Les fruits qui fouettent le sang
C’est toujours avec joie que l’on se précipite vers les premières barquettes de fruits rouges, symboles d’un retour du soleil tant attendu. Leur apparition coïncide avec notre besoin, à la sortie de l’hiver, d’aliments frais, crus, gorgés de vitamines, et leur couleur, même, tranche radicalement avec celle des fruits consommés les mois précédents. Les agronomes ne s’y sont pas trompés, qui ont travaillé depuis plus de vingt ans, à mettre sur le marché des variétés de fruits rouges de plus en plus précoces pour répondre à nos envies. Et même si le marché espagnol inonde nos étals de fraises produites en plein hiver, souvenons-nous qu’après guerre, le premier fruit rouge de l’année était alors... la cerise!
Sous la dénomination de fruits rouges se dissimulent en fait des fruits fort différents. Mais s’il n’y a pas de rapport botanique entre la myrtille et la fraise des bois, la cerise et le cassis... leur couleur est une signature. Ce rouge, de rose clair à presque bleu, est en effet le signe de la présence d’anthocyanes. Ces molécules, proches des polyphénols, sont réputées jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre le vieillissement en raison de leurs vertus antioxydantes. De ce fait, elles apparaissent en bonne place dans la prévention des maladies cardiovasculaires et cancéreuses.
De façon plus immédiate, les anthocyanes renforcent la résistance des capillaires sanguins et préviennent la dilatation des petits vaisseaux. Consommer des fruits rouges est donc bénéfique en cas de maladie veineuse, jambes lourdes, couperose, hémorroïdes. Les fruits rouges seront particulièrement utiles pour les femmes après 40 ans. D’ailleurs, une consommation régulière contribue à prévenir l’apparition des varices grâce aux anthocyanes.
Grands pourvoyeurs de minéraux
Outre ces antioxydants, les fruits rouges ont la particularité d’être des pourvoyeurs de minéraux. S’ils n’en fournissent pas forcément une grande quantité, la variété est là. En tête et de façon significative, on trouve le potassium. Le cassis et la groseille sont les baies les plus concentrées en potassium (370 mg et 280 mg pour 100 g), tandis que la cerise en contient 250 mg, la framboise 190 mg tout comme la groseille à maquereau. Ce minéral est réputé pour son action musculaire bénéfique (il permet de lutter contre les crampes) et son rôle de régulateur de la pression sanguine. On lui reconnaît également des vertus antifatigue. Le potassium est essentiel à la croissance. Par ailleurs, il est fort utile car il s’oppose aux effets néfastes du sel dont nous avons tendance à abuser dans notre alimentation.
Dans tous les fruits rouges, cette présence notable de potassium s’accompagne d’autres oligo-éléments. Les fraises détiennent une quantité significative de calcium tandis que leur teneur en cuivre et zinc favorise l’assimilation du fer. La framboise a la densité minérale la plus élevée, avec notamment du calcium et magnésium. Les groseilles, affichent fer, cuivre, zinc, sélénium, etc. Enfin, ces baies sont riches en manganèse.
Les fruits rouges riches en vitamine C
Avec les fruits rouges, on peut également compter sur une bonne quantité de vitamine C. Le cassis affiche la concentration la plus élevée (200 mg pour 100 g) suivi par la fraise des bois. Mais la fraise de nos jardins n’est pas en reste. Elle contient autant de vitamines C que les agrumes. Une portion de 150 grammes suffit à couvrir les besoins journaliers. Une présence qui explique l’effet coup de fouet que l’on peut ressentir en absorbant ces petits délices de la nature. La période des fruits rouges étant relativement longue, de juin à octobre, vous avez ainsi l’opportunité de répondre quotidiennement à vos besoins. Ce qui est d’autant plus appréciable que ce type de vitamines n’est pas stocké dans notre organisme. Solubles dans l’eau, elles sont éliminées dans les urines quand elles sont ingérées en excès. Par ailleurs, les substances antioxydantes contenues dans les fruits rouges permettent de mieux les assimiler.
Le seul problème avec les fruits rouges est qu’il faut savoir s’arrêter d’en manger. Certes leurs vertus drainantes et détoxinantes, notamment des cerises et des fraises, font beaucoup de bien (en particulier pour les rhumatismes légers).
Toutefois, même s’ils sont agréables à savourer, il ne faut pas aller jusqu’à l’excès. Ceux qui souffrent d’inflammation chronique de l’intestin éviteront d’en faire une trop grande consommation. La fraise contient ainsi des pectines qui la rendent légèrement laxative. De même la cerise facilite le transit. Si, en principe, c’est sans agressivité, il faut éviter d’en faire des ventrées. Enfin, les petits grains qui croquent sous la dent quand on mange des fraises peuvent être allergènes et déclencher de l’urticaire. Il ne faudrait pas que vous soyez indisposé par l’histamine ainsi libérée...
Thérapeutiques
Comment les utiliser pour se soigner ?
Certains naturopathes conseillent d'en faire de petites cures pour évacuer les toxines. Mais on utilisera surtout les feuilles des fruits rouges pour en faire des tisanes diurétiques et désengorger le foie et les reins.
Fraise. En cas de crise de goutte, c'est elle qu'on appelle. Il suffit d'écraser 80 g de fraises, d'y ajouter un peu de sucre naturel, de bien mélanger à 100 ml d'eau chaude. Boire le tout une fois par jour. L'infusion de feuilles de fraisier sauvage est un excellent diurétique.
Cassis. Si la baie de cassis est depuis fort longtemps connue pour ses propriétés anti-infectieuses en raison de sa forte teneur en vitamine C, ses feuilles consommées en infusion permettent de lutter contre les maladies inflammatoires (rhumatismes) grâce aux flavonoïdes qu'elles contiennent. Faire infuser un creux de main pour une tasse d'eau bouillante pendant un quart d'heure.
Myrtille. Une infusion avec les feuilles est recommandée en cas de diabète.
Cerise. On utilise traditionnellement les queues des cerises pour des boissons diurétiques (10 g pour un litre d'eau à laisser infuser 15 minutes). Mais certains naturopathes conseillent également de faire de courtes mono-diètes (2 à 3 jours) aux vertus dépuratives et reminéralisantes. La cerise a une action drainante, elle libère les toxines, les reins, le foie et les articulations. Et tonifie l'ensemble. Mais attention, elle est très riche en sucre.
Mûre. Il faut ramasser la pousse de ronce au printemps et les feuilles en été. Vous les utiliserez ensuite pendant l'hiver en infusion pour soigner les maux de gorge et même les angines.
Framboise. Traditionnellement, la tisane de framboisier faisait partie de la pharmacopée des femmes. Une utilisation à double sens : stimulation du muscle utérin pour faciliter l'avancement du travail lors d'un accouchement, ou, au contraire, utilisation abortive en début de grossesse. Car ses feuilles provoquent des contractions.
Arbouse. C'est notre fraise chinoise européenne. De forme proche et avec des vertus similaires, l'arbouse arrive à maturité à la fin de l'été. Des décoctions du fruit séché réduit en poudre se révèlent efficaces lors d'engorgement du foie entraînant des problèmes rénaux et de la rétention d'eau (œdèmes).
(À gauche fraise chinoise, Myrica Rubra ; à droite arbouse, Arbutus).