changements de vie. C’est un laboratoire vivant, un processus évolutif. 

Côté décoration, Alexandra Viragh peut proposer des alternatives harmonieuses, mais sans rien imposer. Là est la clé de la psycho-décoration : c’est une voie de responsabilisation (on évite ainsi le côté « baguette magique » attendu par certaines personnes en faisant appel au feng shui). On est dans une démarche créative : chacun, pour réinventer son espace de vie, est invité à mettre la main à la pâte afin de créer des solutions décoratives personnalisées, simples et accessibles (comme faire un passe-partout de couleur pour un pêle-mêle de photos noir et blanc, qui insufflait un côté figé à la pièce). « C’est un travail en profondeur qui est initié, mais c’est très ludique », conclut Alexandra Viragh. 

 

Pour aller plus loin

Site d'Alexandra Viragh : www.psychodecoration.com

À lire «  Vastu Shastra, la psycho-décoration inspirée de l’Inde » (Le Souffle d’Or, oct. 2012), « Espaces d’harmonie pour les enfants, l’univers de la psycho-décoration », coécrit avec Mirella Voulzy (Dangles, 2011). 

Notez qu’Alexandra Viragh a ouvert en Belgique une maison d’hôtes représentative de la psycho-décoration, où elle accueillera des stages) : www.maisondecharmehuy.be.

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