La Suisse rembourse à nouveau l’homéopathie
Début 1998, le gouvernement suisse avait décidé d’étendre son assurance nationale de santé en y incluant des médecines alternatives complémentaires, dont l’homéopathie. Ce remboursement provisoire prenait fin en 2005, au grand dam de la population.
Chercheurs et citoyens se sont mobilisés, avec une belle victoire à la clé : depuis le 1er janvier 2012, le gouvernement suisse a décidé de réintroduire dans l’assurance-maladie obligatoire, l’homéopathie et quatre autres médecines complémentaires. Cela jusqu’en 2017, année qui verra la réévaluation de cette décision.
Cette victoire fait suite à un référendum organisé en juin 2009 au cours duquel 67 % des participants se sont exprimés en faveur des médecines complémentaires et alternatives. Les tentatives de discrédit de cet art de guérir n’ont pourtant pas manqué. Des manipulations présentes dans une étude – manipulations visant à dénigrer l’anthroposophie, l’homéopathie, la neuralthérapie et la phytothérapie – avaient conduit à une protestation nationale d’un demi-million de signatures.
Cette mobilisation, et la reconnaissance qui en a suivi, est également à mettre en lien avec le rapport réalisé par une équipe universitaire allemande sous la direction de Gudrun Bornhöft et Peter F. Matthiessen, de l’université allemande de Witten-Herdecke (1).
Trois cents pages d’études et d’analyse
Le rapport de ces chercheurs, épais de trois cents pages, passe en revue de manière exhaustive la littérature scientifique consacrée à l’homéopathie. Il inclut une évaluation d’essais randomisés en double aveugle, mais également d’autres corpus de preuves. Au total, ce sont pas moins de vingt-deux revues, dont vingt démontrent les résultats positifs de l’homéopathie, qui ont été examinés, et qui ont permis de conclure que l’homéopathie est efficace en tant que médecine. Et tout particulièrement pour ce qui est des allergies et des infections des voies respiratoires supérieures.
Rigoureuse, la méthodologie utilisée par les chercheurs ne s’est pas limitée à répondre à la question de l’efficacité d’une intervention dans un cas particulier. Elle a traité les questions soulevées par l’efficacité d’une thérapie en usage quotidien ; elle s’est intéressée à la manière dont l’homéopathie est pratiquée, ainsi qu’à son innocuité et son rapport efficacité-coût.
Et les auteurs du rapport de conclure : « Nous avons établi qu’il existe des preuves suffisantes pour les effets précliniques (expérimentaux) comme pour les effets cliniques de l’homéopathie. En chiffres absolus et en comparaison des traitements conventionnels l’homéopathie offre un traitement sûr et de bon rapport qualité/prix. »
Si partout à travers le monde, l’homéopathie rencontre du succès auprès de ses utilisateurs, les réactions corporatistes du monde médical accroché à des pratiques du tout à l’allopathique restent bien présentes. Avec une hargne qui semble proportionnelle au nombre de scandales révélant les graves effets secondaires d’une médecine considérant l’humain comme une éprouvette sur pattes dans laquelle on peut impunément mélanger des molécules chimiques, sans se soucier des effets combinés et des maladies iatrogènes.
La crise financière et la nécessité de réguler les dépenses en soins de santé feront-elles pencher la balance vers les pratiques médicales alternatives respectant le célèbre précepte d’Hippocrate, père de la médecine, « D’abord, ne pas nuire » ? Ça bouge, en tout cas, du côté de l’Europe. Ainsi, en mai 2010, le Parlement européen de Strasbourg accueillait un congrès sur l’homéopathie à l’intitulé très prometteur : « L’homéopathie, une chance pour l’Europe ».