Le miellat douceur des abeilles
De fait, le miellat provient de la conjugaison de trois éléments : un arbre ou un arbuste (pin, sapin, épicéa, chêne, érable, etc.), des insectes de la famille des homoptères (pucerons, cochenilles, etc.) et des abeilles.
Tout commence avec les insectes
Les insectes se nourrissent de la sève des plantes, la sève subit quelques transformations biochimiques dans leur système digestif, avant d’être rejetée. Ce liquide de rejection épais et de couleur foncée s’appelle miellat. La composition de ce liquide est très différente de celle d’un miel de nectar, particulièrement sa composition en sucres avec, entre autres, la présence de sucres supérieurs comme le tréhalose.
Le miellat est très riche en minéraux et autres oligoéléments et en acides aminés (plus que les miels de nectar). La composition générale moyenne d’un miel de miellat est d’environ 16 % d’eau, 38 % de fructose, 27 % de glucose, 3 % de sucrose, 9 % de dextrose, 5 % de mélezitose (sucre qui caractérise le miellat, à l’analyse), 7 % d’acides aminés et minéraux.
L’abeille raffole du sucre
C’est là qu’intervient l’abeille, qui va venir butiner ces sécrétions, qui se trouvent sur les plantes. D’un point de vue comportemental, l’abeille est conditionnée pour butiner toutes les sources riches en sucres. Son goût prononcé pour le sucré fait que dans certaines conditions environnementales, elle peut se détourner des sources de nectar au profit de sources plus riches en sucres.
Pour elle, l’attractivité d’une source de nourriture est régie par la loi de la rentabilité. Il s’agit en quelque sorte pour l’abeille de trouver le meilleur compromis entre l’apport énergétique qu’elle va pouvoir faire rentrer dans la ruche par rapport au coût énergétique que cela va lui demander. La distance, la teneur en sucres ou la superficie de la source de nourriture sont autant de paramètres qui vont influencer le choix de l’abeille.
Le résultat de cet étonnant ménage à trois donne naissance à un miel de couleur brun foncé avec des arômes très prononcés. Ce type de miel est particulièrement prisé par les pays anglo-saxons où il est appelé honeydew ce qui signifie rosée de miel. En France, un certain nombre de miellats (miel de sapin des Vosges, miel de Corse, miel d’Alsace) bénéficie d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) ou d’une Indication Géographique Protégée (IGP).
Antioxydant & antimicrobien
D’un point de vue nutritionnel, les miels de miellat sont intéressants car ils sont riches en minéraux et acides aminés.
Peu de recherches ont été réalisées sur le miellat. Mais une étude récente vient d’évaluer les capacités antioxydantes d’un miel de nectar et d’un miel de miellat provenant de la même source botanique : le saule. Les auteurs rapportent des valeurs antioxydantes plus importantes pour le miel de miellat qu’ils attribuent à la présence de composés spécifiques dans ce miel (1).
Enfin, des chercheurs slovaques ont évalué le potentiel antimicrobien du miel de miellat comparativement au miel de Manuka (UMF15+)(2) sur des souches pathogènes nosocomiales multirésistantes prélevées sur des patients atteints de cancer. Les auteurs de cette étude concluent que le miel de miellat possède une plus grande activité antibactérienne que le miel de Manuka et pourrait à ce titre être utilisé comme agent potentiel pour lutter contre les souches cliniques multirésistantes (3).
1. Tuberoso. CL et al. 2011, Chem. Biodivers.
2. Unique Manuka Factor, c’est-à-dire avec une concentration de 15 % de phénols, puissant antiseptique.
3. Majtan. J et al. 2011, Phytother.