En campagne contre les perturbateurs endocriniens
En matière de perturbateurs endocriniens, l’actualité est des plus brûlantes. En France, la présence du bisphénol A, une substance présente dans de nombreux plastiques, notamment les polycarbonates, s’est ainsi vue interdite dans les biberons en 2010. En Belgique, le bisphénol A devrait également être retiré des contenants alimentaires pour bébés et une récente proposition de loi vise aussi à interdire sa présence dans les tickets de caisse et reçus de carte de crédit ! Il existe effectivement un risque que cette substance traverse la peau des personnes souvent en contact avec ce type de papier, comme les caissières. Mais le bisphénol A n’est pas le seul composé à être ainsi mis sur la sellette. De nombreux pesticides sont effectivement soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. À ce jour quarante-huit substances actives autorisées en Europe dans des pesticides pourraient posséder un tel effet. Mais jusqu’ici, aucune réglementation spécifique n’est venue réguler leur usage. D’ici à 2013 cependant, la Commission européenne devrait rédiger une liste de critères spécifiques pour définir les perturbateurs endocriniens. C’est sur la base de cette définition officielle que l’UE décidera à l’avenir d’autoriser ou non de nouveaux produits chimiques.
Peser sur le débat
Certaines ONG se lancent d’ores et déjà dans la bataille pour obtenir une liste reprenant le plus de perturbateurs endocriniens possible. C’est le cas de PAN Europe, un réseau d’ONG environnementalistes qui promeut une agriculture durable et alternative, et une réduction généralisée de l’usage des pesticides. Présente dans une petite vingtaine de pays, l’association s’est tout naturellement penchée sur l’impact des perturbateurs endocriniens sur notre santé. Lucie Daniel, responsable de la communication au bureau bruxellois de l’association. « Nous avons réalisé un document à destination de la Commission, qui propose une série de recommandations et qui définit notre position sur la question. Le but est évidemment de peser sur les autorités européennes pour que cette définition soit la plus large possible. »
Pommes : les plus contaminées !
À côté de ce nécessaire travail de lobbying, PAN Europe prépare aussi une campagne d’information à destination du grand public. « Certaines campagnes ont bien été menées par d’autres ONG, mais elles ont abordé cette problématique soit de façon générale soit sous l’angle de la présence des perturbateurs endocriniens dans les cosmétiques ou les plastiques. Nous avions le sentiment qu’il n’y avait pas assez d’informations concernant la présence de ces substances dans les pesticides, ce qui est notre domaine d’expertise. À titre d’exemple, après analyse du dernier rapport officiel de l’Autorité européenne de sécurité des aliments sur les résidus de pesticides, PAN Europe a détecté trente-et-un pesticides perturbateurs endocriniens dans l’alimentation de base du consommateur européen. À elles seules, les pommes accumulent même les résidus de vingt-et-une de ces substances » ! Dans les semaines à venir PAN Europe devrait donc éditer un petit guide pratique à destination du grand public. On y trouvera une présentation des principaux pesticides perturbateurs endocriniens et un état des lieux de la contamination des fruits et des légumes par ces molécules, avec un classement des produits les plus exposés. Une série d’études sur les liens entre pesticides et santé seront également présentées. Enfin, le consommateur y trouvera de nombreux conseils pour réduire son exposition aux pesticides et aux perturbateurs endocriniens en général. Un guide on ne peut plus utile.
Soupçons : « Pertubateurs » ?
Les pesticides perturbateurs endocriniens (PE) contiennent des substances qui entrent en interaction avec les hormones naturelles du corps humain, responsables du bon développement de tous les organes vitaux. Si les effets sur l’homme sont encore âprement discutés, nombre d’études font aujourd’hui état d’un lien entre l’exposition à ces pesticides et le développement de certaines maladies comme le diabète et l’obésité ainsi que des atteintes à l’appareil reproductif. Les pesticides PE sont également liés à des risques plus élevés de cancer du sein.