Ondes électromagnétiques : les téléphones portables ? Avec modération !
Pour certains, les ondes électromagnétiques des smartphones nous grilleraient le cerveau, comme si ce dernier passait dans un four à micro-ondes… Qu’en est-il aujourd’hui de l’état des connaissances scientifiques ? A défaut d’être très poussées, le principe de précaution semble de mise, selon de nombreux scientifiques et autres associations.
Si l’usage du téléphone portable met notre santé en danger, une catastrophe sanitaire d’ampleur planétaire est à prévoir, avec aujourd’hui près de 7 milliards d’abonnés à la téléphonie mobile dans le monde. Et des études qui alertent sur le danger des ondes électromagnétiques depuis longtemps : « Dès 1993, des craintes ont été exprimées, à la suite d’un procès très médiatisé aux États-Unis, envers un constructeur accusé d’être responsable du décès d’une femme par cancer », rappelle Bernard Veyret, directeur de recherche au CNRS.
Plusieurs milliers d’études scientifiques plus tard, « aucun fait établi à partir des études humaines ne permet de conclure que les signaux de radiofréquences représentent un problème de santé publique », affirme le scientifique, qui a participé à la rédaction de nombreux rapports français et européens sur les champs électromagnétiques et la santé, et qui siège par ailleurs au conseil scientifique de… Bouygues Telecom.
Reconnaissance scientifique… et judiciaire
Peut-on en conclure pour autant que le téléphone portable est sans effet ? Non plus ! D’ailleurs, on ne compte plus aujourd’hui les études évoquant les effets de la téléphonie mobile sur notre santé. L’une des dernières en date, menée à Bordeaux et parue en mai 2014, révèle une augmentation du nombre de gliomes chez les utilisateurs intensifs de portable (plus de 30 minutes par jour). Mais la science, comme souvent, va plus vite que la justice : il aura fallu attendre 10 ans pour que la Cour de cassation italienne reconnaisse en décembre 2012 comme maladie professionnelle la tumeur cérébrale d'Innocente Marcolini, un cadre d’entreprise italien qui utilisait beaucoup son téléphone portable au début des années 2000.
A l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), des volontaires sains ont été exposés de manière aiguë (de 30 minutes à 2 heures) ou répétée (2 heures par jour, 5 jours par semaine) au moyen d’un casque équipé d’un capteur de flux sanguin et d’un portable sur la tête. Résultats parus en 2013 : on observe une augmentation de la circulation sanguine dans les microvaisseaux de la peau en surface. L’intérieur du crâne semble imperturbable, si ce n’est « à l’encéphalogramme, de petites modifications liées aussi à un effet non thermique, mais qui ne s’observent que lorsque les patients ferment les yeux », explique le Dr René de Sèze. Conclusion étonnante : quand les yeux sont ouverts, le portable n’a pas d’effet !
Le portable nuirait surtout à la santé mentale
En Corée du Sud, patrie de LG et Samsung, multinationales grandes productrices de nouvelles technologies, les médecins ont nommé « démence digitale » une pathologie qui atteint les adolescents, grands utilisateurs des nouvelles technologies (près de 20 % d'entre eux). Trois symptômes majeurs la caractérisent : des troubles de la mémoire, un sous-développement émotionnel et une confusion mentale. Pour Byun Gi-won, docteur au Balance Brain Centre de Séoul, l’utilisation abusive des nouvelles technologies empêcherait le développement normal du cerveau chez les adolescents, inhibant notamment le développement de leur cerveau droit, précisément celui dont dépendent les capacités d’attention et de mémoire…
Toutefois, le téléphone portable n’est pas le plus dangereux des émetteurs d’ondes électromagnétiques à la maison. « Des mesures réalisées à domicile ont montré que les expositions les plus importantes à l’intérieur des maisons sont liées aujourd’hui aux téléphones sans fil (DECT), précise le Dr René de Sèze, les gens étant bien plus près des bases que des antennes de téléphonie mobile. » Les box Wi-Fi viennent en deuxième ligne, devant les téléphones portables. Les box émettent en continu, à 9 volts par mètre (V/m) pour la Freebox, par exemple, ce qui a conduit Priartem4, le Collectif des électrosensibles de France et l’association Robin des toits à adresser un courrier de doléances mi-septembre aux opérateurs de box.
Portable et Smartphone : comment limiter son exposition
• Protégez les plus jeunes. Une tête d’enfant, avec un cerveau en plein développement, absorbe deux fois plus d’ondes que celle d’un adulte ! • Éloignez le téléphone des implants électroniques (pacemaker) et des zones corporelles les plus sensibles : zones génitales, ventre (femmes enceintes) ou tête (utilisez un kit mains libres). • Ne téléphonez pas dans des zones de mauvaise réception ni en voiture, dans un bus ou dans un métro : la « cage métallique » dans laquelle vous vous trouvez amplifie considérablement l’exposition en faisant se répercuter d’autant les ondes, pour les autres passagers aussi. • Téléphonez avec une oreillette. Le kit « mains libres » divise environ par dix l’exposition de la tête aux ondes émises par le portable, l’oreillette par 100, voire plus. Cette dernière fonctionne avec la technologie Bluetooth, émettrice d'ondes, certes, mais 1 000 fois moins puissantes que le téléphone lui-même. Ne restez pas longtemps au téléphone. Privilégiez les SMS. • La nuit, faites aussi dormir votre portable. Éteignez-le et placez le loin de vous. Ne l’utilisez pas comme réveil en le laissant sur votre table de nuit…
Source : Extraits des recommandations du ministère de la Santé en 2002 et de l’Inpes en 2010(http://www.inpes.sante.fr/30000/actus2010/026.asp), complétées par les précisions du Dr de Sèze. |