La chasse aux ponts thermiques est ouverte !
Pendant longtemps, on ne s’est guère soucié des ponts thermiques. Les maisons étant de toute façon peu ou mal isolées, ces points de rupture dans l’enveloppe d’une maison ne portaient pas trop à conséquence. Mais les choses ont changé depuis que la performance énergétique des bâtiments (PEB) est devenue une priorité et depuis que l’isolation s’est généralisée. Si les ponts thermiques ne représentent que 5 à 10 % des déperditions thermiques d’un bâtiment construit avant 1975, ils peuvent constituer 20 % des déperditions de chaleur d’un logement moderne. Bref, plus une maison est isolée (châssis, murs, toitures…) plus il faut faire attention aux ponts thermiques ! Leur prise en compte par les architectes sera d’ailleurs bientôt obligatoire dans toute l’Europe suite à l’application de la législation sur la PEB. Celle-ci vise à limiter le gaspillage énergétique et à lutter contre les émissions de CO2 en imposant entre autres, des valeurs limites aux ponts thermiques des constructions neuves ou des rénovations importantes.
Condensation et inconfort
Mais d’abord que sont les ponts thermiques et pourquoi est-il si important de les combattre ? Un pont thermique est un point faible de l’enveloppe d’un bâtiment. C’est une zone où le froid de l’extérieur est rapidement mis en contact avec l’air intérieur, soit parce que l’enveloppe protectrice du bâtiment est interrompue, soit parce qu’il existe une déperdition de chaleur due à la composition spécifique du matériau. On pourrait comparer le pont thermique à une sorte de fuite dans un pneu, qui laisserait échapper non pas de l’air, mais de la chaleur. Ce pont thermique peut aussi être dû à un manque de rigueur de l’entrepreneur, à une erreur de l’architecte ou peut simplement être inévitable, parce qu’il n’existe pas d’autres solutions constructives pour y remédier. Les ponts thermiques les plus importants se situent aux jonctions entre la toiture et les murs, entre les murs et les châssis et entre les planchers, ou le sol, et les murs. Plus généralement, toute singularité dans une façade peut constituer un pont thermique. Exemple classique : les terrasses et balcons en contact direct avec la dalle de plancher intérieure. Un cas de figure présent dans la quasi-totalité des logements actuels ! Les ponts thermiques sont de véritables bêtes noires pour les architectes et les bureaux d’études, qui s’efforcent de les réduire au maximum, sans jamais pouvoir les éliminer totalement. Ces zones froides entraînent des déperditions de chaleur dans les habitations, et donc une augmentation de la facture de chauffage et de la pollution. Elles sont aussi source de condensation et de moisissures. À la longue, les ponts thermiques peuvent entraîner des fissures voire une dégradation importante des matériaux : peintures, papier peints, plafonnage, boiseries. Enfin, ils sont également une source d’inconfort thermique pour les habitants d’une maison (sensation de froid).
Prévenir les ponts thermiques
En construction neuve, la chasse aux ponts thermiques commence évidemment dès la conception. Objectifs : éviter autant que possible que l’isolation soit rompue à un endroit ou à un autre du bâtiment, choisir des matériaux qui réduisent les ponts thermiques là où ce n’est pas possible (béton cellulaire, argile expansée, verre cellulaire, isolants haute densité). La tâche de l’architecte n’est cependant pas facile, bien des éléments pouvant entrer en ligne de compte. Concevoir le logement idéal sur papier ne suffit pas, il faut encore s’assurer que son exécution soit possible sur le terrain et que la qualité de la réalisation soit au rendez-vous. Certains défauts de réalisation peuvent ruiner les meilleurs projets : matériau d’isolation mal accroché aux endroits à risques, résidus de mortier dans les parois creuses, éléments de béton directement fixés au parement… Le problème est souvent encore plus complexe dans les logements existants : la meilleure solution est souvent d’isoler totalement l’habitation par l’extérieur.
Ponts thermiques, comment les détecter et y remédier ? • Premier geste : identifier les endroits humides, la présence de moisissures. En hiver, il est également facile de détecter les ponts thermiques : il n’y a pas de givre ou de neige aux endroits mal isolés de la toiture extérieure ou des appuis de fenêtre par exemple. • Pour en avoir le cœur net : recourir à la thermographie (photographie infrarouge du bâtiment) en période de chauffe, ou mesurer la température des parois avec un thermomètre de surface (en vente dans les centres de bricolage). • Minimiser les ponts thermiques les plus évidents par une bonne isolation (autour des châssis par exemple). • Si un pont thermique ne peut être évité ou que son élimination est trop complexe/onéreuse, privilégier les matériaux faciles à nettoyer et non susceptibles de se dégrader avec l’humidité (carrelage, céramique…). |
Plus d'infos
• Limiter les ponts thermiques. Info fiche bâtiment durable. www.bruxellesenvironnement.be
• www.ponts-thermiques.be Un service de la Plateforme Maison Passive
• Guide Pratique : Les ponts thermiques dans le bâtiment. Un guide du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). 17,06 € - www.cstb.fr