Nourrir son capital mémoire
Si les maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson sont en nette augmentation, les troubles neurologiques comme la dépression, l’hyperactivité, l’anxiété, les troubles de l’attention, mais aussi l’autisme et la schizophrénie touchent de plus en plus de personnes jeunes. Les causes sont multiples. On connaît bien évidemment le rôle qu’y jouent les neurotoxiques (pesticides, fluor, phtalates, bisphénol…). Mais il est aussi définitivement prouvé qu’une alimentation toxique ou carencée peut altérer les structures et le fonctionnement cérébral.
Sucres raffinés : danger !
Au repos, le cerveau consomme 20 % de l’énergie issue des aliments digérés et 20 % de l’oxygène inspiré. C’est dire l’importance des aliments qui apportent des sucres de qualité, dits à faible index glycémique.
C’est le cas, par exemple, de la plupart des fruits. En revanche, les sucres dénaturés et raffinés engendrent des hyperglycémies suivies d’hypoglycémies réactionnelles. Ces effets en dents de scie sont souvent la cause de troubles du comportement, de performances cognitives amoindries et de pertes de mémoire. Ce sont les symptômes qui caractérisent, entre autres, un prédiabète.
Les oméga 3, encore et toujours
Le cerveau représente le milieu le plus concentré en lipides après les masses adipeuses, et donc le bon fonctionnement d’une cellule comme le neurone se définit avant tout par la fluidité de sa membrane cellulaire qui dépend de la qualité des graisses qui la constituent.
Ces lipides membranaires sont une savante construction d’acides gras saturés de qualité, d’acides gras insaturés (oméga 6 et oméga 3) et de phospholipides. Les huiles de tournesol et de maïs riches en oméga 6 que l’on retrouve souvent dans la nourriture industrielle sont susceptibles d’entraîner une inflammation des tissus nerveux pouvant faire le lit des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.
Les oméga 3 stimulent l’approvisionnement cérébral en énergie. Les sources animales d’oméga 3 sont plus efficientes dans leur action que leurs sources végétales. On les trouve dans les poissons gras (maquereau, sardine, thon et saumon), le gibier non engraissé ou les animaux de boucherie qui sont nourris avec des graines de lin.
Les phospholipides, dits graisses phosphorées, sont représentés par la myéline qui intervient dans la régulation et la vitesse de l’influx nerveux, et par la lécithine connue pour ses effets protecteurs des capillaires cérébraux contre les menaces de l’obstruction athéromateuse. On trouve essentiellement des phospholipides dans les poissons, les viandes et les œufs de qualité.
Les acides aminés
Le cerveau a également besoin d’un minimum d’acides aminés pour assurer non seulement la synthèse de ses protéines constitutives, mais aussi celle des neurotransmetteurs qui assurent son bon fonctionnement.
Ce sont surtout les protéines animales qui peuvent répondre, de par leur haute biodisponibilité et leur richesse en acides aminés, aux critères de qualité indispensables au métabolisme cérébral. Ces mêmes protéines apportent par ailleurs le fer (dit héminique) nécessaire aux hématies pour transporter l’oxygène sanguin jusqu’au cerveau. Le fer d’origine végétale (non héminique) est moins assimilable.
La carence en fer peut entraîner une fatigue chronique, l’incapacité à se concentrer ainsi que des pertes de mémoire. Le fer intervient également dans la constitution d’une enzyme, la superoxyde dismutase (SOD), qui protège le cerveau de l’agressivité destructrice des radicaux libres et de la peroxydation (rancissement) des graisses dont il est constitué.
Cette protection vitale qui protège du vieillissement cérébral est également assurée par une autre enzyme, le glutathion peroxydase, qui ne peut être activée qu’en présence suffisante de sélénium, un oligoélément essentiellement fourni par les produits animaux (viande, poisson, œufs) et noix du Brésil.
Pour stimuler son cerveau • Le lycopodium et le ginkgo : deux végétaux dont les principes actifs stimulent la production d’acétylcholine (neurotransmetteur qui assure la fonction de mémorisation et d’apprentissage), protègent les neurones des attaques radicalaires et tonifient les capillaires. • L’héricium : champignon chinois qui stimule la mémoire en activant la croissance des cellules nerveuses grâce à la synthèse endogène du NGF (Neuronal Growth Factor), déficient dans la maladie d’Alzheimer. • Le curcuma : épice aux propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices. • La lécithine : indispensable pour le neurotransmetteur appelé acétylcholine. |
Coquillages et crustacés
Les huîtres sont en tête du palmarès en procurant un oligo-élément, le zinc, associé à la vitamine B12, cette dernière étant indispensable à la bonne assimilation du premier. Une carence en zinc entraîne différents dysfonctionnements dont l’hyperkinésie infantile, par exemple, ou les pertes de mémoire, précisément.
Les produits de la mer (poissons, crustacés, coquillages, algues et sel marin) apportent aussi en exclusivité un minéral, l’iode. Si l’iode se trouve en quantité limitée dans notre organisme, il est pourtant indispensable à la croissance et au développement du cerveau.
Un déficit sévère en iode pendant la grossesse peut, par exemple, causer chez le fœtus de sérieuses altérations cérébrales. La carence en iode reste une cause importante de lésions cérébrales et d’arriération mentale que l’on pourrait éviter en la contrôlant.
Vitamine C
Les fruits et légumes constituent la principale source alimentaire de vitamine C nécessaire à la synthèse de certains neurotransmetteurs comme les catécholamines, l’adrénaline et la noradrénaline. C’est ce qui en fait la vitamine antistress par excellence. Les végétaux contiennent également des antioxydants et des bioflavonoïdes qui permettent d’entretenir et de restaurer la microcirculation des capillaires cérébraux assurant ainsi l’approvisionnement en sang du cerveau.
La consommation journalière en quantité suffisante de tous ces aliments est donc une arme efficace contre les affections neurodégénératives. L’alimentation de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs n’a décidément pas fini de faire parler d’elle.
À écouter sur Radio Médecine Douce
• "L'alimentation pour la concentration et la mémoire" par Françoise Jadas