Mon bio village
Depuis seize ans, Correns, petit village viticole de 700 âmes situé au nord de Toulon, dans le Var, s’est presque entièrement converti à l’agriculture biologique. Cela sous l’impulsion de son maire, Michaël Latz, et de quelques autres viticulteurs. Correns avait déjà su maintenir son caractère traditionnel sans gaspiller d’espace et sans tourisme sauvage.
Premier village bio de France
C’est pour préserver cela tout en assurant le développement économique de leur village que ces pionniers ont eu l’idée de génie : convertir leur village au bio. Un dessein, qui, à leur grande surprise, a été adopté quasi immédiatement par leurs pairs. Aujourd’hui, 95 % du territoire de Correns est cultivé de manière biologique, soit 200 hectares, essentiellement pour la culture de la vigne. Mais la commune possède aussi un apiculteur, un chevrier, quelques petits maraîchers, éleveurs de poules et oléiculteurs, presque tous bio eux aussi. Une première en France, et probablement en Europe. Peut-être aussi ce qui a attiré les locataires actuels du château de Miraval (les acteurs Brad Pitt et Angelina Jolie), situé sur la commune… Correns pouvait en tout cas se dire « premier village bio de France ».
La formule a d’ailleurs fait mouche et amené d’autres visiteurs. Chaque année, en août, Correns met sur pied une grande fête du bio, qui draine plusieurs milliers de personnes. Et, en janvier, est organisé sur place le salon Biovin de Provence, rendez-vous annuel des vignerons, cavistes et négociants professionnels de la région et d’ailleurs.
L’Inde, paradis du bio
Le bio, voie d’avenir vers le développement économique et le rayonnement touristique d’une région ? On semble le penser aussi en Inde, un pays qui est peut-être en passe de devenir le paradis des villages bio.
En Andhra Pradesh, un État du sud de la péninsule, la chambre de commerce envisage sérieusement d’encourager la création d’une série de villages biologiques. Un rapport de faisabilité a été commandé et cinq localités sont déjà pressenties pour être converties à la seule agriculture bio. Selon des projections officielles faites dans l’État voisin d’Odisha, ce projet pourrait générer six millions d’emplois directs dans le secteur agricole, et deux millions d’emplois supplémentaires dans les secteurs du packaging et de la transformation. Mais la première bio-région d’Inde est incontestablement l’Uttarakhand, sur les contreforts de l’Himalaya.
Depuis 2003, une vaste expérience de promotion de l’agriculture biologique y est menée sous l’égide de l’UOCB (Uttarakhand Organic Commodity Board), une agence officielle émanant du gouvernement local. Son objectif : faire de cette région la capitale bio de l’Inde ! Avec la collaboration des habitants, des bio-villages ont ainsi été constitués où sont appliquées les techniques de la culture bio et de l’agro-écologie : compostage, lutte biologique, fertilisants naturels, promotion des variétés locales… Résultats : des revenus et des récoltes en hausse, et des cultures qui s’exportent à nouveau ! Expérience pilote menée au départ dans seize communautés villageoises, le programme bio-villages de l’UOCB en concerne aujourd’hui 1 200 ! Vingt mille fermiers ont par ailleurs été sensibilisés aux techniques bio.
Biovallée
Des régions entières consacrées au bio, il y en a aussi plus près de chez nous. Comme le projet Biovallée qui regroupe près d’une centaine de communes de la Drôme. Le nom Biovallée n’a rien d’usurpé : ce territoire est leader national en matière de conversion au bio : 26 % des surfaces agricoles y sont cultivées de manière biologique, contre 6 % en moyenne pour l’ensemble de la France.
Mais les promoteurs du projet ne comptent pas en rester là : ils comptent en effet faire de Biovallée un éco-territoire de référence pour 2020. Leurs objectifs : atteindre 50 % des exploitations et des surfaces en agriculture biologique et fournir 80 % de produits issus de l’agriculture biologique et/ou locale en restauration collective. Le bio, ça donne des idées ! Et de vrais moyens.
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