Quelles matières alternatives pour des cadeaux écolo ?
Encore peu connu en France il y a quelques années, le capim dourado, aussi appelé « or végétal », connaît actuellement un certain engouement. Cette plante à fleur blanche et longue tige dorée pousse exclusivement dans les zones humides de l'Etat du Tocantins dans le nord du Brésil. Elle est récoltée une fois par an entre septembre et novembre, période où les tiges de la plante arrivent à maturité et prennent leur couleur dorée. C'est avec les tiges que les artisans locaux tressent des bijoux (colliers, bracelets, boucles d'oreilles), des accessoires (chapeaux et sacs) ou des objets tels que des boîtes ou des paniers, etc.).
Or et ivoire végétaux
« Nous avons lancé une première collection de bijoux au printemps 2015. L'effet brillant de l'or végétal, difficile à trouver avec d'autres matières, donne un côté à la fois joli et festif. Et les bijoux de taille imposante restent à des prix abordables », explique Virginie Bono, directrice commerciale et marketing de Solidar'Monde, centrale d'achats d'Artisans du monde. Pour Thibault Ringo, directeur général d'Alter Mundi, l'or végétal répond à une véritable demande de clients à la recherche d'atypique. La coopérative a choisi de distribuer depuis un an et demi les produits de la marque Açaï Bijou.
Autre matière naturelle surprenante que l'on trouve au cœur de la forêt amazonienne en Équateur, Colombie ou au Pérou : l'ivoire végétal, appelé corozo ou tagua. Cette graine issue du fruit d'un palmier doit son nom à sa couleur blanche et sa texture, proches de ceux de l'ivoire d'éléphant. La vente d'objets à base de défenses d'éléphant et de cornes de rhinocéros étant interdite depuis 1975 par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction, l'ivoire végétal apparaît comme une alternative à un prix raisonnable. « Le tagua se travaille facilement et offre une multitude de possibilités en termes de couleurs et de formes, ce qui permet de réinterpréter les tendances actuelles », assure Virginie Bono.
Le cuir végétal, une hérésie ?
Avant d'évoquer de possibles alternatives, il n'est pas inutile de se pencher sur le sens de la locution « cuir végétal ». Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le cuir n'est pas fabriqué à partir de matières végétales, mais c'est bien le tannage, opération consistant à transformer la peau d'animal en cuir imputrescible, qui est réalisé avec des tanins végétaux (traditionnellement avec des écorces de chêne ou avec des extraits de châtaignier, d'acacia, de mimosa). Peu de marques en faisant état, il est difficile de savoir si elles utilisent du cuir tanné végétal, plus respectueux de l'environnement et de la santé humaine, contrairement au tannage minéral, couramment utilisé et potentiellement allergène. On peut citer toutefois les créations de la jeune marque lyonnaise Valôme, de l'atelier belge Ruitertassen ou encore les sacs et accessoires de la marque néerlandaise O My Bag.
Du cuir de poisson
En Gironde, Marielle Philip, jeune créatrice de l'entreprise Femer, a fait un double pari : le tannage végétal à base d’écorces de mimosa et le cuir de poisson (saumon, truite, bar, mulet), issu d'un savoir-faire ancestral bien connu en Islande, au Brésil ou en Thaïlande. Cette matière insolite, possible alternative aux cuirs de crocodile ou de serpent, a d'ores et déjà séduit différentes marques : la maison Daguet a confectionné des bracelets et des porte-clés et Mademoiselle Edgard des sacs à main et pochettes.
Des matières high-tech et naturelles pour imiter le cuir
Et pour les vegans, quelles solutions plus écologiques que le cuir synthétique, à base de matières issues du pétrole ? Plusieurs matériaux innovants ont récemment fait leur apparition en Europe ou aux Etats-Unis. La designer espagnole Carmen Hijosa s’est inspirée d'un vêtement traditionnel des Philippines pour créer le Piñatex, une matière textile proche du cuir à base de fibres extraites de feuilles d’ananas. La start-up américaine MycoWorks a créé un « cuir » à partir de mycélium, ensemble de filaments constituant la base des champignons dans le sol, et l'entreprise italienne Grado Zero Espace a développé le « Muskin », matériau ressemblant au cuir suédé obtenu avec la peau du champignon Phellinus ellipsoideus. Le créateur allemand Fabian Stadler, à l'origine de la marque Noanifashion, a quant à lui imaginé des ceintures à base de feuilles d'eucalyptus. Et bientôt peut-être du « cuir de fruit », fabriqué à partir de déchets récupérés sur les marchés – des étudiants hollandais planchent actuellement sur le sujet – ou du « cuir » à partir Kombucha, à l'étude par des chercheurs de l’Iowa State University aux Etats-Unis?
(Photo ©Istock).
Or et diamant
Des filières éthiques pour les matières précieuses
Dans le but de prévenir le trafic de « diamants de conflits », parfois aussi nommés « diamants du sang », utilisés pour financer des guerres en Afrique, a été mis en place en 2002 le système de certification international du Processus de Kimberley qui garantit la provenance légale des pierres. Et pour l'or, l'argent et le platine, l'Alliance pour une mine responsable, basée en Colombie, a créé Fairmined, label de certification attestant que l'or et les métaux précieux associés sont extraits de mines artisanales et à petite échelle et garantissant le développement social des communautés et la protection de l’environnement. On peut citer deux marques françaises de joaillerie éthique : Paulette à bicyclette et April Paris. Infos : www.paulette-a-bicyclette.com et www.aprilparis.com.