Vitamine K, antidote aux maladies de civilisation
Le nom de vitamine K provient du mot allemand Koagulation, premier mécanisme physiologique dans lequel fut établi le rôle de cette vitamine liposoluble découverte dans les années 1920. Purifiée dès 1936, on la soupçonna bien vite d’être active dans d’autres processus physiologiques. Le terme vitamine K regroupe en réalité plusieurs formes : la vitamine K1 aussi appelée phylloquinone, d’origine végétale et donc apportée par l’alimentation, la K2 baptisée ménaquinone présente dans les produits animaux et fermentés, et enfin, la K3 ou ménadione, une vitamine K de synthèse présentant une certaine toxicité et dont l’usage est aujourd’hui limité.
Garante de l’hémostase…
La vitamine K est une des rares vitamines à être produite par notre organisme. La K2 est en effet notamment synthétisée par les bactéries de notre flore intestinale. Mais à quoi sert-elle exactement ?
Le rôle principal des vitamines K est d’assurer la maturation fonctionnelle d’un nombre considérable de protéines au sein de l’organisme, notamment de celles qui permettent la coagulation du sang, mais aussi de celles qui ont une activité anticoagulante. C’est donc à l’équilibre général de la coagulation (hémostase) que vont participer les vitamines K, principalement la K1. Des médicaments anti-K sont ainsi donnés aux personnes présentant un risque accru de thrombose.
Mais les facteurs de coagulation ne sont pas les seules cibles des vitamines K. Des protéines intervenant dans le métabolisme osseux et la gestion du calcium voient également leur fonctionnement dépendre des vitamines K, surtout de la K2. La carence en vitamines K2, plus courante que celle en K1, a clairement été corrélée à un risque d’ostéoporose, mais aussi de calcification des tissus mous, dont les vaisseaux sanguins qui, en se rigidifiant, accroissent l’incidence des accidents vasculaires !
L’ostéocalcine influant sur la production d’insuline par le pancréas, les chercheurs ont aussi mis en évidence une corrélation entre la carence en vitamine K, le diabète de type 2 et l’obésité. Outre ces implications dans la santé osseuse et cardiovasculaire, les vitamines K, par divers mécanismes de contrôle cellulaire dont une action sur les gènes, concourraient à réguler la croissance et la division cellulaire ainsi que les processus inflammatoires. Leur carence déboucherait ainsi sur une plus grande incidence du cancer, des maladies dégénératives tel l’Alzheimer et des pathologies auto-immunes.
Le foie gras, riche en K2
La synthèse endogène étant insuffisante pour couvrir les besoins, il est important d’avoir des apports alimentaires réguliers d’environ 100 µg par jour pour un adulte. Les végétaux vert foncé, tels les brocolis ou les épinards, mais aussi l’huile de soja, sont les meilleurs pourvoyeurs de K1. Les vitamines K2 se retrouvent, elles, dans la viande, les œufs, les laitages et les produits fermentés tel le natto (pâte de haricots de soja). L’aliment le plus riche en K2 dans l’alimentation occidentale est le foie gras, mais un simple jaune d’œuf apporte déjà près de 100 % des AJR.
Faire de vieux os Plusieurs formes de vitamines K sont utilisées pour la supplémentation. Si la vitamine K1, disponible en Europe, est rarement carencée grâce à l’alimentation, des études ont montré qu’une carence en K2 n’était pas rare et se traduisait par un vieillissement accru des vaisseaux, une aggravation de l’ostéoporose, une augmentation du risque de cancer et de développement de dégénérescence nerveuse. Une attention toute particulière devrait donc être portée au statut vitaminique des personnes âgées, souvent carencées, et à la santé osseuse et cardiovasculaire des patients sous traitement anticoagulant de warfarine (Coumadine), inhibiteur du recyclage endogène de la vitamine K. |