Hasya yoga : morts de rire, on est plus vivants
Comment le yoga du rire est-il né ?
Le 13 mars 1995, Madan Kataria, un médecin indien, se rend dans un parc public de Mumbai, et parle aux inconnus qu’il croise de son idée de club de rire. Il tente de les convaincre de rire quelques minutes avec lui, en leur expliquant à quel point c’est bénéfique pour la santé. Trois personnes se laissent tenter par l’expérience et mettent son idée en pratique : rire pour relâcher les tensions, stimuler les systèmes cardiaque, digestif, immunitaire et respiratoire et tout simplement s’amuser et prendre du plaisir. C’est ainsi qu’est né le premier club de rire où, chaque matin, un groupe de rieurs se retrouvaient vingt minutes pour un bon fou rire.
Comment ce premier club de rire a-t-il évolué ?
Pendant deux semaines, la routine des blagues et anecdotes fonctionne bien, mais vient un moment où elle montre des signes de fatigue. Madan Kataria cherche une façon de stimuler le rire sans avoir recours aux blagues. Il apprend alors dans un ouvrage sur la santé et les états d’âmes que le corps ne fait pas la différence entre un rire spontané et un rire simulé. Les bienfaits pour le corps, l’esprit et l’humeur seraient les mêmes, d’autant plus qu’un rire artificiel enclenche rapidement, par contagion, un rire spontané.
Quel rapport entre le rire et le yoga ?
Il existe une similarité entre certains exercices de rire et ceux de la respiration yogique. Cette similitude s’appelle le pranayama, qui est un mouvement respiratoire orienté. Avec l’aide d’un professeur de yoga, Madhui Kataria, devenue sa femme, Madan Kataria incorpore des éléments de la respiration yogique aux exercices de rire. Le corps travaille de la même manière quand il rit que lorsqu’il pratique un exercice de respiration dynamique. Dans les deux cas, les muscles abdominaux et le diaphragme sont énergiquement sollicités. Il suffit de constater à quel point un fou rire peut nous essouffler… Cette alliance concrète entre les respirations et les exercices de rire crédibilise l’ensemble du hasya yoga, qui est reconnu comme une discipline à part entière de mieux-être et de santé
Comment se déroule une séance de hasya yoga ?
Les participants procèdent d’abord à un échauffement à base de respirations profondes et d’étirements pendant dix minutes. C’est la première étape pour prendre contact avec son corps et dénouer les tensions dues au stress qui sont logées dans les parties vulnérables. Ensuite, nous effectuons des rires entrecoupés d’applaudissements en cadence. Suivis d’une séance de baragouin et de cacophonie libératrice, où tous les participants s’expriment dans leur langage imaginaire. On imite plusieurs rires comme celui du lion ou celui du gros ventre. On termine par une méditation où tout le monde s’allonge et ne ris plus que spontanément.
L’hasya yoga est-il une thérapeutique à part entière ?
Oui, Norman Cousins est à l’origine du terme « thérapie par le rire ». Selon lui, le rire est une métaphore de l’ensemble des sentiments positifs comme la gratitude, la compassion, l’empathie, la bienveillance et le pardon. Le rire oxygène massivement le corps, masse les organes internes, augmente la production des endorphines et stimule la plupart des systèmes corporels. Mais le psychologue Steve Wilson, qui a introduit le yoga du rire aux États-Unis en 1999, ajoute à sa formation des principes quotidiens d’ouverture du cœur comme la gentillesse, la gratitude, la flexibilité et le pardon. Cette discipline est une technique très simple qui nous permet de couper net le cercle vicieux de nos problèmes, de souffler et de modifier considérablement nos humeurs. Grâce à notre rire retrouvé, nous nous reconnectons à notre joie mais aussi à notre espièglerie, notre légèreté et notre esprit ludique. Cela nous permet d’enclencher un cercle bénéfique stimulant notre créativité, nécessaire pour nous aider à résoudre nos problèmes.
Derrière la pratique du yoga du rire, se cache finalement une philosophie profondément humaniste.
Tout à fait, car l’acte de rire c’est faire le choix de la joie de vivre. Universel, le rire ne connaît aucune barrière linguistique, politique, religieuse, sexuelle ou ethnique. Tous les peuples peuvent rire ensemble ! C’est une des plus jolies façons de nous aimer les uns les autres.
Diffusion
Des clubs et une école pour apprendre rire
Contagieux. L’annonce de la création du premier club de rire s’est répandue comme une traînée de poudre en Inde, où ces associations sont aujourd’hui au nombre de 800 rien que dans la ville de Mumbai. Ailleurs dans le monde, il existe plusieurs milliers de clubs répartis dans plus de soixante-cinq pays. Si le yoga du rire est aussi populaire, c’est qu’il répond à un besoin : celui d’être plus heureux, en meilleure santé et de vivre en harmonie.
Une école pour le bonheur. En 2000, âgée de 40 ans, Corinne Cosseron décide de consacrer le reste de sa vie à la pratique de la joie de vivre et du bonheur, apprise en Inde. Elle crée alors l’École internationale du rire qui enseigne la rigologie dans le monde entier, ouvre des clubs de bonheur et anime des cures de bonheur. La richesse de sa pratique vient des échanges permanents qu’elle entretient avec les spécialistes du bonheur à travers le monde et des techniques variées qu’elle y intègre. Coauteur, en mai 2011, de l’ouvrage « Le yoga du rire » (avec Linda Leclerc, aux éditions Trédaniel), elle a publié en 2012 « Maigrir en riant », un ouvrage accompagné d’un CD audio (Trédaniel).
- Découvrir l'extrait de la soirée Sens et Expérience sur le Yoga du rire : https://www.youtube.com/watch?v=xrRtHhXjqbY